Les premières années : une carrière inattendue
Cependant, en 1890, alors que Matisse est
cloué au lit pendant près d'un an par
une pérityphlite, un voisin, directeur d'une
petite fabrique de tissu et peintre à ses heures,
lui recommande de s'occuper en copiant, comme lui, des
chromos de paysages.
Sa mère lui offre alors une modeste boite de
peinture et deux chromos en guise de
modèles : c'est pour Matisse, qui a alors
vingt et un ans, la
révélation ; en peignant, il se sent accéder,
dira-t-il, à « une espèce de
paradis ».
De retour à Saint-Quentin, il commence par suivre
des cours de dessin à l'école Quentin de
la Tour, où sont formés des
dessinateurs en rideaux. Matisse s'y rend chaque matin,
de sept à huit, avant d'aller travailler.
Il découvre au même moment, au musée
Lécuyer de Saint-Quentin, les
célèbres pastels de Quentin de la Tour, portraits des
grandes figures du 18e siècle. La vie
qui s'en dégage le marque durablement, et se
trouve peut-être à l'origine de l'importance
qu'il accordera au portrait.
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Doc. 1. Pompadour de Quentin de la Tour | Doc. 2. Madame de Pompadour de Quentin de la Tour |
Mais il se sent bien vite à l'étroit à Saint-Quentin, et il se passe peu de temps avant qu'il ne se convainque, contre l'avis de son père, d'abandonner son emploi de clerc et qu'il ne parte pour Paris, où il apprendra véritablement à peindre.
Matisse intègre ensuite l'atelier de Gabriel Ferrier, mais il est à nouveau déçu par l'étroitesse d'esprit des tenants de l'académisme. Il suit alors des cours à l'Ecole des arts décoratifs, où il rencontre Marquet.
A partir de 1893, il devient étudiant
libre dans l'atelier de Gustave
Moreau, à l'Ecole des
beaux-arts.
Gustave Moreau
(1826-1898) sera le seul professeur dont
Matisse gardera un bon souvenir. Grand peintre, capable
d'émerveillement, peu scolaire, il convainc ses
élèves, dont Matisse, de retourner au
Louvre étudier les grands peintres de la
tradition, ce que ne font plus guère ni les
peintres académiques, ni les impressionnistes.
C'est ainsi que s'allume, dans l'atelier de Moreau, un
foyer de révolte.
Matisse sort du Louvre différent et voit ses horizons s'élargir. Il sera également profondément marqué par la sensualité et la force de vérité qui se dégage des tableaux de Goya (1746-1828) conservés au Musée de Lille.
Matisse sera finalement reçu au concours des beaux-arts en 1895. Les musées ne suffisant pas à sa soif d'apprendre, il se décide à expérimenter la peinture en plein air afin, dit-il, « de peindre ce que lui seul a vu, ce que les maîtres n'ont pas vu ».
En 1896, Matisse expose pour la première fois au salon de la Société nationale des beaux-arts, où ses oeuvres rencontrent un certains succès, l'Etat achetant même une de ses toiles, La Liseuse.
L'été de 1896, Matisse retourne en Bretagne où il fait la rencontre du peintre impressionniste anglais John Russel, rencontre qui précipite le changement qui a commencé à s'opérer en lui. Sous son influence, Matisse éclaircit notablement sa palette et diversifie sa touche. Les toiles qu'il peint alors, notamment des marines, témoignent du trouble nouveau qui l'habite.
En 1897, Matisse mûrit encore son
apprentissage : il rencontre Camille Pissarro (1830-1903),
pilier de l'impressionnisme, et visite le legs
Caillebote au Luxembourg, où il peut voir des
oeuvres de Manet, Renoir, Monet, Pissarro et
Cézanne.
Il peint La
Desserte, dite aussi La Table
servie, où l'on perçoit tant la
transformation de la palette du peintre, vers plus de
lumière et de liberté chromatique
(quelques touches de tons purs), que sa
pondération et son attachement aux
leçons des maîtres anciens (une
tonalité générale verte
argentée).
Cette dualité entre tradition et modernité fera que la toile sera mal reçue au salon de 1897 par ceux-là même qui firent le succès de Matisse l'année précédente. Moreau défend alors son élève qui, déjà, a choisi d'être libre de peindre comme il l'entend.
Rien n'a prédestiné le jeune Matisse à une carrière de peintre. A vingt et un ans, alors qu'il est immobilisé par une longue maladie, il décide de peindre pour tromper son ennui. C'est une révélation !
Entré tardivement en peinture, Matisse fait preuve d'une motivation sans faille qui l'amène jusqu'à Paris, où il finit par intégrer l'atelier de Gustave Moreau. Celui-ci sera son premier maître et l'incitera à se rendre dans les musées pour mieux connaître l'art des maîtres anciens.
Sa rencontre lors d'un séjour estival en Bretagne avec le peintre impressionniste anglais John Russel aura aussi son importance, car elle lui permet de mieux saisir un autre aspect de la peinture : en plein air, reproduire une impression lumineuse avec des couleurs claires. Sa première oeuvre importante, La Desserte, résume ces diverses influences et témoigne déjà de la liberté du peintre.

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