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Le génocide des Tutsis

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Objectifs
  • Comprendre comment l'antagonisme entre Hutu et Tutsi a conduit au génocide.
  • Connaitre les étapes du génocide des Tutsi.
  • Savoir comment se reconstruit le Rwanda après la catastrophe et le rôle joué par la justice internationale.
Points clés
  • Dès le XVIIIe siècle, il existe un antagonisme ethnique entre Tutsi et Hutu.
  • En 1962, la colonisation belge prend fin et le pays accède à l’indépendance, le groupe Hutu majoritaire et longtemps opprimé parvient au pouvoir.
  • Au début des années 1990, la situation se dégrade, la minorité tutsie du Rwanda subit des attaques et des groupes entiers sont massacrés avec la complicité de l’armée rwandaise.
  • Après l'assassinat du président Habyarimana et la mise en place d'un gouvernement de transition, dominé par les extrémistes Hutu, le génocide tutsi commence. Il va durer cent jours.t.
  • Les Nations Unies mettent en place l'opération turquoise et le 8 novembre 1994, le TIPR (Tribunal international pour le Rwanda) pour juger les criminels du génocide.
1. Le Rwanda, des rapports interethniques sous tension
a. Le royaume africain du Rwanda

Le Rwanda est un petit État d’Afrique centrale situé entre la RDC et la Tanzanie. Il est surtout composé de collines sur lesquelles subsistent quelques lambeaux de forêts tropicales, qui ont été défrichées pour accueillir les très fortes densités de population.

Avant l’arrivée du colonisateur allemand, puis belge, le Rwanda formait un royaume indépendant, le royaume du Rwanda. Les frontières de la monarchie sont donc antérieures à la colonisation, ce qui est assez rare, car nombre de pays africains ont été découpés par les Européens lors de la période coloniale entre le XIXe et le XXe siècle.

Dès le XVIIIe siècle, un antagonisme ethnique oppose les groupes Tutsi et Hutu. Les Tutsis minoritaires, qui comptent pour moins de 20 % de la population du royaume, dominent le groupe des Hutus majoritaires, qui sont les sujets du roi et sont au service de l’aristocratie Tutsi.

Les tensions et les rancœurs entre ces deux communautés s’inscrivent donc dans une histoire longue que le colonisateur va exploiter pour asseoir sa domination.

b. Le colonisateur instrumentalise les divisions ethniques

En 1896, le Rwanda est conquis par l’Empire allemand, qui se lance tardivement dans la course coloniale aux côtés des Anglais et des Français. Suite à la défaite de l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles réattribue les possessions allemandes aux vainqueurs sous la forme d’un mandat. La Belgique prend alors possession de ce pays et y exercera son autorité pendant un demi-siècle.

Le colonisateur va exploiter l’opposition séculaire entre les Hutus et les Tutsis pour installer son administration. « Diviser pour mieux régner » est le mot d’ordre appliqué dans l’ensemble des régions conquises.

La Belgique s’appuie sur la minorité tutsie et va approfondir la division entre les deux ethnies. Elle applique les idées raciales du début du XXe siècle, qui divisent les groupes humains en « races inégales ». Les Hutus sont présentés comme un peuple inférieur, le fossé se creuse et les tensions s’accroissent entre les deux populations.

2. Le processus génocidaire
a. L’ombre des grandes puissances depuis l’indépendance

En 1962, la colonisation belge prend fin et le pays accède à l’indépendance. 

Le groupe Hutu, majoritaire et longtemps opprimé, parvient au pouvoir. L’heure de la revanche a sonné et une partie de l’aristocratie tutsie fuit le pays, ensanglanté par des massacres intercommunautaires.

Depuis les pays voisins, comme l’Ouganda, les réfugiés Tutsis créent, à la fin des années 1980, une organisation militaire afin de reconquérir le pouvoir, c’est le Front patriotique rwandais (FPR),  dirigé par Paul Kagame.

Malgré l’indépendance, les pays européens conservent une influence importante sur les jeunes États africains nés dans les années 1960. Ils s’immiscent dans les affaires intérieures en profitant du faible développement et de l’instabilité politique pour s’approprier les richesses du continent à bas coût. En effet la région des grands lacs africains où se situe le Rwanda est riche en minerais et est convoitée pour ses bois précieux et ses produits agricoles tropicaux.

