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L'été et le fauvisme

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Objectif 
Définir ce que fut le fauvisme et les raisons pour lesquelles Matisse en fut le catalyseur ; montrer que le fauvisme a été un moment primordial de la vie de Matisse, avant qu'il ne passe, à nouveau, à autre chose.
Au Salon d'automne de 1905, le public mi-amusé mi-indigné se bouscule pour voir de ses propres yeux la « salle aux fauves ». Les « fauves », parmi lesquels on comptera, outre Matisse, les peintres Derain, Manguin, Marquet, Puy, Vlaminck, Rouault et Braque, refuseront toujours cette appellation, due au critique d'art Louis Vauxcelles. Ce dernier, visitant le Salon, devant une sculpture italianisante trônant au centre de la salle consacrée à Matisse et à ses amis, s'est exclamé : « Tiens, Donatello parmi les fauves ! ».Le groupe, ainsi désigné, est pourtant constitué de peintres très différents, qui n'ont en commun que leur désir de se libérer des carcans esthétiques de l'époque par l'usage de la couleur pure, le rejet de la perspective, le refus de toute représentation naturaliste, la soumission du sujet à l'expression colorée (ils seront pour cela apparentés aux expressionnistes allemands, dont les motivations profondes seront pourtant assez différentes).La couleur ne sert plus à reproduire et représenter la réalité mais est utilisée pour ses qualités expressives ; elle se substitue au sujet en tant que tel. Ils écarteront toute idée d'école ou de mouvement, qu'on lui donne le nom de fauvisme ou autre. Lors du Salon, Matisse focalise le scandale bien malgré lui, et se trouve vite considéré comme le meneur de ces révoltésPortrait de DerainPortrait de la femme au chapeauPortrait de Madame Matisse dit La Raie verte 
1. A l'origine de la période fauve de Matisse : un lieu, Collioure et un artiste peintre, Derain.
Ce que l'on appellera la période fauve de Matisse est la première manifestation véritable de sa liberté, de son autonomie par rapport à ce qui l'a précédé. C'est aussi l'affirmation de sa passion pour le Sud.
a. Collioure
Durant l'été 1905, il a loué une chambre sur le quai, avec vue sur la mer à Collioure, dans les Pyrénées-Orientales, en compagnie de son ami Derain (1880–1954). Ce dernier dira de la lumière de Collioure qu'elle est « blonde, dorée et [...] supprime les ombres ».

Les deux peintres semblent presque surpris de ce qu'ils trouvent et de ce qu'ils font. Ils voient aussi chez Daniel de Monfreid sa collection d'œuvres de Gauguin, dont l'utilisation de l'aplat de couleur trouve peut-être en eux, à ce moment précis, un écho particulier.

Quoi qu'il en soit, de nombreux éléments, glanés par Matisse au fil de son apprentissage, paraissent devoir converger vers Collioure et se cristalliser, incitant le peintre à sauter le pas définitivement.

 

b. Matisse suit les préceptes de Signac
L'une des premières œuvres que Matisse produit à Collioure, Le Port d'Abaill, destinée sans doute au prochain Salon, est encore faite en suivant de plus ou moins loin les préceptes de Signac.

Matisse n'a, en effet, pas renoncé à tout ce qu'il a appris de Signac. Pour exprimer ce qu'il ressent, il sait devoir construire un tableau par la couleur plutôt que de copier telle quelle la réalité. Cela dit, il veut utiliser la logique et la rationalité du divisionnisme non pour son application purement optique mais au service de l'expression du sentiment et de la sensation.

Il y a donc une solution de continuité entre ce qu'a fait Matisse en compagnie de Signac un an auparavant et ce qu'il s'apprête à faire à Collioure à l'été 1905.

 

c. L'émulation respective : Matisse/Derain
Derain, de son côté, transgresse les règles en détournant radicalement le pointillisme. Allant au-delà même de ce qu'a fait Matisse avec Luxe, calme et volupté, Derain élargit à ce point ses touches de couleur qu'elles prennent leur autonomie par rapport au paysage qu'elles sont censées représenter.

Matisse l'encourage aussi à laisser apparaître par endroits la sous-couche d'enduit blanc pour suggérer les reflets du soleil sur la mer ou son éclat sur les quais ; le tableau se trouve ainsi unifié et la toile, en tant que matière, devient facteur de luminosité.

L'émulation qui se produit entre les deux hommes fera dire à Derain, en parlant de Matisse : « C'est un type beaucoup plus extraordinaire que je ne pensais au point de vue logique et spéculations psychologiques ».

