Plus de 60 % de la population mondiale vit sur les espaces
littoraux, c'est-à-dire les espaces qui subissent
directement ou indirectement les actions de la mer. Ces espaces
de contact entre la terre et la mer sont soumis à de
très fortes pressions : urbanisation croissante,
développement des activités portuaires et
industrielles, essor du tourisme… Ces occupations
entrent parfois en concurrence, s’opposent pour
défendre leurs intérêts ce qui suscite une
grande tension entre utilisateurs.
1. Une littoralisation des hommes et des
activités
a. Des espaces naturellement attractifs
Un littoral est une interface, un espace
linéaire marquant le contact entre deux espaces de
nature différente : ici l’espace terrestre
et le domaine maritime. Cette originalité
confère aux régions côtières
une attractivité réelle. Elle facilite les
circulations transversales (flux humains ou de
marchandises) mais aussi longitudinales par le
cabotage (circulation de bateaux le long des
côtes).
Même si tous les littoraux ne sont pas des espaces
moteurs, beaucoup d’entre eux attirent les hommes
qui s’y installent. Les activités
économiques se développent. On parle de
littoralisation des populations et des
activités. Ceci pose le problème de
l’équilibre entre l’indispensable
développement économique de ces espaces et
la préservation des milieux naturels (voir fiche
Quels aménagements durables pour les littoraux
?).
b. Une concentration des populations
L’observation d’un planisphère sur la
répartition des populations rend compte de cette
attraction du littoral : les grands foyers de
peuplement occupent en grande partie des espaces
côtiers.
En Asie orientale, premier foyer de peuplement de la
planète, les populations se concentrent en
particulier sur le littoral de la Chine orientale. Cette
attraction du littoral est particulièrement
sensible au Japon également, entre Tokyo et
Fukuoka. L’Asie du Sud, le continent
européen, le Nord-Est des États-Unis ou le
Sud-Est du Brésil offrent de la même
manière une place privilégiée aux
littoraux dans le peuplement. L’urbanisation y
est particulièrement marquée : seize
des vingt-trois plus grandes agglomérations de la
planète sont situées sur le littoral.
c. Un développement des activités
économiques
Avec l’accélération de la
mondialisation et le développement des
échanges maritimes, le rôle
économique des littoraux s’est accru.
Certaines façades maritimes, en particulier dans
l’hémisphère nord, ont vu se
développer de vastes complexes
industrialo-portuaires (CIP). Il s’agit
d’espaces portuaires réservés aux
activités industrielles et commerciales ainsi
qu’au stockage des marchandises. Celui de
Rotterdam, deuxième port mondial
après Singapour, aligne 35 km de quais tous
équipés pour recevoir des navires qui ont
jusqu’à 12 m de tirant d’eau. Ces
zones industrialo-portuaires ont tendance à
s’étendre sur la mer par le système
des polders, étendues de terre
gagnées sur la mer par endiguement et drainage.
C’est le cas à Rotterdam avec
Maasvlakte, en aval du port, ainsi que le long du
littoral de la mégalopole japonaise dans les baies
de Tokyo, Nagoya ou d’Osaka-Kobé.
L’autre littoralisation concerne l’attraction
qu’exercent les côtes sur les
touristes. Même si les aménagements
touristiques ne concernent que moins de 2 % des littoraux
dans le monde, certains de ces aménagements ont
profondément modifié les paysages.
L’apparition des stations
intégrées en est un exemple. Elles
associent complexes résidentiels, hôtels,
centres commerciaux. Les marinas rassemblent ces
aménagements, ce sont des stations
balnéaires où ces équipements se
situent autour d’un port de plaisance.
Il a fallu creuser des ports suffisamment vastes pour
accueillir les bateaux ainsi que de grands immeubles le
long du littoral. L’essor de ce tourisme a induit
une urbanisation massive.
2. De multiples pressions sur l'espace : des
intérêts qui entrent en concurrence
a. Une concurrence pour l'espace
Les enjeux économiques sur les littoraux sont
importants et difficiles à concilier.
L’activité portuaire et industrielle exige
de très vastes espaces. La concurrence
internationale oblige les plus grands complexes
industrialo-portuaires à s’étendre
pour continuer à attirer les grands navires et en
particulier les porte-conteneurs. Il faut donc gagner
de l’espace soit sur l’espace maritime ou
côtier, ce qui peut provoquer des conflits
d’usage avec les activités de pêche ou
d’élevage de coquillages (la
conchyliculture) ou avec les activités
urbaines lorsque les extensions se font en amont, vers
l’arrière-pays (le long d’un fleuve,
par exemple).
Les conflits d’usage désignent les
rivalités opposant les différents acteurs
présents sur le littoral et qui ont chacun un
intérêt en particulier à
l’utilisation d’une ressource ou d’un
espace. Les activités de pêche ou le
tourisme s’accommodent difficilement de la
proximité d’industries lourdes polluantes
comme les raffineries, l’industrie chimique ou la
sidérurgie. De la même manière, le
développement des activités touristiques
qui s’accompagne de la construction de grands
ensembles hôteliers ou de campings de luxe gagne de
plus en plus sur les arrière-pays et les
périphéries des villes. Ce
développement se fait parfois au détriment
des activités agricoles.
b. Vers une spécialisation de certains
littoraux
Il est parfois difficile de faire cohabiter les
différentes activités présentes sur
ces littoraux, certaines comme la pêche
traditionnelle ou l’agriculture ont même
tendance à reculer, voire disparaître. Ces
oppositions sont à l’origine d’une
organisation de l’espace particulière : de
plus en plus de littoraux se spécialisent ou font
apparaître un zonage de l’espace,
c'est-à-dire une division du territoire en zones
réservées à des usages
spécifiques et qui se juxtaposent. Certains
littoraux privilégient une activité en
particulier, ils se spécialisent. Ainsi,
l’activité touristique est presque exclusive
à Miami Beach, en Floride, ou sur la
Gold Coast australienne.