C’est ainsi que la Belgique, la France et l’Angleterre gardent une influence réelle et bien visible en Afrique centrale. Dans les années 1980, le gouvernement français de François Mitterrand apporte une aide matérielle et militaire au régime hutu. Le président rwandais Juvénal Habyarimana est un proche de l’Élysée. Il a confié la formation et l’équipement de son armée à la France.

Au début des années 1990, la situation se dégrade. La minorité tutsie du Rwanda subit des attaques, et des groupes entiers sont massacrés avec la complicité de l’armée rwandaise, prélude à la mise en mouvement de la machine génocidaire.

La France, bien consciente de la situation, reste impuissante mais fournit des armes aux forces armées rwandaises, qui participent aux premières exactions contre les Tutsis. En 1992 et 1993, le président Mitterrand tente une médiation entre les ethnies rivales en participant à la mise en œuvre d’accords de paix, ce sont les accords d’Arusha, en Tanzanie, qui réunissent les protagonistes du conflit :

  • le FPR présidé par Paul Kagame ;
  • le gouvernement Hutu rwandais.

La médiation n’aboutit pas en raison de la pression des extrémistes hutus, qui refusent tout dialogue avec leurs adversaires.

b. Le processus génocidaire

Le 6 avril 1994, le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, disparait dans un attentat contre son avion présidentiel. Le lendemain, un gouvernement de transition dominé par des extrémistes hutus se met en place, et des premiers massacres ont lieu à Kigali. C’est le début du génocide tutsi, qui va durer cent jours.

Des civils, des militaires et des gendarmes aux ordres du gouvernement déclenchent l’attaque simultanée des populations tutsies vivant au Rwanda. Les médias sont également mobilisés dans cette entreprise d’extermination. Ainsi, la Radio Télévision libre des Mille Collines encourage quotidiennement les auditeurs à attaquer les Tutsis. Les massacres sont d’une brutalité extrême : hommes, femmes et enfants sont assassinés à l’aide d’armes artisanales (machettes, gourdins, barres de fer). Entre avril et juin, on estime que 10 000 personnes sont tuées chaque jour, plus d’un million de personnes périssent lors de ces massacres.

Les Nations Unies et l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) assistent impuissantes à la situation. Il faut attendre deux longs mois avant que l’ONU confie à la France une mission humanitaire de protection et d’assistance aux populations tutsies survivantes.

Le 22 juin 1994 est lancée l’opération turquoise, composée de 2 500 militaires français qui mettent en place une zone de sécurité dans le sud-ouest du pays, entre juin et août 1994 – la zone turquoise – pour protéger les populations civiles.

Paradoxalement, cette zone de sécurité accueille en grand nombre des miliciens hutus et des responsables gouvernementaux rwandais responsables du génocide, qui se fondent dans les groupes de réfugiés pour fuir le pays.

Ainsi, une partie des acteurs du génocide échappent à la justice pour se réfugier dans les pays voisins et en France.


3. La difficile reconstruction du pays

Au début du mois de juillet 1994, la capitale du Rwanda, Kigali, accueille un nouveau gouvernement lié à la victoire du FPR. Paul Kagame, un Tutsi, devient le nouvel homme fort du pays. Dans un premier temps, il faut juger les responsables du génocide afin de reconstruire le pays.

Les Nations Unies mettent en place le 8 novembre 1994 le TIPR (Tribunal international pour le Rwanda). Commence alors un processus judiciaire long et complexe qui aboutit à la condamnation d’un certain nombre de décideurs de l’entreprise génocidaire. Pourtant, de nombreux acteurs parviennent à échapper à la justice. Les crimes de génocide contre l’humanité étant imprescriptibles, des responsables font, à ce jour, toujours l’objet de poursuites.

Exemple
En mai 2020, Félicien Kabuga, un homme d’affaires surnommé « le banquier du génocide », a été arrêté en région parisienne.

La mémoire du génocide marque durablement les États de la région des Grands Lacs en Afrique centrale. La reconstruction du pays et la réconciliation nationale prendront des décennies.

Le génocide des Tutsis de 1994 marque la troisième entreprise d’extermination du XXe siècle.


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