L'Église chrétienne et l'hérésie cathare

La lutte contre les ennemis de la foi est ancienne et est traditionnellement du ressort des évêques, appuyés par les rois et les princes. C’est le pape Innocent III qui donne naissance en 1199 à l’Inquisition, qui se développe au XIII^e siècle, notamment sous le pape Grégoire IX. Celui-ci, en 1231, prescrit la prison à vie pour les hérétiques repentis, et la peine de mort pour les obstinés.

La papauté souhaite garantir en Europe l’unité de la religion catholique et les intérêts de l’Église et, pour cela, souhaite lutter efficacement contre toutes les déviances. Ainsi, l’Inquisition étend son action à la répression des devins, sorciers, blasphémateurs ou scientifiques jugés hérétiques.

Pour mettre en œuvre ce tribunal, Grégoire IX désigne en Rhénanie le tout premier inquisiteur. Il s’agit d’un prêtre, Conrad de Marbourg, qui fait preuve d’un fanatisme et d’une grande violence. Il est d’ailleurs assassiné en juillet 1233.

La plupart du temps, les inquisiteurs sont choisis dans les nouveaux ordres religieux : dominicains et franciscains.

Leurs compétences en matière de théologie et leur proximité avec les fidèles leur confèrent une image positive. L’Inquisition se développe dans le Saint Empire, en France mais aussi en Italie à partir de 1235. Les tribunaux se multiplient et gardent une certaine autonomie.

Le tribunal est soumis à des règles religieuses fixées par le pape. Les suspects, des individus ou groupes d'individus, sont soumis à l’interrogatoire par l’inquisiteur ou un de ses collaborateurs. À défaut d’aveux, la preuve de l’hérésie est apportée par des témoins.

Les peines infligées vont de la pénitence (pèlerinage obligatoire, entretien d’un pauvre, port de la croix d’infamie sur les vêtements, etc.) jusqu’à l’emprisonnement à vie, ou, pour les fautes les plus graves, c'est-à-dire pour ceux qui refusent d’expier leurs fautes, le bûcher.

Cependant, la condamnation au bûcher, « la peine de feu », demeure rare, même si certains inquisiteurs se distinguent par leur cruauté : c’est ainsi le cas de Robert Le Bougre nommé inquisiteur général en France.

Le recours à la torture devient fréquent, sans être régulier, à partir du milieu du XII^e siècle. Particulièrement active en France, en Italie et dans le Saint Empire, l’institution décline à partir de la deuxième moitié du XV^e siècle.

Ce que les historiens savent des Cathares dépend en grande partie de sources ecclésiastiques, hostiles à une population jugée hérétique, déviante.

Les historiens débattent encore la question aujourd’hui. Les Cathares (« les purs » en Grec) forment une importante communauté de chrétiens présente dans le sud de la France – où se trouve un clergé inefficace et insuffisant –, en Italie du Nord (foyer originel de la population cathare) ou en Rhénanie. Particulièrement actifs en Provence et en Languedoc, les Cathares ou Albigeois (ils sont présents autour de Toulouse, Carcassonne et Albi) se heurtent à l’Église catholique.

Ils estiment cette Église corrompue et s’opposent sur plusieurs points de doctrine avec celle-ci : 

• Sur le plan des croyances, ils prônent la pauvreté, pensent la religion comme une lutte permanente du bien contre le mal. Tous nient la croyance en la Trinité (le Père, le Fils et le Saint-Esprit) faisant du Père un être supérieur. Ils rejettent l’Ancien Testament et condamnent les pères de la Bible : Abraham, Isaac, Jacob et Moïse.
• Sur le plan du rituel, les Cathares contestent la valeur des sacrements : le baptême d’eau est jugé sans valeur et ils lui substituent le baptême de l’Esprit reçu par une double imposition des mains et de l’Évangile. Le mariage est également condamné.

L’Église est d’abord impuissante à contrer la propagation du catharisme, qui bénéficie de la bienveillance de certains seigneurs. En 1179 plusieurs d’entre eux sont excommuniés par Alexandre III.

Puisque la prédication échoue, une croisade est organisée en 1209 pour lutter contre les Cathares : la ville de Carcassonne tombe entre les mains d’une armée de seigneurs catholiques du Nord de la France. Albi tombe en 1215 et la même année le comte de Toulouse est dépouillé de ses États ; il se soumet en 1229.

Carcassonne, expulsion d'albigeois opposés au pouvoir des prêtres catholiques en 1209

Cette croisade prend fin en 1244, où plus de 200 hérétiques qui ont refusé de renier leur foi sont brûlés au pied de la forteresse de Montségur.

Outre le succès de l’Église, la défaite des grands seigneurs du Sud contribue largement au progrès de l’unité française.