1. Ville et espace
En terme de superficie, les villes occupent environ le tiers du
territoire. En revanche, le flou demeure sur la définition
de la ville : fonction de cette dernière, 60 à 90 %
des Français habitent en ville…
a. La ville : un problème sémantique
Pour l'administration, toute commune de plus de 2 000
habitants est considérée comme une ville. Plus
concrètement, l'INSEE a découpé le
territoire national en Zones de Peuplement Industriel et
Urbain qui considèrent comme ville toute
agglomération humaine continue de plus de 2 000
habitants répartis sur plus de deux communes de sorte que
de vastes espaces ruraux communaux sont ainsi
agrégés à une dynamique urbaine (migrations
pendulaires). L'INSEE a encore
« affiné » le quadrillage de la ZPIU
par un Zonage en Aires Urbaines qui différencie les
espaces à dominante urbaine (aire urbaine et communes
multipolarisées) ou à dominante rurale. Selon cette
dernière définition, 361 pôles urbains
rassemblent 47 millions de Français.
b. Les paysages urbains
Quelle que soit la définition retenue, la ville demeure ce
centre polarisé – attractif ou
répulsif – dans lequel s'identifie une
population. La diversité urbaine de la France repose
autant sur une distinction régionale des villes entre
elles que sur les différences fonctionnelles des espaces
urbains au sein d'une même agglomération (centre
ville, faubourg, banlieues pavillonnaires ou aux logements
collectifs).
Les paysages urbains dépendent donc du type de bâti,
de la polarisation autour d'un centre historique ou non, de la
taille de l'agglomération et de la définition
même de la ville. La France urbaine restaure ses centres
anciens, développe des centres de commandement,
réhabilite ses faubourgs et ses banlieues les plus
anciennes tout comme elle se projette toujours plus dans le monde
rural par rurbanisation et péri-urbanisation.
2. La France des villes
La dynamique démographique régionale des villes est
significative de la diversité urbaine française :
les grandes villes ne cessent de perdre des habitants quand les
villes petites et moyennes situées à distance des
grandes agglomérations ne cessent de croître.
a. Des réseaux hiérarchisés ?
La polarisation urbaine de la France est inégale :
si
le centre du pays est fortement axé sur la dynamique
parisienne, le Sud-Est est le seul à présenter un
véritable réseau urbain, centré sur Lyon
et capable d'offrir toutes les fonctions d'une métropole
relayée à distance par un réseau
hiérarchisé.
A l'Est comme à l'Ouest, les régions reposent
sur une bi-polarisation urbaine : Strasbourg/Mulhouse,
Metz/Nancy d'un côté, Rennes/Nantes, Angers/Le
Mans de l'autre.
Ailleurs, les régions dépendent du rayonnement
métropolitain de plusieurs villes sans que l'une
s'impose à l'autre : la Bourgogne s'étire
ainsi entre Paris et Lyon, le Poitou-Charentes entre Paris,
Nantes et Bordeaux et le Languedoc entre Paris, Toulouse et
Marseille. Tout dépend alors de la qualité des
infrastructures de transport.
b. Typologie des villes françaises
La différenciation des villes entre elles peut être
fondée sur leurs qualités démographiques
et/ou administratives. On distingue ainsi les petites, moyennes
(plus de 20 000 habitants) et grandes villes (plus de 120 000
habitants) des chefs-lieux de canton ou d'arrondissement, des
préfectures, des capitales régionales.
Le paysage urbain dépendra aussi des fonctions urbaines
: Argenteuil est une grande ville mais demeure une pièce
de l'imposante agglomération de Paris. En revanche, Le
Puy est une petite ville qui s'enorgueuillit de son statut de
préfecture au cœur d'un Velay isolé et
situé à distance des principales
agglomérations stéphanoise, clermontoise ou
lyonnaise. A titre d'exemple, la perte du statut de
préfecture du Var par la ville de Draguignan en 1974 a
revigoré les fonctions métropolitaines de Toulon
alors que Draguignan végète…
Enfin, les paysages urbains sont aussi fondés sur des
associations de communes en communautés urbaines
solidaires (Cherbourg, Le
Creusot/Montchanin/Montceau-lès-Mines, Lille, Lyon,
etc.).
L'essentiel
Si la France conserve l'image d'un pays rural, elle le doit aux
performances de son agriculture. Ce n'est pas le moindre
paradoxe d'un pays où la très grande
majorité de ses habitants vit en ville. La ville est
d'ailleurs un élément moteur de l'espace, un
facteur de dynamiques humaines et de transformations du paysage
où prime l'interdépendance régionale des
réseaux urbains entre eux.