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Les utopies urbaines de le Corbusier

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Objectif
Montrer qu'au travers de ses projets de villes nouvelles, jamais pleinement réalisés, Le Corbusier s'est inscrit dans la longue lignée des utopistes contrariés.
Architecte, peintre, théoricien et écrivain suisse, Charles Jeanneret, dit Le Corbusier (1887-1965), s'initie à l'architecture à l'Ecole des arts décoratifs de La Chaux-de-Fonds, puis en 1909-1910 dans le cabinet d'Auguste Perret à Paris ; il ira aussi en Allemagne, en 1911, chez Peter Behrens. Poursuivant son apprentissage, il parcourt l'Europe jusqu'à Constantinople.De retour à Paris en 1917, Jeanneret fonde le « purisme » avec le peintre Amédée Ozenfant, doctrine diffusée dans leur revue L'Esprit nouveau et qui vise à réconcilier le conflit apparu au début du siècle entre progrès technique et créativité artistique.Traitant de tous les arts, les articles écrits par Jeanneret et Ozenfant, sous leurs pseudonymes respectifs de Le Corbusier-Saugnier, sont particulièrement remarqués lorsqu'ils abordent l'architecture. Ces articles seront réunis dans l'ouvrage Vers une architecture (1923), signé du seul Le Corbusier, dans lequel ce dernier opère une synthèse de tous les courants d'avant-garde en matière d'architecture et d'urbanisme, depuis Tony Garnier jusqu'au futurisme italien. Déjà son esprit méthodique, fasciné par l'ordre et l'autorité, vise à faire de toutes ces théories disparates un ensemble ordonné, puis un dogme rigide. C'est en fonction de cette doctrine rationaliste que Le Corbusier proposera plusieurs projets urbanistiques, dont les plus fameux seront « le plan Voisin » et « la ville radieuse ».  
1. Le « plan Voisin » pour Paris
En 1922, Le Corbusier fait sa première proposition de plan pour « une ville contemporaine de trois millions d'habitants ». Il prétend notamment remplacer le centre traditionnel de la plupart des grandes villes européennes par un ensemble de 24 gratte-ciel de bureaux de 60 étages, bâtis sur plan cruciforme, qui accueilleraient chacun de 10 000 à 50 000 employés, le tout au centre d'un vaste espace vert.

Bien qu'il anticipe sur les futurs centres d'affaires du type La Défense, Le Corbusier s'inspire de Manhattan, mais aussi, d'ailleurs sans s'en cacher, des villes-tours d'Auguste Perret, dans lesquelles tout l'habitat est concentré verticalement. Autour du centre sont construites des unités d'habitation d'une douzaine d'étages, dotées de services collectifs, ainsi que des « immeubles-villas » renfermant des espaces verts, tous ces principes découlant, là encore, de propositions déjà formulées par d'autres avant lui.

C'est en 1925 que Le Corbusier reprend son projet pour en faire le « plan Voisin » pour Paris. Il y propose l'implantation de 18 tours de bureaux de 200 mètres de haut en plein coeur de Paris, face à l'île Saint-Louis, ce qui obligerait à raser une bonne partie du Marais et du quartier Saint-Paul, alors insalubres.

Le scandale ne manque pas d'éclater, consacrant Le Corbusier chantre du progressisme destructeur. Ce dernier n'abandonnera pourtant pas la partie, puisque tous ces travaux n'auront été que l'esquisse de son grand projet qu'il nommera « ville radieuse » en 1930.

2. La « ville radieuse »
a. Les principes de la ville radieuse
La « ville radieuse » est constituée de tous les grands principes énumérés par Le Corbusier, qu'il aura toujours du mal à appliquer dans la réalité. Dans tous ses ouvrages, et notamment La Ville radieuse (1935), Le Corbusier proclame, jusqu'à l'aveuglement, le retour à la géométrie, aux lignes droites, à la standardisation de ce qui constitue la ville et l'habitat.

Adversaire farouche de la banlieue et des maisons individuelles, il entend densifier le centre-ville au maximum en regroupant 1600 habitants par unité d'habitation, haute chacune de 50 mètres et séparée des autres par 150 mètres d'espaces verts. Le Corbusier détermine sept types de voies de circulation (« la règle des 7 V ») pour circulation motorisée ou piétonnière, rapide ou ralentie, etc.

L'architecte devenu théoricien classifie tout et voit en l'homme un être qui n'a que peu de besoins, toujours les mêmes quel qu'en soit le pays, « les hommes étant tous faits dans le même moule ». Ce qui explique qu'il resservira son projet de « ville radieuse » au gré de ses nombreux voyages, à Anvers, Barcelone ou Rio. Mais c'est avant tout en France qu'il tentera de faire accepter le projet, en totalité ou en partie.

