Fantastique, horreur, science-fiction
Dans l'horreur, l'accent n'est plus vraiment mis sur l'appréhension d'un phénomène surnaturel dans son rapport à un milieu réaliste, mais sur cet événement source d'angoisse. Son caractère surnaturel n'est d'ailleurs plus garanti.
La science-fiction de son côté rétablit le lien entre l'événement étrange et le monde réaliste, elle est une projection de notre monde dans un avenir de tous les possibles (l'avenir des autres mondes, des nouvelles technologies, etc.). Le surnaturel, même s'il est moins surprenant, y occupe donc une place de choix.
L'apparition de l'étrange est donc au coeur des trois genres. Cela étant, de quelle manière les cinéastes font surgir ce monstrueux dans la séquence d'images homogènes qui constitue le film ?
« Alien » (Ridley Scott, 1979) illustre ce cadre angoissant. Les apparitions de la bête sont rares, disséminées sur la longueur du film. Elles sont souvent réduites à des fragments qui n'annoncent pas tant l'apparition du monstre que la disparition du personnage menacé (une tentacule apparaît puis disparaît derrière le personnage qui se fait ainsi assassiner).
La disparition peut aussi frapper un personnage qui se métamorphose :
« La Féline » (Jacques Tourneur, 1942) conte le parcours d'une jeune femme maudite qui se transforme en panthère lorsqu'elle éprouve des sentiments intenses.
Puis, soudainement, sur les images de la poursuivie, on remarque que le bruit des pas de la poursuivante s'est arrêté. Dans le montage alterné, les plans consacrés à la poursuivante ne montrent plus qu'un plan vide de personnage : elle a disparu. Des cris se font entendre. La féline s'est transformée.
L'apparition du monstre est une disparition, la disparition de la jeune femme amène l'apparition du monstre.
L'homme esquisse un mouvement en arrière (plan 1). La femme s'approche de lui, passe devant la caméra et sort presque entièrement du cadre (plan 2). La caméra retourne sur l'homme, effrayé, qui recule franchement, et sort une arme dissimulée dans sa canne ; on entend alors les cris de la bête, etc. (plan 3).
La bête n'est pas montrée, son apparition réside exclusivement dans la collure des deux plans. La bête est bien suggérée par un grand nombre de signes éparpillés tout au long du film : des grognements, des ombres, une panthère dans un zoo, des dessins, etc.).
Rien ne garantit pourtant l'unité de l'ensemble :
La scène finale le présente en une sorcière qui se manifeste d'un plan à l'autre sous toutes sortes de formes (visuelles et sonores, on entend en effet la musique qui accompagnait ses crimes, les aboiements du chien, etc.)
Le montage dissémine une série de signes pour construire la figure monstrueuse. Le monstre, c'est l'hétérogène. Ces éléments peuvent se coudre les uns aux autres et donner une forme absolument horrible. C'est le cas pour « Jeepers creepers » (Victor Salva, 2001) : le monstre est une espèce de grand montage d'images angoissantes tirées d'œuvres cinématographiques et littéraires différentes (« La mouche » de Cronenberg, 1986 ; « Duel » de Spielberg, 1971 ; « Le fléau » de Stephen King adapté ensuite pour la télévision, etc.).
Le montage ne ménage pas d'angoisse particulière le concernant, il s'impose dans le plan et se lance à la poursuite de ses victimes : le bruit de sa tronçonneuse confirme sa présence. S'il bénéficie d'une forme de dissimulation, elle est principalement due au masque de cuir qu'il porte toujours, jusqu'à faire partie de lui.
Il y a néanmoins un montage fragmentaire dans le film, mais il frappe d'autres corps, d'autres lieux (les plans des cadavres en décomposition, des œuvres d'art monstrueuses, des personnages menacés par la famille - voir notamment les très gros plans de l'œil de Sally).
Comme si le découpage (celui des corps, par la tronçonneuse ou par le cadre), frappait par un renversement ceux qui ne seraient pas à leur place (les étrangers, les touristes) et non pas les monstres qui habitent aussi bien le plan que leur région.
Lorsque la visibilité du monstrueux est importante et ses manifestations spectaculaires, on peut se rapprocher du gore. Le grotesque et l'écœurement se substituent alors à l'angoisse et à la peur.
Deux possibilités se présentent :
• intégrer des images d'un monstre tout à fait visible, représenté dans son intégrité, comme un personnage (Leatherface).
• utiliser la suggestion : limiter ses apparitions et faire du hors-champ son espace.
Entre ces deux choix opposés existent des stratégies qui consistent à faire du monstre lui-même le montage d'une série de fragments (des plans fragmentaires d'organes) dont les apparitions sont espacées dans le temps (contiguës ou disséminées). Dans ce cas, on montre et on suggère, en même temps.

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