 

2. Les trois portraits « fauves »
C'est peut-être justement parce qu'il espère pouvoir utiliser la couleur pour exprimer une sensation éprouvée et ressentie que les trois œuvres décisives, que Matisse produira cet été 1905, sont des portraits : le (Tate Gallery), le (collection particulière) et le (Statens Museum for Kunst de Copenhague). Ces deux derniers portraits étant ceux d'Amélie Matisse, la femme du peintre.

Les trois œuvres témoignent d'une évolution radicale dans la manière de peindre de Matisse.

 

a. Le Portrait de la femme au chapeau
Le Portrait de la femme au chapeau, le plus grand, montre par exemple une touche brossée qui désagrège la figure.

Vue de trois quarts, le visage tourné vers le spectateur, la femme richement coiffée et vêtue s'efface en tant que sujet derrière la touche brossée et la force, pour ne pas dire la violence, des couleurs pures et de leur opposition les unes aux autres : reflets verts et orangés sur le visage et le cou, cheveux vermillon, chapeau multicolore, le tout encadré de vert, de jaune et de violet.

Et pourtant, ces couleurs qui se côtoient et parfois se superposent en transparence sans jamais se mélanger créent une tonalité d'ensemble juste et équilibrée, rythmée par la ligne noire des épaules, ligne que l'on retrouve dans le Portrait à la raie verte.

 

b. Le Portrait à la raie verte
Ce dernier est lui aussi construit en plages de couleur qui peuvent paraître artificielles mais dont l'ordonnancement a sa propre logique.

Ainsi la raie verte proprement dite, qui coupe le visage en deux, permet justement d'en délimiter les deux pans, vert d'un côté, rose de l'autre, chaque couleur irradiant d'une lumière différente et se trouvant complétée par une couleur de fond qui la rehausse et confère au tout un certain relief. L'ensemble est assourdi et équilibré par la coiffure noire aux reflets bleus et violets.

La touche sur le visage et les cheveux est à peine étalée, très visible, mais elle en suit les contours, suggère les volumes et contribue à leur construction ; la touche du fond est plus brossée, sauf dans une petite partie comprise entre l'épaule et l'oreille droite, où une touche plus épaisse et irrégulière de vert et de noir évoque une ombre. Le même procédé, poussé plus loin encore, se retrouve sur le Portrait de Derain.

 

c. Le Portrait de Derain
Matisse a délibérément abandonné, dans ce portrait, la ligne pour ne construire que par la couleur.

Il apparaît alors que Matisse est parvenu à obtenir ce qu'il cherchait : faire en sorte que chaque partie d'un tableau soit d'une importance égale aux autres ; chaque touche de couleur, en termes de tonalité et de matière, a sa raison d'être.

Aux critiques acerbes que soulèveront ces trois toiles au Salon d'automne de 1905, Matisse rétorquera : « Avant tout je ne crée pas une femme, je fais un tableau  ».

 

L'essentiel

L'été 1905 à Collioure a inspiré à Matisse et à son ami Derain, qu'il a rejoint là-bas, la tentation d'un saut vers l'inconnu. Cet événement est la cristallisation en même temps que l'apogée de ce qui sera appelé arbitrairement « fauvisme ».

A la « déconstruction » initiale des formes du passé succède une reconstruction par la couleur qui exprime le sentiment et « remue le fond sensuel des hommes », ainsi que le dira Matisse.

Cependant, lors du Salon d'automne, le critique Camille Mauclaire déclare : « On a jeté un pot de peinture à la face du public ». Matisse souffre d'être au cœur de la polémique car il estime que ses toiles expriment de façon très pure, mieux qu'elles ne l'ont jamais fait, ses sensations.

Le scandale a pourtant le mérite d'attirer l'attention sur son œuvre, qui séduit les Stein (Gertrude et Léo, puis Michael et Sarah), collectionneurs d'art américains établis à Paris. Michael achètera le Portrait de la femme au chapeau, faisant ainsi remonter la cote de Matisse et adoucissant son amertume.

Matisse est fermement décidé à tourner la page. Si le fauvisme a été un moment décisif de son évolution, il n'a été qu'un moment, qu'il décide de clore en peignant Le Bonheur de vivre, synthèse de toutes ses recherches, « tableau racine » auquel il reviendra souvent.

Quant au fauvisme, il a vécu. Chacun de ses représentants devra désormais choisir entre évolution ou stagnation.

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