La Grande Dépression en France et ses conséquences politiques
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- Connaître les conséquences de la crise économique de 1929 en France.
- Connaître les lois sociales du Front Populaire.
- La crise touche tardivement mais durablement la France dès 1931, et débouche sur une crise politique.
- Les événements du 6 février 1934 font craindre aux forces de gauche une menace fasciste et sont à l’origine du Front Populaire.
- Le Front Populaire permet pour la 1re fois l’arrivée de la gauche au pouvoir. Elle signe les Accords Matignon et lance une série de réformes, pour répondre aux attentes des travailleurs et sortir le pays de la crise.
Moins liée aux États-Unis que d’autres pays d’Europe, la crise ne touche la France qu’à partir de 1931.
Comme ailleurs, la production s’effondre et les ouvriers en sont les premières victimes. Le chômage grimpe progressivement pour atteindre le pic d’un million de chômeurs en 1935.
Les gouvernements se succèdent à la tête de la IIIe République. Ils appliquent les mêmes recettes que dans le reste du monde capitaliste libéral :
- baisse des dépenses publiques ;
- protectionnisme ;
- dévaluation.
Mais l’inefficacité de ces mesures décrédibilise les gouvernements et le parlement. La crise économique et sociale entraîne une crise politique.
Les gouvernements ne parviennent pas à enrayer la crise et se succèdent à un rythme rapide, renversés les uns après les autres : cette « valse ministérielle », couplée à une série de scandales politico-financiers, nourrit la montée de l'antiparlementarisme.
Pour des raisons institutionnelles, la Chambre des députés est divisée en un grand nombre de partis politiques dont les alliances changent fréquemment.
Comme les parlementaires peuvent renverser le président du conseil, il devient très difficile pour ce dernier, qui ne peut pas s’appuyer sur une majorité stable de députés, de maintenir un cap pour sortir le pays de la crise.
La droite réclame un pouvoir exécutif plus fort, tandis qu’à l’extrême droite, on va jusqu’à réclamer une dictature.
Alors que l’Italie est fasciste depuis le début des années 1920 et que l’Allemagne a basculé dans le nazisme en 1933, les manifestations du 6 février 1934 font craindre un coup d’État fasciste à la française.
Les ligues d’extrême-droite partent ce jour-là de différents points de la capitale et convergent vers le Palais Bourbon, siège de la Chambre des députés. Les manifestations dérapent et font une quinzaine de morts et des centaines de blessés.
S’il n’est pas certain que la menace d’un coup d’État fasciste ait bien été réelle, la peur d’un tel putsch a amené les différentes forces de gauche à se rapprocher entre 1934 et 1936.
Ce rapprochement aboutit à une véritable alliance, le Front Populaire. Il réunit, dans le but de remporter les élections législatives de mai 1936 :
- le Parti communiste français de Maurice Thorez ;
- la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) de Léon Blum ;
- le Parti Radical d’Edouard Daladier.
De nombreux petits partis de gauche et mouvements antifascistes en font également partie.
Le Front populaire publie son programme « Pain, paix et liberté » en janvier 1936 et remporte les élections au mois de mai. La SFIO est en position centrale dans cet attelage politique. Son meneur, Léon Blum, se retrouve le 4 juin à la tête du nouveau gouvernement. Il est le premier président du conseil socialiste de l’histoire de la République.
L’arrivée de la gauche au pouvoir, suscite à la fois un immense enthousiasme et une forte attente au sein du monde ouvrier. Des « grèves de la joie » (ou « grèves joyeuses ») éclatent dans tout le pays tout au long du mois de mai. Plus de 9 000 sites sont occupés par les travailleurs, qui expriment leur joie tout en exerçant une certaine pression sur le gouvernement.
Léon Blum doit répondre aux attentes populaires et éviter que le mouvement ne dérape. Les Accords de Matignon et une série de réformes votées dans la foulée ont cet objectif.
Les Accords Matignon sont des accords tripartites, signés le 8 juin 1936 à l’issue d’une négociation entre le gouvernement, les représentants du patronat (CGPF) et les représentants des travailleurs (Confédération Générale du Travail).
Le texte établit deux grands acquis sociaux :
- les contrats collectifs (les futures conventions collectives) ;
- une hausse des salaires.
Le texte permet de changer les relations collectives au sein de l’entreprise (avec l’instauration du délégué des personnels) et la reconnaissance de la liberté syndicale.
La hausse des salaires (de 7 % pour les plus élevés, mais jusqu’à 15 % pour les salaires les plus bas) doit quant à elle permettre de relancer l’économie en crise par une relance de la consommation. Celle-ci doit permettre de relancer la production et donc de réduire le chômage. C’est donc une rupture nette avec les politiques de déflation menées jusque-là.
Les Accords Matignon sont suivis dans les semaines qui suivent de deux grandes lois (20 et 21 juin 1936) : les salariés bénéficient désormais de 15 jours de congés payés par an, et la durée légale du travail est réduite à 40 heures par semaine.
De l’été à l’automne 1936, plusieurs mesures vont dans le même sens pour relancer l’économie :
- augmentation des salaires des fonctionnaires ;
- indemnisation des chômeurs ;
- lancement de chantiers pour employer des chômeurs ;
- retraite accordée aux mineurs.
Mais malgré les acquis sociaux majeurs qui jettent les bases de l’État-Providence et feront date dans l’histoire du pays et en particulier dans celle de la gauche, les difficultés se multiplient au fil des mois pour le Front Populaire, qui ne parvient pas à sortir le pays de la crise. Le gouvernement Blum tombe en juin 1937.
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