Les premières années  : une carrière inattendue - Maxicours

Les premières années  : une carrière inattendue

Objectif
Retracer les premières années de Matisse (1869-1954) et tenter de discerner les éléments déterminants qui l'ont poussé vers la peinture, à laquelle rien ne semblait le prédestiner ; évoquer ses premières expériences picturales et l'incidence qu'elles auront sur sa carrière.
On ignore à peu près tout des premières années de la vie de Matisse. Henri Matisse naît le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis, en Picardie. Ses parents possèdent une épicerie-droguerie à Bohain-en-Vermandois, village distant d'une quinzaine de kilomètres. On y vend essentiellement des graines et engrais, mais on y trouve aussi un rayon de couleurs dont s'occupe plus particulièrement la mère de Matisse. De 1882 à 1887, Matisse suit des études secondaires au collège de Saint-Quentin. Le jeune homme, aîné de la famille, est destiné à reprendre le commerce que son père, d'origine modeste, a su rendre florissant. Mais au grand désarroi de ce dernier, Matisse en est empêché par une santé fragile. En 1887, Matisse se rend donc à Paris afin d'y suivre des études de droit. En 1889, de retour à Saint-Quentin, il devient clerc d'avoué en l'étude de maître Derieu, sans grande conviction. C'est alors que se produit un événement qui infléchit définitivement le destin de Matisse.
1. La révélation
Matisse n'a jamais manifesté, jusqu'alors, de réel intérêt pour l'art. Il a certes un peu dessiné dans son enfance, mais cela ne l'a en rien décidé à y consacrer sa vie. Il dira lui-même n'avoir visité aucun des grands musées lors de ses études à Paris.

Cependant, en 1890, alors que Matisse est cloué au lit pendant près d'un an par une pérityphlite, un voisin, directeur d'une petite fabrique de tissu et peintre à ses heures, lui recommande de s'occuper en copiant, comme lui, des chromos de paysages.
Sa mère lui offre alors une modeste boite de peinture et deux chromos en guise de modèles : c'est pour Matisse, qui a alors vingt et un ans, la révélation ; en peignant, il se sent accéder, dira-t-il, à « une espèce de paradis ».

De retour à Saint-Quentin, il commence par suivre des cours de dessin à l'école Quentin de la Tour, où sont formés des dessinateurs en rideaux. Matisse s'y rend chaque matin, de sept à huit, avant d'aller travailler.
Il découvre au même moment, au musée Lécuyer de Saint-Quentin, les célèbres pastels de Quentin de la Tour, portraits des grandes figures du 18e siècle. La vie qui s'en dégage le marque durablement, et se trouve peut-être à l'origine de l'importance qu'il accordera au portrait.


Doc. 1. Pompadour de Quentin de la Tour Doc. 2. Madame de Pompadour de Quentin de la Tour

Mais il se sent bien vite à l'étroit à Saint-Quentin, et il se passe peu de temps avant qu'il ne se convainque, contre l'avis de son père, d'abandonner son emploi de clerc et qu'il ne parte pour Paris, où il apprendra véritablement à peindre.

2. Les premiers ateliers
En 1891, Matisse entre à l'académie Julian comme élève du peintre Bouguereau, éminent représentant de l'académisme. Ce choix institutionnel lui permet de ménager son père, qu'il a eu du mal à convaincre du bien-fondé de son départ. Bouguereau n'est pas ébloui par le talent du jeune Matisse mais le présente tout de même, en 1892, au concours d'entrée de l'Ecole des beaux-arts, auquel il échoue.

Matisse intègre ensuite l'atelier de Gabriel Ferrier, mais il est à nouveau déçu par l'étroitesse d'esprit des tenants de l'académisme. Il suit alors des cours à l'Ecole des arts décoratifs, où il rencontre Marquet.

A partir de 1893, il devient étudiant libre dans l'atelier de Gustave Moreau, à l'Ecole des beaux-arts.
Gustave Moreau (1826-1898) sera le seul professeur dont Matisse gardera un bon souvenir. Grand peintre, capable d'émerveillement, peu scolaire, il convainc ses élèves, dont Matisse, de retourner au Louvre étudier les grands peintres de la tradition, ce que ne font plus guère ni les peintres académiques, ni les impressionnistes. C'est ainsi que s'allume, dans l'atelier de Moreau, un foyer de révolte.

Matisse sort du Louvre différent et voit ses horizons s'élargir. Il sera également profondément marqué par la sensualité et la force de vérité qui se dégage des tableaux de Goya (1746-1828) conservés au Musée de Lille.

Matisse sera finalement reçu au concours des beaux-arts en 1895. Les musées ne suffisant pas à sa soif d'apprendre, il se décide à expérimenter la peinture en plein air afin, dit-il, « de peindre ce que lui seul a vu, ce que les maîtres n'ont pas vu ».

3. A la découverte de la lumière
A l'été 1895, Matisse accompagne en Bretagne le peintre Emile Wery, son voisin du 19, quai Saint-Michel, où il s'est installé cette même année. Sa palette est encore sombre en regard des couleurs claires, impressionnistes de Wery.

En 1896, Matisse expose pour la première fois au salon de la Société nationale des beaux-arts, où ses oeuvres rencontrent un certains succès, l'Etat achetant même une de ses toiles, La Liseuse.

L'été de 1896, Matisse retourne en Bretagne où il fait la rencontre du peintre impressionniste anglais John Russel, rencontre qui précipite le changement qui a commencé à s'opérer en lui. Sous son influence, Matisse éclaircit notablement sa palette et diversifie sa touche. Les toiles qu'il peint alors, notamment des marines, témoignent du trouble nouveau qui l'habite.

En 1897, Matisse mûrit encore son apprentissage : il rencontre Camille Pissarro (1830-1903), pilier de l'impressionnisme, et visite le legs Caillebote au Luxembourg, où il peut voir des oeuvres de Manet, Renoir, Monet, Pissarro et Cézanne.
Il peint La Desserte, dite aussi La Table servie, où l'on perçoit tant la transformation de la palette du peintre, vers plus de lumière et de liberté chromatique (quelques touches de tons purs), que sa pondération et son attachement aux leçons des maîtres anciens (une tonalité générale verte argentée).

Cette dualité entre tradition et modernité fera que la toile sera mal reçue au salon de 1897 par ceux-là même qui firent le succès de Matisse l'année précédente. Moreau défend alors son élève qui, déjà, a choisi d'être libre de peindre comme il l'entend.

L'essentiel

Rien n'a prédestiné le jeune Matisse à une carrière de peintre. A vingt et un ans, alors qu'il est immobilisé par une longue maladie, il décide de peindre pour tromper son ennui. C'est une révélation !

Entré tardivement en peinture, Matisse fait preuve d'une motivation sans faille qui l'amène jusqu'à Paris, où il finit par intégrer l'atelier de Gustave Moreau. Celui-ci sera son premier maître et l'incitera à se rendre dans les musées pour mieux connaître l'art des maîtres anciens.

Sa rencontre lors d'un séjour estival en Bretagne avec le peintre impressionniste anglais John Russel aura aussi son importance, car elle lui permet de mieux saisir un autre aspect de la peinture : en plein air, reproduire une impression lumineuse avec des couleurs claires. Sa première oeuvre importante, La Desserte, résume ces diverses influences et témoigne déjà de la liberté du peintre.

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