Un pays dimmigration
Toute étude sur la population immigrée nécessite une utilisation rigoureuse de termes spécifiques. Il ne faut pas confondre étrangers et immigrés. Un immigré est une personne qui est venue s’installer en France. Elle peut cependant être de nationalité française. Tel est le cas de la population venant des DOM-TOM (de nationalité française, elle n’est pas étrangère mais pourtant immigrée). Un étranger est une personne née hors de France.
Dans le cadre de cette fiche, nous traiterons de l’immigration étrangère (DOM-TOM et pieds-noirs exclus puisque de nationalité française).
Les chiffres disponibles sont ceux de l’INSEE et reposent sur les déclarations faites aux agents recenseurs. Nombre d’adultes étrangers déclarent leurs enfants également étrangers même s’ils sont nés en France et possèdent la nationalité française. Cela a tendance à augmenter fictivement le nombre des étrangers présents en France.
– Un solde migratoire toujours positif et assez
stable
En 1999, la population étrangère vivant en
France était de l’ordre de 4 millions de
personnes, soit environ 6,2 % de la population
française. Mais la réalité est plus
complexe car progressivement, un certain nombre de ces
étrangers se fait naturaliser. Les naturalisations
concernent environ 1,5 million d’étrangers
par an qui par ce fait deviennent Français.
La population étrangère a considérablement
augmenté entre 1945 et 1980. Cela correspond
à la période de forte croissance des
Trente Glorieuses qui a nécessité un apport
de main-d’œuvre. Ce besoin est à
l’origine d’une hausse de l’immigration
(encouragée par l’Etat). Depuis le début
des années 1980, l’immigration a
considérablement ralenti car le contexte
économique a évolué. Les entrées
sur le territoire ont considérablement diminué.
La faiblesse chronique de l’accroissement naturel de la population française depuis le XVIIIe siècle a nécessité de recourir précocement à la main-d’œuvre immigrée. Cela explique que la France soit un pays d’accueil depuis le XVIIIe siècle. A la différence de nos voisins européens comme l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Irlande ou la Russie, la France n’a pas contribué à peupler de nouveaux pays au XIXe siècle car son accroissement naturel trop faible ne le permettait pas.
– Trois phases d’immigration successives
Si l’on étudie dans le détail
l’évolution de l’immigration en France, on
s’aperçoit qu’il faut en distinguer trois
phases successives depuis le
XIXe siècle :
- au milieu du XIXe siècle , la
première révolution industrielle a
nécessité la venue d’une
main-d’œuvre étrangère pour
travailler dans les mines ou les industries du Nord et de
l’Est de la France. Cette première vague provenait
de l’Est de l’Europe (Pologne, Russie, Roumanie) et
de l’Italie (sur la Côte d’Azur
essentiellement). La France comptait à peu près 1
million d’étrangers en 1900 ;
- après 1918, la croissance de la population
française est négative. C’est la
main-d’œuvre étrangère qui permettra
de reconstruire le pays. Composée d’Italiens,
d’Espagnols et de Polonais, cette population
étrangère s’est en grande partie
intégrée en France en adoptant la
nationalité française. La France comptait environ
3 millions d’étrangers
en 1930 ;
- la troisième vague date
d’après 1945. Dans un contexte de
reconstruction et de forte croissance économique, la
France fait de nouveau appel aux étrangers. Les nouveaux
flux d’immigration proviennent non plus d’autres
pays européens (où la transition
démographique est terminée) mais
d’anciennes colonies (qui entament le processus de
transition démographique). Les immigrés de cette
troisième vague sont essentiellement des
Maghrébins dans les années 1960-1970 puis
des Noirs africains dans les années 1980. Il
convient de signaler le flux portugais entre 1974
et 1980 lié à la disparition du
régime autoritaire de Salazar.
Les structures par sexe montrent des populations plus masculinisées. Cela s’explique par le fait que les hommes migrent en premier et sont ensuite rejoints par les familles (quand ils en ont une). En 1999, on comptait 120 hommes pour 100 femmes.
Ces populations sont également plus jeunes. Cela résulte de la conjonction de deux facteurs : la migration est le fait de jeunes adultes et les couples récemment arrivés conservent leurs comportements démographiques d’origine, ce qui explique un indice de fécondité (nombre d’enfants par femme en âge de procréer) élevé (il était de 4,2 enfants par femme algérienne en 1990 par exemple).
– Des particularismes qui tendent à
disparaître
Cependant, l’assimilation des étrangers est un
phénomène culturel complexe qui a des
répercussions démographiques. Les
démographes s’aperçoivent que les
étrangers assimilent en deux générations
les comportements démographiques français. Cela
signifie que l’indice de fécondité chute et
que progressivement ces populations vieillissent. Cela peut
s’avérer à terme être un
problème car le vieillissement de la population
française est actuellement limité par la jeunesse
de la population étrangère. Mais celle-ci
commence à vieillir, ce qui ne fera qu’aggraver la
situation de la France face au vieillissement.
On la retrouve dans les grands bassins d’emplois de l’Ile-de-France, du Nord-Pas-de-Calais, de la Lorraine, du Rhône-Alpes et de la Provence-Alpes-Côte d’Azur. La plus forte concentration se retrouve en région parisienne qui représente environ le tiers des étrangers vivant en France loin devant Lyon Marseille ou Lille. 91 % des étrangers vivent en ville. Seuls 9 % vivent dans les zones rurales. En réalité la plupart vivent dans les zones périurbaines. Très rares sont ceux qui vivent et travaillent dans les campagnes comme ouvriers agricoles (Languedoc-Roussillon et Midi-Aquitain).
– L’explication : les facteurs
économiques
Les étrangers résident en France essentiellement
pour des raisons économiques.
Aussi on les retrouve dans les régions qui offrent le
plus d’emplois dans les secteurs secondaires et
tertiaires où la plupart exercent des
« petits » métiers (métiers
de force : 21 % travaillent dans le BTP, 26 %
dans le secondaire et 50 % dans le tertiaire
essentiellement dans le service marchand).
97 % des étrangers travaillent donc dans des
activités urbaines, ce qui explique
l’inégale distribution des étrangers sur le
territoire.
A cause d’un faible accroissement naturel, la France fait appel depuis longtemps à la main-d’œuvre étrangère. Celle-ci est nécessaire à la bonne marche de l’économie dans notre pays. Mais la main-d’œuvre étrangère a profondément évolué depuis le XIXe siècle. Il faut en effet distinguer trois grandes périodes d’ouverture des frontières qui correspondent à trois moments où le besoin en main-d’œuvre s’est fait particulièrement criant. Au-delà des discours plus ou moins fondés, il est important de reconnaître les spécificités et l’évolution de cette population qui reste actuellement nécessaire à la France pour deux raisons majeures : répondre à une demande économique et rajeunir la population française.

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