1. Les fonctions des centres anciens
Depuis 1945, les centres historiques enregistrent un profond
déclin démographique. La faible
fonctionnalité de l'espace puis la spéculation
immobilière ont chassé plus de 50 % des
habitants vers les quartiers périphériques et les
banlieues tandis que les centres anciens devenaient le
siège des bureaux et des commerces à
fréquentation plus exceptionnelle.
a. Pôles structurants
Depuis leurs fondations antiques ou médiévales, les
centres historiques marquent encore l'occupation de l'espace
d'une agglomération par l'organisation de sa structure
viaire : elle est fonction de la topographie dans la mesure
où le centre ancien est souvent situé en hauteur
par rapport aux premiers faubourgs (oppida de Laon,
Brive).
Elle dépend également du plan originel de la
cité et nombreuses sont les villes françaises
où l'on parvient encore à lire l'agencement
orthogonal romain (Orange, Arles) cerné par les
auréoles périphériques et concentriques des
enceintes médiévales (Nîmes, Chartres),
tandis qu'à chaque porte des voies organisées en
étoile s'écartent du centre ancien pour
décrire les principales dessertes des faubourgs puis des
banlieues actuelles (Avignon, Rouen). Le centre ancien n'est
désormais plus qu'un quartier de la ville même s'il
n'est pas un quartier comme les autres...
b. Des fonctions entre desserte et fonctionnalité
L'explosion du secteur tertiaire, la généralisation
de l'automobile, la rurbanisation des citadins sont autant de
facteurs qui ont rendu les centres anciens peu fonctionnels. On
peut faire une typologie des centres anciens ou plus exactement
des villes à centre ancien. On distingue ainsi :
- la ville-centre, préfecture de province
érigée en potentat urbain local, ville moyenne
où le centre-ville se confond avec le centre
ancien ;
- la grande ville, capitale régionale,
organisée en auréoles urbaines concentriques depuis
un centre ancien exigu qui ne peut plus répondre aux
exigences de la modernité et auquel se sont
substitués un premier puis un second centre-ville entre la
fin du XIXe siècle et les
années 1970 (Bordeaux, Lyon).
2. La renaissance des centres anciens
Alors que la plupart des fonctions tertiaires de commandement
désertaient les centres anciens des principales villes au
milieu des années 1970 pour créer une nouvelle
dynamique de centre ville à la périphérie
d'un front pionnier urbain situé entre faubourg et
banlieue (La Défense, la Part-Dieu), les centres anciens
enregistraient une renaissance concomitante en dépit d'une
évidente déprise démographique.
a. Objets psychologiques de la conservation
Depuis l'instauration de la loi Malraux sur la conservation des
centres anciens et sa première application
dès 1963 au Schéma Directeur
d'Aménagement Urbain du centre historique lyonnais
(quartier Saint-Jean), les centres anciens sont l'objet de toutes
les attentions : il n'est plus une ville fondée
avant 1900 qui ne mette en valeur par quelque
Opération Programmée d'Amélioration de
l'Habitat son centre historique, qui ne désigne
parfois que quelques bâtiments à peine
antérieur à 1800 (Saint-Etienne). L'enjeu
économique est d'importance.
b. Inimitables cartes de visite
Les municipalités strasbourgeoise ou toulousaine l'ont
compris : la reconnaissance de leur cité passe
invariablement par la renaissance des centres anciens, obole
d'éternité dans un univers qui ne veut plus
vieillir comme il s'attache toujours plus à son
passé. Le classement par L'UNESCO au titre de patrimoine
de l'humanité a relancé le tourisme à Lyon.
Là aussi réside probablement l'avenir des centres
anciens dont la restauration in extenso et la mise en
valeur d'un patrimoine architectural répond à une
demande comme il la suscite. A ce titre, le contrat de ville
moyenne devrait être une règle absolue dans les
secteurs urbanisés à haut potentiel touristique.
Arles et Vienne devraient s'en souvenir...
L'essentiel
Toute chose étant relative, la plupart des villes
françaises se sont moulées autour d'un centre
historique souvent antérieur au XIXe
siècle. Un monument d'importance locale ou nationale,
une place et les rues qui y convergent en constituent le noyau
central auquel une agglomération entière
s'identifie.