 

b. Ebauches et accueil de la ville radieuse
Certaines de ses réalisations, comme le pavillon suisse de la cité universitaire de Paris (1930-1932) dont les éléments standards ont été préfabriqués en usine pour être assemblés sur place, servent d'ébauche à l'unité d'habitation de la « ville radieuse ».

De 1945 à sa mort en 1965, Le Corbusier proposera plusieurs fois sa « ville radieuse », suscitant à chaque fois rejet et incompréhension. En 1945, au lendemain de la guerre, deux chantiers de reconstruction lui sont proposés, mais à Saint-Dié (Vosges) comme à La Pallice (près de La Rochelle), ses projets de « ville radieuse » sont sévèrement repoussés. Le projet de Saint-Dié prévoyait quatre unités d'habitation avec services communs regroupant 6000 personnes, 4000 autres habitants se trouvant répartis dans une cité-jardin horizontale, le tout séparé des usines par la rivière.

Dans les années qui suivront, Le Corbusier devra se contenter d'unités d'habitations isolées, sorties de leur contexte et vouées à l'échec. L'unité d'habitation la plus fameuse sera celle de Marseille, proposée en 1947 et achevée en 1952, qui soulèvera des tempêtes d'indignation parmi les architectes, les journalistes relayant la polémique.

 

3. L'unité d'habitation de Marseille
Reprenant la vieille idée de la maison commune du phalanstère, élaborée dès le 19e par les premiers utopistes socialistes et reprise par les soviétiques (c'est en URSS que Le Corbusier réalise son premier immeuble collectif, le Centrosoyouz, à la fin des années 20) l'unité d'habitation est, dans l'esprit de Le Corbusier, la pierre angulaire de la cité radieuse. Elle est elle-même conçue comme une petite ville autonome et verticale.

A l'origine, l'unité de Marseille comportait une allée commerçante intérieure à mi hauteur du bâtiment, une école maternelle sur le toit, un gymnase, des salles de réunions, un restaurant.

Mais l'idéal de vie communautaire est vite trahi quand en 1954 l'Etat, propriétaire des locaux, vend ceux-ci, appartements compris, à la seule exception de la maternelle. Les prolétaires, à qui Le Corbusier destinait l'unité d'habitation, cèdent alors la place à des cadres supérieurs et des professions libérales. Quant au parc au centre duquel l'unité d'habitation devait demeurer, il a disparu sous le béton.

D'autres unités d'habitation seront pourtant bâties, à Nantes (1952-1955), Berlin (1956-1957) ou Briey-la-Forêt (1957-1959), mais la « ville radieuse » elle-même ne verra jamais le jour.

 

L'essentiel

Comme de nombreux utopistes, Le Corbusier restera incompris toute sa vie. Aussi audacieux que ses projets ont pu paraître, ils ont eu le mérite de proposer des solutions aux problèmes urbains. Le Corbusier a en effet pratiqué, dès ses premiers articles dans la revue L'Esprit nouveau, une synthèse des principales idées urbanistiques de ses prédécesseurs et contemporains. Il en tirera deux grands projets urbanistiques, s'inspirant notamment de Tony Garnier, mais aussi des maisons communes soviétiques : le « plan Voisin pour Paris » et la « ville radieuse ».

Son seul tort sera d'avoir été trop dogmatique, ce qui le fera passer pour un progressiste sans nuance, aveugle aux besoins réels de l'homme. Ses projets resteront donc à l'état de plan, seuls des unités d'habitation isolées, coupées de leur contexte, étant édifiées ça et là.

L'architecte Le Corbusier a cependant été aussi brillant qu'il a été rejeté, et l'urbaniste frustré a tout de même laissé quelques réalisations remarquables, comme la ville de Chandigarh, capitale du Penjab indien, dont il a reçu la commande en 1951, ville découpée en secteurs autonomes de 5000 personnes.

En fait, ce seront surtout les continuateurs de Le Corbusier, architectes sans inspiration, qui porteront préjudice à ses idées : l'interprétation réductrice qu'ils en feront les conduira à l'édification des cités-dortoirs de banlieues. L'urbaniste Marcel Poëte avait anticipé la catastrophe, prévenant, dans Introduction à l'urbanisme (1929) : « Il n'y a pas de pire danger, en urbanisme, que de vouloir mettre en pratique le Manuel du parfait urbaniste ».

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