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Utopies urbaines et progrès

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Objectif 
Montrer que certaines utopies urbaines du début du 20e siècle se sont avant tout alignées sur le progrès technologique, posant comme une impérieuse nécessité la création de villes nouvelles plutôt que l'adaptation des villes anciennes.
Au début du 20e siècle, le progrès, l'industrialisation, l'avènement de la machine poursuivent leur oeuvre entamée au siècle précédent. La ville change et se développe de manière irrationnelle et incontrôlée : les ruraux continuent d'affluer en masse, sans que l'on sache bien où les loger. De nouvelles questions surgissent quant à la manière d'intégrer les fruits du progrès, comme l'automobile, à la bonne marche de la société. Ou n'est-ce pas la ville qui doit s'adapter aux nouvelles machines ? Il s'agit donc d'une époque propice à toutes les utopies, où chacun peut proposer sa solution. Or, ce seront les urbanistes les plus résolument engagés dans la marche du progrès, comme l'espagnol Soria y Mata ou l'italien Sant'Elia, qui marqueront plus profondément l'imaginaire de leurs contemporains, malgré (ou à cause de) la réticence naturelle de l'homme à affronter le changement.
1. Soria y Mata et « la ville linéaire »
a. La genèse du projet : répondre au problème du mal urbain
L'espagnol Arturo Soria y Mata (1844-1920), veut résoudre les problèmes de circulation en ville qui étaient, selon lui, à l'origine du mal urbain. En 1882, après avoir préconisé l'élargissement des principales rues de Madrid et la création de transports en commun, il poussa son raisonnement jusqu'à suggérer la fondation de « villes linéaires ».
b. Le projet de « la ville linéaire »
Il s'agissait en fait de bâtir une ville le long d'un axe faisant une cinquantaine de mètres de large.

Bordés par la campagne, les bandes de maisons et les îlots urbains disposés de part et d'autre de la route ne pourraient guère se développer en largeur, la ville ne pouvant croître qu'en longueur.

Sur la route serait construite une ligne de chemin de fer sur laquelle circuleraient des tramways le jour, des trains de marchandises la nuit. Le but d'un tel agencement était de permettre aux habitants de gagner du temps dans leurs déplacements. La ville pouvant se développer indéfiniment en longueur, les problèmes de dilatation anarchique des cités modernes étaient résolus : il n'y aurait plus de centre, plus de périphérie.

c. Les obstacles à la réalisation de « la ville linéaire »
Pourtant, l'artificialité du plan, la monotonie inhérente à un tel environnement, la difficulté de se déplacer à pied le long d'un axe unique et infini furent autant d'obstacles à sa réalisation, de même que le désir de Soria y Mata de voir modifier le système de propriété, afin de permettre les innombrables expropriations nécessaires à son projet.

Aussi les autorités ne firent-elles rien pour aider l'ingénieur, qui dut réviser à la baisse ses ambitions, pour finalement ne voir construits que cinq kilomètres de sa « ville linéaire », vite absorbés par l'extension de l'agglomération madrilène.

2. La Città Nuova de Sant'Elia
a. Sant'Elia futuriste
Sant'Elia adhéra en 1914 au mouvement futuriste italien. Le futurisme avait été lancé par le poète Tommaso Marinetti (1876-1944) en 1909 par la publication, notamment dans le Figaro, du Manifeste du futurisme. Celui-ci était extrêmement véhément à l'égard de la culture occidentale vieillissante, et s'en remettait entièrement au progrès et à l'avènement inéluctable de la machine.

Tommaso Marinetti souhaitait tourner définitivement le dos à l'Italie figée des musées et des trésors de l'architecture pour créer un monde nouveau dédié au mouvement et à la vitesse. Il réunît d'abord des peintres qui, tels Giacomo Balla et Umberto Boccioni, travaillèrent essentiellement sur le rendu du mouvement en peinture, notamment le mécanisme de la marche (Chien en laisse, 1912), étant en grande partie inspirés par les évolutions récentes du cinématographe. Les nouvelles idoles des futuristes se nommaient donc automobile, locomotive, aéroplane.

