Cannibale, Didier Daeninckx - Maxicours

Cannibale, Didier Daeninckx

Objectif :
Découvrir le roman Cannibale et le regard de l’Europe sur les peuples noirs, dans les années 1930.
Paru en 1998, Cannibale dénonce le scandale des zoos humains qui ont été l’une des attractions de l’exposition coloniale à Paris en 1931.
1. L'auteur
Didier Daeninckx est né en 1949. Écrivain français de romans noirs, nouvelles, essais et scenarii, il s’attache à dénoncer et à combattre l’injustice, le négationnisme, le racisme et plus généralement la violence faite aux plus faibles. Il est aujourd’hui journaliste, notamment sur un site Internet d'enquêtes et d'investigations (amnistia.net). Lauréat de très nombreux prix littéraires, il définit son rôle d’écrivain ainsi : « Pour moi, c’est une maxime d’écrivain : être un homme contre. »

Parmi ses œuvres, on peut lire, entre autres : Mort au premier tour, son premier roman, Négationnistes, Les Chiffonniers de l'Histoire, Missak, l'enfant de l'Affiche rouge, (dessins de Laurent Corvaisier, Prix de la Presse des jeunes).

Doc.1. Portrait de Didier Daeninckx, 2007
2. Le roman
En 1998, à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, Didier Daeninckx crée une pièce radiophonique pour France Culture, Des Kanaks à Paris, inspirée de son roman Cannibale.
a. Le résumé
Dans la Nouvelle-Calédonie en lutte pour son indépendance à la fin des années 1980, Francis Carroz, un homme blanc, conduit dans son 4x4 son vieil ami kanak, Gocéné, qui veut rejoindre Tendo son village. Ils sont alors stoppés par des indépendantistes kanaks qui interdisent à Francis d’aller plus loin. Gocéné laisse son ami repartir et commence à raconter aux rebelles sa vie et celle des siens.

En 1931, une vingtaine de jeunes (dont Gocéné) sont emmenés de Nouvelle-Calédonie à Paris. Dans ce groupe se trouve aussi Minoé, sa promise. Après un effroyable voyage où trois de leurs camarades trouvent la mort, les jeunes Kanaks sont parqués au bois de Vincennes, dans un décor de village calédonien, afin d’y représenter leur île pour l’exposition coloniale. Au milieu d’un gigantesque zoo, peuplé d’animaux sauvages et d’autres indigènes des colonies françaises, ils sont « dressés » à jouer aux sauvages pour distraire les visiteurs. Une pancarte indique : « Hommes anthropophages de Nouvelle-Calédonie ».

Quelques jours avant l’inauguration, les crocodiles du marigot voisin meurent. Les organisateurs décident alors d’échanger avec un zoo allemand de nouveaux crocodiles contre une partie de la troupe kanake. Parmi cette troupe en partance pour l’Allemagne se trouve Minoé. Fidèle à la promesse qu’il a faite à son père de la protéger, Gocéné et son ami Badimoin partent à la poursuite de la jeune fille.
S’engage alors une folle course dans Paris, où les deux amis découvrent et s’effraient de cette ville si différente de leur terre natale. Poursuivis par des policiers, Badimoin et Gocéné trouvent refuge dans le métro, grâce à la complicité de Fofana, un ancien tirailleur sénégalais qui a vu tous ses camarades tomber à Verdun durant la Première Guerre mondiale. Grâce aux renseignements de Fofana, les deux amis kanaks apprennent que le train emmenant Minoé et ses amis est déjà parti et que le prochain en direction de l’Allemagne ne part que trois jours plus tard. Revenus au bois de Vincennes afin de convaincre les organisateurs de l’exposition de ramener leurs frères, les deux amis se font surprendre par les policiers français qui tirent sur Badimoin et le tuent. Un autre policier qui s’apprête à tirer sur Gocéné est stoppé par un visiteur qui lui sauve la vie. Cet homme est arrêté et condamné à 3 mois de prison, et Gocéné à 15 mois d’enfermement à Fresnes.

Le vieux Gocéné termine son histoire en précisant que celui à qui il doit la vie n’est autre que l’homme blanc qui l’accompagnait et qui a été refoulé par les deux rebelles kanaks. Il s’agit de Francis Carroz, retraité de la compagnie du gaz à Paris qui, en 1931, a empêché qu’un policier français tire sur un Kanak qui ne voulait que sa liberté et celle de son peuple.
b. Les thèmes
L’histoire de la Nouvelle-Calédonie
Proclamée colonie française en 1853, la Nouvelle-Calédonie est entièrement soumise au pouvoir de l’administration métropolitaine, ainsi qu’à la domination des colons français. En 1931, date de l’exposition coloniale, les indigènes ne jouissent que d’un statut de citoyen de seconde zone. Ils n’ont aucun droit civique et doivent obligatoirement vivre dans des réserves.
L’auteur décrit les barrages qu’installent les rebelles kanaks en lutte pour leur indépendance entre 1984 et 1988. La violence de ce combat culmine en 1988, avec le massacre de la grotte d’Ouvéa, où sont morts 19 Kanaks et 2 militaires. Suite aux accords dits de « Nouméa », la Nouvelle-Calédonie, tout en étant rattachée à la France, jouit actuellement d’un statut d’autonomie politique et économique.

La France coloniale
Doc.1. Exposition coloniale à Paris : vue du pavillon de la Belgique et des représentants de la colonie (Congo)
(Illustration tirée de « Le Petit Journal illustré » de 1931)

L’exposition coloniale de 1931 à Paris est une vitrine de la grandeur française. Le sort que connaissent Gocéné et Badimoin est le sort de milliers d’indigènes, déportés en métropole afin de montrer à la population française les richesses de ses colonies. L’auteur décrit avec insistance le regard méprisant que l’Europe porte sur ces populations dites « sauvages ». Il met aussi l’accent sur la chanson officielle de l’exposition coloniale : « Nénufar ». L’homme noir y est décrit comme un sous-homme, dépourvu de culture, de sentiments, de conscience. Il est vu comme un grand enfant, naïf et bête qui doit tout à la puissance colonisatrice. L’auteur insiste sur ce rapport entre la métropole et les colonies avec le personnage de Fofana, tirailleur Sénégalais, qui représente les milliers d’Africains et d’Asiatiques forcés à se battre dans les tranchées lors de la Première Guerre mondiale. On estime à plus de 70 000 le nombre de victimes de ces bataillons d’hommes venus des colonies.
L'essentiel
Didier Daeninckx, dans son roman Cannibale, en racontant l’histoire touchante et tragique de deux personnages Gocéné et Badimoin, rappelle ce qu’a été la honte des zoos humains de l’Europe des années 1930. Dans ce réquisitoire contre l’ignorance et la barbarie qu’elle engendre, l’auteur interroge l’histoire sur le pouvoir des puissants sur les plus faibles.

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