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Le bonheur de vivre

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Objectif 
Evoquer Le Bonheur de vivre, toile peinte en 1905-1906 par Matisse ; analyser l'évolution vers l'apaisement dans la manière de peindre de Matisse, évolution notamment inspirée par la redécouverte des tableaux d'Ingres.
Matisse se serait bien passé du succès de scandale du Salon d'automne de 1905, qu'il estime fondé sur un malentendu : il n'a pas voulu heurter le spectateur mais seulement exprimer ses sensations de la manière qu'il a alors jugé la plus pure. Il se remet donc au travail et la toile de grandes dimensions (238 x174 cm) qu'il peint fin 1905, début 1906 : Le Bonheur de vivre, marque véritablement, selon lui, le début de son oeuvre.Le Bonheur de vivre, renommé plus tard La Joie de vivre, relève du même état d'esprit, que Luxe, calme et volupté, tourné vers l'apaisement.Cependant le traitement est radicalement différent de tout ce que Matisse a fait auparavant : manifestation par la synthèse de tout ce qu'il a pu comprendre des oeuvres de Cézanne, de Gauguin, de Signac, mais aussi d'Ingres (1780-1867), le grand peintre classique du 19e siècle, dont il a vu les toiles au Salon d'automne, non loin des siennes. Cézanne et Gauguin 
1. Le retour de la ligne
Dans un paysage idéalisé, évoquant tant l'Age d'or de l'Antiquité que les « pastorales » du 18e siècle, hommes et femmes nus se prélassent ou s'embrassent ; certains jouent de la flûte ; au fond de la clairière, encadrés par la frondaison des arbres, un groupe de danseurs forme une ronde.

Les rose, vert, orange, violet, jaune, rouge et bleu, couleurs vives et pures, ne sont plus brossées mais posées en aplats d'une manière qui peut rappeler Gauguin et sont nettement délimitées, déterminant ainsi une ligne en arabesque qui court de corps en corps, de corps en arbre, des arbres au ciel, et qui unifie le tout. Une grande clarté ressort d'un ensemble en équilibre parfait.

Il y a donc une grande différence de traitement en regard de Luxe, calme et volupté, peint deux ans auparavant :

  • Là où la division de la touche en une multitude de points colorés tendait à dissoudre la ligne et les formes, il était difficile de suivre les courbes des corps ;
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  • En revanche, dans Le Bonheur de vivre, celles-ci sont exaltées par l'arabesque, elle-même soulignée, de temps à autres, par des cernes, voire des auréoles de couleur.

Matisse semble avoir pris beaucoup de plaisir à dessiner ces corps de femmes (il n'en a représenté, jusqu'à présent, que dans Luxe, calme et volupté), ayant eu visiblement à coeur de décliner toutes sortes de courbes, formant toutes sortes de poses, constituant ainsi un répertoire dans lequel il viendra puiser pour ses toiles à venir.
Ainsi, la pose d'une des femmes du second plan sera reprise par Matisse dans Le Nu bleu à Biskra de 1906 (Baltimore), mais on retrouvera aussi, par exemple, certains des danseurs de l'arrière-plan, considérablement agrandis, dans La Danse (les deux grandes versions de 1909 et 1910, au Museum of Modern Art de New York et au musée de l'Ermitage à Saint-Petersbourg).

2. Matisse et Ingres
Le début du 20e siècle est animé de débats entre les différents tenants de l'art : d'un côté les traditionalistes et les académiques, qui souhaitent un retour à l'ordre et au classique après les errements de l'impressionnisme ; de l'autre les avant-gardistes, qui des impressionnistes aux fauves, en passant par , contestent la mainmise des académiques sur la tradition.

Un homme comme Matisse est loin de vouloir rejeter la tradition. Il s'en est au contraire toujours inspiré, recherchant dans les musées l'essence de l'art des maîtres anciens, celle-là même que les artistes peu inspirés de l'académie ont galvaudé.

L'art pompier s'est ainsi largement appuyé sur Ingres, sans pourtant avoir jamais été en mesure d'en retrouver ni le souffle ni la beauté. Matisse est quant à lui extrêmement sensible à ce qui lui a été légué. Mais il sait aussi que l'imitation ne mène à rien et qu'il vaut mieux, comme l'a fait Cézanne avant lui, revivifier l'héritage en fonction de ses propres sensations.

C'est exactement ce à quoi il s'emploie avec Le Bonheur de vivre, transposant à sa manière ce qu'il a lui-même compris de l'oeuvre d'Ingres. Au Salon d'automne de 1905, Matisse a très probablement vu, non loin de ses propres toiles, Le Bain turc et La Grande Odalisque dans lesquels Ingres fait usage de l'arabesque pour définir les courbes et les formes féminines et en révéler toute la sensualité.

 

Doc. La Grande odalisque de Jean Auguste Dominique Ingres

Matisse comprend alors qu'il peut légitimement reprendre sa part de l'héritage à ceux qui l'ont trahi, et c'est là tout le sens du Bonheur de vivre.
Le thème même de l'oeuvre, cette expression joyeuse, sensuelle et colorée du désir et de l'appétit de vivre qui caractérisent Matisse ; cette « pastorale » où les corps sont nus et s'enlacent, permet aussi au peintre de marquer ses distances avec le positivisme moderne des néo-impressionnistes.

Lors du Salon des Indépendants de 1906 où la toile est exposée, Signac, qui vient d'acheter Luxe, calme et volupté se range d'ailleurs du côté de ses détracteurs, incrédule et déçu. Pourtant, tout est cohérent dans le tableau de Matisse : il est parvenu à retranscrire avec les moyens qu'il a jugé nécessaire « l'instant sentimental » (selon ses propres termes) dans lequel il se trouvait lors de sa confection, alors qu'il se souvenait de la sensualité des femmes d'Ingres.

Ainsi, en dépit de ce que le thème du tableau pourrait laisser croire, Matisse n'a pas cherché à évoquer un Age d'or mythique, mais a voulu, une fois encore, peindre une émotion individuelle.

L'essentiel

L'oeuvre de Matisse prend un nouveau tournant en 1905-1906 lorsqu'il peint Le Bonheur de vivre. Par cette oeuvre il s'affirme définitivement comme un artiste novateur.

Pratiquant une synthèse de tout ce qu'il a appris depuis quinze ans, Matisse y intègre l'influence nouvelle mais décisive d'Ingres, grâce à laquelle il achève d'actualiser la tradition et l'héritage des maîtres du passé, jusque là confisqué par les artistes académiques.

Faisant usage d'une nouvelle manière de peindre (couleurs pures disposées en aplat, utilisation de la ligne pour délimiter les corps et rendre au mieux la sensualité de leurs courbes), l'artiste la met au service de la manifestation d'un « instant sentimental », apaisé et voluptueux.

Picasso, dont il fait la connaissance au cours de cette année 1906, verra Le Bonheur de vivre et en tirera la leçon qu'il est possible, à partir de la tradition, même la plus classique, de créer quelque chose de nouveau, ce qu'il ferra dès 1907 avec Les Demoiselles d'Avignon.
Cette même année naît entre les deux artistes, pourtant très différents, une admiration réciproque.

Quant au Bonheur de vivre, la toile est achetée par Léo Stein : il la considère alors comme la toile la plus importante de son temps, avant qu'il ne la vende au collectionneur américain Albert Barnes, lui préférant, justement, Les Demoiselles d'Avignon.

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