La Città Nuova de Sant'Elia, qui avait déjà fondé un groupe d'architectes nommé « Nouvelle Tendance », séduisit donc Marinetti. En juillet 1914 parut le Manifeste de l'architecture futuriste écrit par Sant'Elia, dans lequel il sautait le pas en proposant que la ville et la machine ne fassent plus qu'une.

b. La Città nuova, réunion de la ville et des machines
Sant'Elia était fondamentalement animé par la volonté de produire des formes entièrement nouvelles qui ne devraient rien au passé. Il considérait en effet que seule une architecture et une ville reparties de zéro pouvaient être compatibles avec les innovations technologiques et les nouvelles conditions de vie que ces dernières promettaient. Ainsi, le jeune architecte avait pensé à tout.

Sur les dessins apparaît une ville à plusieurs niveaux, animée par le mouvement perpétuel. La circulation se fait tant en sous-sol (trains souterrains), en surface (circuits automobiles) que dans les airs (avions pour lesquels sont conçus des plates-formes).

Les déplacements des piétons sont facilités par des escaliers mécaniques et des ascenseurs.
Sant'Elia voulait que les maisons de ciment, de verre et d'acier, libérées des ornements superflus, simples et modernes, s'élèvent haut au dessus de ces rues multidimensionnelles. Il évoqua même la « maison-machine », mais aussi l'utilisation de matériaux légers et flexibles permettant à l'architecture d'entrer dans une phase de mobilité et de dynamisme ; c'est dans cette même logique qu'il suggéra que l'architecture fut éphémère et renouvelable par chaque génération émergente, en fonction de besoins nouveaux.

c. La Città nuova, un projet futuriste avorté
Sant'Elia anticipa de plusieurs décennies certains concepts récents de l'architecture contemporaine et annonça bon nombre des utopies urbaines défendues par les auteurs de science-fiction.

Si ses dessins, par la forme qu'il confère à ses bâtiments, doivent souvent beaucoup à ce qu'il put entrevoir et rêver de l'architecture américaine, comme le film de Fritz Lang Metropolis quelques années plus tard, ses idées vont au-delà de ce que nombre d'architectes et d'urbanistes de son temps avaient imaginé.

Cependant, Sant'Elia devait mourir à vingt-huit ans, en 1916, tué sur le front autrichien, dans une guerre où la machine, idolâtrée par les futuristes, montra toute l'ampleur de son pouvoir de destruction.
Le projet de la Città Nuova (« la ville nouvelle »), plus radical et plus cohérent que le projet de Soria y Mata, resta sous la forme de centaines de dessins.

Le futurisme architectural continua pourtant sur sa lancée, se rapprocha du courant fonctionnaliste international des années 20 (le Bauhaus, le Stilj, etc), mais ne renoua jamais avec l'utopie de Sant'Elia, qui voulait réconcilier l'homme et la machine.

L'essentiel

Certaines utopies urbaines du début du 20e siècle naquirent des anticipations des urbanistes et des architectes quant aux problèmes qui surgiraient de ce que les villes anciennes n'avaient pas été conçues pour accueillir les innovations technologiques qui, tels l'automobile, l'avion, les télécommunications, n'en étaient pourtant qu'à leurs balbutiements. Or, certains proposèrent une solution radicale : les villes devaient s'adapter aux innovations, et non l'inverse, ce qui impliquait la fondation de cités entièrement nouvelles, bâties en fonction et autour de la machine, comme le suggéra l'espagnol Soria y Mata, ou devenant machine elle-même, comme la Città Nuova de l'architecte futuriste italien Sant'Elia.

Dans ces cités avant-gardistes, la vitesse était une notion centrale.

Restés à l'état d'ébauches, ces projets irréalisables avaient le tort de ne pas prendre en compte les aspirations réelles des populations, annonçant en cela une tendance générale des acteurs de l'urbanisme du 20e siècle, dit « fonctionnaliste » qui, du Bauhaus à Le Corbusier, prétendirent savoir mieux que l'homme ce qui était bon pour lui ; cela se traduisit finalement par l'édification des grands ensembles. Mais à ces utopies progressistes répondirent des théories plus scientifiques, prônant notamment l'analyse et la réhabilitation des villes anciennes, ainsi que les utopies « désurbanistes », et non moins arbitraires, qui proposaient la dissolution pure et simple de la ville dans la nature.

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