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Fin de partie : Lecture méthodique 3, monologue final

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Objectifs :
- Chercher une problématique et proposer une lecture méthodique, des axes de lecture qui éclairent la pièce.
- Montrer comment cette fin parachève l’éclatement du langage et du personnage beckettiens.
Les citations font référence au texte des Editions de Minuit.

Pages 107 – 110 « Encore une chose. (…) Il approche le mouchoir de son visage.»

Ce passage constitue la fin de la pièce, le monologue final dans lequel Hamm, face au public, au centre de la pièce, n’a plus d’interlocuteur, ni personne pour l’écouter, le regarder ou lui donner réplique. Il se confronte à la sensation de ne plus exister, emprisonné dans sa figure d’éclopé.

Problématique :
De la dimension polyphonique et de l’éclatement des voix du personnage dans cette fin de texte à la décomposition du langage dramatique : la dimension cyclique de la pièce à la lumière de ce soliloque final…
1. Le roi en échec et mat
a. Egarement : perte de conscience
Ultime prière 

Hamm donne un dernier ordre dont on sait qu’il ne sera pas respecté tant la manière de demander semble une supplique (= requête). Les mots « Encore une chose. Une dernière chose » sont aux antipodes des impératifs capricieux de toute la pièce. Tout prépare au désir d’en finir comme le montre le déterminant indéfini une, suivi du nom chose, accompagné par l’adjectif pathétique de l’ultime dernière. L’ultime exigence est une demande de fuite, de dissimulation, d’ensevelissement mimétique d’une mort « sous le drap ». Hamm a besoin de l’autre pour fuir et se cacher : ce qui ne lui sera pas accordé.

Le monologue

Faute d’interlocuteur, Hamm fausse le fonctionnement de la communication : il produit question et réponse. « Non ? Bon. » Il y a urgence dans le besoin d’emplir le silence par sa voix, par un discours truqué. Le « Bon » récurrent dans cette scène n’a autre but qu’une fonction phatique (fonction du langage qui sert à créer un contact dans la communication, sans signification réelle) : il est sans rapport avec le sens de l’adjectif, et sert simplement à emplir ironiquement l’absence de réponse et le silence de l’interlocuteur.

Dire le temps qui passe

La reprise des mots identiques à ceux du début de la pièce ne manque pas de dire le temps écoulé, durant la représentation, le temps écoulé d’une partie devenue « vieille » : ce qui se joue là, devant lui, avec lui. Le passage du participe passé « vieille fin de partie perdue » à l’infinitif « fini de perdre » montre l’achèvement en cours comme si l’infinitif avait une fonction programmatique de la fin de la pièce. Le temps est cyclique, incongru et pesant. Se situer dans le temps était une préoccupation intestine de Hamm (« On est quel mois ? » p.88), sa seule réponse est devenue le silence synonyme de néant, sans logique temporelle.
b. Douloureux face à face avec soi
L’oubli de soi

L’impératif « voyons » est pathétique, le geste du nettoyage de ses lunettes est d’une futilité désolante, les efforts de déplacements aboutissent au renoncement : Hamm ne lutte plus. Tous ses gestes sont parfaitement contradictoires, résumés par des infinitifs à valeur de projet avorté qui appartiennent soit au champ lexical du dépouillement soit à la réappropriation : « jeter… enlever… se raviser…enlever … remettre… essuyer… et remettre » Le personnage est incohérent.

Appels pathétiques

Hamm semble en quête d’un interlocuteur, patientant le temps de l’arrivée. « On arrive. Encore quelques conneries comme ça et j’appelle. » Un pronom indéfini, un adjectif indéfini, un démonstratif imprécis : tout souligne l’impatience du personnage seul à seul, en proie à des hallucinations. D’où l’appel pathétique à son père qu’il insultait rageusement, la violence du coup de sifflet et enfin, le reniflement quand il appelle celui qu’il malmène…
Le « tu » du passage en apostrophe est d’ailleurs un interlocuteur illusoire, qui n’efface plus la solitude, de plus en plus pressante. Sur le plan affectif, se lit le manque, la privation du spectateur qui seul évite la confrontation avec le dépérissement. Ne reste alors que l’expression de la fin.
2. Le roi en prison : la sensation de ne plus exister...
a. Le néant : le silence
Éclatement du personnage

Tragique expression de l’aliénation, le personnage perd pied et son monologue devient une véritable polyphonie. Les paroles le traversent de toutes parts : l’écrivain, le personnage, le narrateur, l’acteur…
L’écrivain : En réclamant « un peu de poésie », le personnage se dédouble et prend ses distances avec ses propres mots. Il modifie le sens en l’intensifiant (on passe de « appeler » à « réclamer » : insistance sensible sur la demande et l’attente de la fin). Il corrige en utilisant la métaphore : de « venir » à « tomber » s’ajoute l’idée d’une chute et d’un déclin.

