L'évolution d'une entreprise : l'exemple de Peugeot

C'est à la fin du 19^e siècle, dans l'Est de la France, près de Montbéliard, que deux hommes se lancent dans la fabrication de bicyclettes : Armand et Eugène Peugeot. 
Les deux cousins ont pourtant des intérêts légèrement divergents : Armand est passionné d'automobiles, et il réussit à construire sa première voiture en 1891. Eugène reste quant à lui attaché au vélo. 
En 1896, la Société des automobiles Peugeot est fondée par Armand.
En 1911, la fusion des deux branches est faite à l'intérieur de la Société anonyme des automobiles et cycles Peugeot. 

Avec une production de 10 000 voitures par an, et près de 2 500 salariés, c'est déjà une grande entreprise, cotée en bourse.

Né aux États-Unis, le travail à la chaîne (c'est-à-dire le taylorisme, du nom de son inventeur, appliqué sur une chaîne de montage) est introduit dans les usines Peugeot dès 1925. Il se décompose en 2 aspects : 

- D'abord, le travail de construction d'une automobile est découpé en tâches simples et chronométrées : un ouvrier n'accomplira dorénavant qu'une seule de ces tâches, toujours la même, toujours à la même place, en quelques secondes ;

- De plus, une chaîne de montage est installée qui permet à l'objet (portière, moteur...) de circuler à une vitesse donnée, pour être construit au fur et à mesure. 

L'avantage pour l'entreprise est énorme : la productivité et la production augmentent rapidement, grâce à une totale standardisation des produits fabriqués.

La croissance de l'entreprise est forte : 10 000 véhicules produits en 1913, près de 45 000 en 1930, et ce malgré la crise économique. 
L'automobile est alors un produit de luxe, encore réservé à une minorité de privilégiés. C'est ce qu'ont très bien compris les dirigeants de Peugeot, qui utilisent la publicité pour augmenter leurs ventes.

Doc.1 . Affiche publicitaire pour les automobiles Peugeot, 20e siècle

L'automobile devient alors synonyme de vitesse, de progrès, de liberté, à la fois un sport et un passe-temps.
Cependant, la vie de l'entreprise est profondément modifiée lorsqu'en 1964, la famille Peugeot passe la main pour la direction des affaires. C'est la fin du modèle de l'entreprise familiale.

À partir de 1964, la famille Peugeot décide de se désinvestir de la gestion directe de la firme, pour la confier à des professionnels : Maurice Jordan dans les années 1960, et Yves Calvet de 1982 à 1997. 

Issus de grandes écoles, donc mieux formés que les héritiers, ils sont aussi plus clairvoyants car moins impliqués affectivement par le devenir de la firme. Ils vont donc mettre en place des stratégies de grande envergure : ils choisissent d'augmenter la production et d'internationaliser l'entreprise.

Les années 1960-1970 voient l'intensification de la production :
- 60 000 véhicules sont produits en 1950 ;
- presque 300 000 sont produits en 1965 ;
- 800 000 sont produits dans les années 1970 et 1,6 million en 1980.

L'automobile se démocratise donc progressivement, et plusieurs facteurs en expliquent l'origine :

- une intensification du taylorisme est opérée jusque dans les années 1970 ;

- la robotisation intervient dans les années 1980 et se traduit par une nouvelle hausse de la productivité : alors qu'en 1980, 1,6 million de véhicules sont fabriqués par 200 000 personnes, 85 000 salariés suffisent en 2009 à produire 3 millions de véhicules. 

Sur les chaînes de montage, les robots ont remplacés les ouvriers.

Doc. 2. Aperçu d'une chaîne de montage d'une entreprise automobile

Le taylorisme a disparu, on produit dorénavant à la demande (c'est le « zéro stock »), en offrant au client toutes les options dont il peut rêver.

Mais le marché français ne peut absorber seul une telle production : Peugeot s'est largement internationalisé, tant pour la production que pour la vente.

Ainsi, la firme est aujourd'hui présente dans plus d'une dizaine de pays, et c'est à l'internationale qu'elle fait son plus gros chiffre d'affaires.