Bernard de Clairvaux et la deuxième croisade
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- Connaître une figure clé de la deuxième croisade : Bernard de Clairvaux.
- Comprendre les enjeux cette croisade
- Suite à la chute d’Edesse qui menace tous les États latins d’Orient, Bernard de Clairvaux, haute autorité morale de la chrétienté du XIIe siècle, lance à la demande du pape la deuxième croisade.
- Il contribue fortement à une levée en masse en Occident et au lancement de deux énormes expéditions, française et allemande.
- Après avoir déstabilisé l’Empire byzantin, la croisade est un fiasco complet.
À la fin du XIe siècle, la première croisade a entrainé la création par les occidentaux des États latins d'Orient à l’est de la Méditerranée :
- le comté d’Édesse ;
- la principauté d’Antioche ;
- le comté de Tripoli ;
- le royaume de Jérusalem.
Cependant, ces territoires sont encerclés par des territoires musulmans et sont difficiles à défendre.
Les musulmans menés par Zengi, de Mossoul, reprennent Édesse en 1144 et menacent Antioche. Zengi meurt cette même année, mais son fils Nur ed Din, roi d’Alep, veut poursuivre l’œuvre de son père et annexer les États latins.
Les chevaliers francs de ces territoires se tournent vers l’Occident et appellent à l’aide. Pressé par Louis VII, roi de France, le pape Eugène III lance en décembre 1145 un appel à la croisade pour sauver les États latins.
Eugène III est alors en difficulté en Italie et s’inquiète en particulier du roi Roger II de Sicile. Le pape demande donc à Bernard de Clairvaux, son ancien supérieur à l’abbaye de Clairvaux, de prêcher la croisade à sa place.
Saint Bernard de Clairvaux
Bernard de Clairvaux jouit d’un immense prestige en Occident. L’abbé cistercien, fondateur de l’abbaye de Clairvaux, a alors 55 ans. À la tête de l’ordre cistercien qu’il a développé dans toute l’Europe, il est écouté des puissants et est l’une des plus hautes autorités morales de l’époque. Il entretient des liens étroits avec les États latins d’Orient, notamment avec l’ordre des Templiers.
En mars 1146, en Bourgogne, devant la colline de Vézelay, où Louis VII a réuni une assemblée de barons, Bernard de Clairvaux galvanise une foule immense par son prêche. Il multiplie les lettres aux abbés de tous les monastères cisterciens et aux grands vassaux du Roi. Il parvient ainsi à mobiliser des combattants, mais aussi des gens issus de toutes les couches sociales.
Bernard de Clairvaux prêche pour la deuxième croisade, gravure d'après Alphonse de Neuville, 1881 ǀ © iStock – ZU_09
À la fin de l'année 1146, Bernard de Clairvaux est appelé en Allemagne pour mettre un terme au désordre causé par un moine de son ordre, Rodolphe. Ce prédicateur fanatique, touché par la propagande de Bernard de Clairvaux, a lui aussi excité des foules considérables, mais contre les juifs d’Allemagne.
Bernard fait enfermer Rodolphe, mais ces foules fanatisées risquent de semer de nouveaux désordres. Bernard fait tout pour les orienter vers les États latins et finit par convaincre l’empereur germanique lui-même, Conrad III, qui s’engage avec ses plus grands barons en décembre 1146, lors de la Diète de Spire.
Bernard sillonne l’Allemagne et déchaine les foules, qui ne comprennent pourtant ni le latin, ni le français. La croisade devient une grande entreprise internationale et populaire, menée par les deux plus grands princes d’Occident.
Bernard rentre à Clairvaux en février 1147, auréolé de gloire. Le pape Eugène III aurait préféré que Conrad III ne parte pas, pour avoir son appui contre Roger II de Sicile, mais la ferveur populaire et le prestige de Bernard sont tels en Occident qu’il n’a pu désavouer l’initiative du prédicateur.
L’empereur de Byzance, Manuel Comnène, est bien plus inquiet encore. Ces immenses foules occidentales, composées de chevaliers, de pauvres sans ressources, mais aussi de personnes instables en quête d’absolution, vont traverser son territoire. Malgré toutes ses précautions, Manuel ne peut éviter pillages, destructions, et parfois même les viols et les meurtres sur leur passage dans les territoires européens de Byzance.
Les rapports entre Grecs et Occidentaux sont au plus bas. Quand l’armée française arrive après les Allemands à Constantinople, elle découvre avec fureur que Manuel a signé une trêve avec les Turcs, moins dangereux pour lui que ces encombrants Occidentaux.
Le roi Manuel Comnène se débarrasse vite de ses dangereux hôtes en leur fournissant guides et vivres. L’armée allemande, à peine arrivée en Anatolie, est écrasée à Dorylée.
Conrad III, accompagné des quelques survivants de la bataille, rejoint l’armée de Louis VII de France à Ephèse, puis tombe malade. Manuel Comnène le fait soigner et lui offre des navires pour qu’il gagne la Palestine.
L’armée française est elle aussi malmenée par les Turcs en Anatolie. Ce n’est que vers Pâques 1148 que ce qui reste de la grande armée arrive à Antioche.
Louis VII au mont Cadmos, pendant la bataille du défilé de Pisidie, gravure d'après Gustave Doré, 1877 ǀ © iStock – duncan1890
Mais au lieu d’attaquer Nur ed Din à Alep, comme le lui demande le prince Raymond d’Antioche, Louis VII préfère se rendre à Jérusalem. Son épouse, la reine Aliénor d’Aquitaine, refuse de le suivre et demande le divorce ! Louis VII l’y emmène de force et rejoint Conrad III.
Les armées réunies peuvent enfin préparer une attaque d’envergure. Mais, mal conseillés, les Occidentaux se tournent contre Damas, qui est pourtant la capitale du seul État musulman hostile à Nur ed Din. Le siège de la ville ne dure que 4 jours, en juillet 1148. L’armée occidentale, impuissante, renonce et lève le siège.
Les deux rois rentrent chez eux, ruinés et déconsidérés. Des milliers d’Occidentaux sont morts lors de la croisade, d’épuisement, d’insolation, de fièvres, de soif, ou sous les coups des Turcs ou de bandes nomades. Le fiasco est complet.
Le fiasco retombe en partie sur Bernard de Clairvaux. Celui-ci, épuisé, sombre dans une profonde amertume, mais se joint à un courant favorable à un nouveau projet de croisade, cette fois-ci contre Byzance, considérée comme l’obstacle principal à un succès en Terre sainte.
Mais Conrad III, devenu proche de Manuel Comnène, ne veut pas en entendre parler. Le projet n’aboutit pas.
Bernard meurt à Clairvaux en 1153. Son prestige n’est qu’à peine entaché. Il sera canonisé une vingtaine d’années plus tard et deviendra donc Saint Bernard de Clairvaux.
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