L’acteur : il est l’interprète de ses propres mots, les reprenant « très chantant ». Il se dédouble au point d’apprécier et de critiquer son texte : « Joli ça. » Le personnage s’échappe de lui-même, basculant progressivement dans la folie.

Le personnage : aliéné, dépassé par son élan scatologique… Les sursauts violents et l’emploi d’un vocabulaire grossier, l’allusion régressive aux fesses « pas plus haut que le cul…paix… à nos fesses » contrastent avec la « poésie » dont il est capable et montrent un personnage en plein lâcher prise. Il rejette les objets à coups de gestes et mots compulsifs pour se recentrer sur son mouchoir : représentation de son impuissance à percevoir. Il se dépouille pour se résigner au silence « n’en parlons plus…ne parlons plus ». Sa pensée progresse vers la notion de fin. Se taire, c'est étouffer la conscience comme l’envers de la vie, dans une vie végétative.
L’éparpillement du personnage se lit dans l’incohérence d’un discours sans continuité. Le langage n’épanouit plus la conscience mais dit l’éclatement du personnage sénile. De même, la syntaxe se réduit à son minimum : des phrases elliptiques, infinitives...

Éclatement du langage

Tragédie du langage qui montre ses faiblesses, les propos deviennent incohérents, mimant une crise de folie. En reprenant le récit sur le père et son enfant, narration prétexte à la dénonciation du lien familial hypocrite, Hamm exprime le fantasme obsessionnel beckettien. Il y a, au cœur de ce discours décousu, la dénonciation de l’instrumentalisation de la progéniture comme aide au vieillirles cent mille derniers quart d’heures », subdivision du temps en petites parties, lentement écoulées, attendues, vécues…). De plus, le vocabulaire antonymique « grandir/rapetisser » instaure un lien de vampirisme ignoble entre l’enfant et le père, une interdépendance funeste.
Les propos sombrent dans la folie, deviennent déréglés et désordonnés, dans un univers de chaos où les gestes de Hamm sont tout aussi désarticulés. Hamm est emporté dans un langage défaillant, sans logique, sans continuité et sans unité.
b. Dimension cyclique
La fin n’est que le retour au commencement de la pièce

Il y a une circularité du temps. Clov n’est pas totalement parti, Hamm est couvert par son mouchoir-écran. L’existence apparaît cyclique, comme si la fin n’arrivait pas vraiment, à l’image de cet enfant, figure de résurrection latente qui apparaît à la fenêtre, menace d’une vie qui n’en finit pas. La pièce fait passer le temps, fait durer. Ainsi la reprise exacte des premiers mots du personnage n’est que le recommencement de la partie, symbolisation de la dimension circulaire du temps et de la vie humaine. Le lien avec le mythe de Sisyphe est implicite (personnage puni pour avoir bravé les dieux et condamné à faire rouler une pierre vers le haut d’une montagne, sans jamais l’atteindre puisque le rocher retombe en bas, éternellement…). On y retrouve l’absurdité de la condition de l’homme, enfermée dans un éternel recommencement.

Dimension mimétique du théâtre dévoilant ses rouages 

le chiffon sur le visage n’est-il pas le rideau qui se ferme sur la scène, pour se rouvrir plus tard ?
Le langage théâtral se vide de sens pour dévoiler les rouages d’une pièce, la poétique même de Beckett. « Instants nuls, toujours nuls, mais qui font le compte, que le compte y est, et l’histoire close. » : la dramaturgie de Beckett tend vers le rien. Même si le spectateur assiste à une agonie, la parole demeure faisant mine de s’effacer…
Conclusion :
Cette scène ultime est une crise de la faculté de perception du personnage emprisonné dans sa figure d’agonisant. Elle est aussi la fermeture d’une boucle et l’ouverture d’une autre, dans une conception cyclique du temps et de la vie.

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