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Tous les matins du monde : les personnages

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Objectifs :
- Avoir une vision d’ensemble des personnages.
- Se préparer à la dissertation sur l’œuvre au programme, sur la notion de personnage romanesque.
« Entre réalité et fiction… De la dimension de papier à la représentation cinématographique ».


Les citations font référence aux éditions Folio-Gallimard, n°2533.

Étymologiquement, personnage signifie « rôle » (de personna en latin).
Le personnage est donc un être qui participe de la fiction, qui incarne un rôle. Cette définition ne prend pas en compte, au-delà de la part fictive inventée par le romancier, de la part réelle des êtres dont il s’est inspiré. Une problématique intrinsèque s’immisce alors puisque la frontière est parfois bien mince entre réalité et fiction…

1. Présentation des personnages
a. Le coupe maître-élève, entre fiction et réalité
Le maître
- Réalité : Sainte Colombe a bien existé, selon des écrits et articles qui attestent de son savoir faire pédagogique, de sa virtuosité pour la viole et de la qualité de ses compositions prolifiques. Il aurait eu le talent de reproduire l’inflexion de la voix humaine « du soupir d’une jeune femme au sanglot d’un homme qui est âgé, du cri de guerre… à la douceur d’un souffle d’enfant ».(chapitre I, page 13)
De même, il aurait donné des concerts à trois violes avec ses filles et aurait repoussé Marin Marais capable de le surpasser. La réalité fait donc de Sainte Colombe un musicien virtuose, exilé de la cour, réputé dans un cercle de connaisseurs.

- Fiction : Quignard en fait un adepte du jansénisme rigoureux : ainsi il mentionne plusieurs connaissances du musicien qui sont des Solitaires de Port-Royal (lieu symbolique où se réunissent les sympathisants jansénistes) : l’un avec qui il a fait ses études, d’autres qui forment et éduquent ses filles… Les sympathisants jansénistes prônent alors l’isolement comme le permet la propriété près de la Bièvre dans laquelle s’enferme la famille : le refus du faste de Versailles ; la rigueur et l’ascétisme (discipline volontaire du corps et de l'esprit cherchant à tendre vers une perfection, par une forme de renoncement).

Sainte Colombe affirme sa sympathie en refusant d’intervenir à la cour, en repoussant les trois personnages qui incarnent la musique royale. Son refus n’est autre que la manifestation janséniste de son indépendance vis-à-vis de la cour, l’expression de sa liberté.
Ainsi, il affirme : « Je suis si sauvage … que je pense que je n’appartiens qu’à moi-même. » (chapitre IV, page 26)
En insistant sur l’insurmontable souffrance de son veuvage, la perte tragique de son enfant, Quignard en fait un héros tragique.

L’élève
- Réalité : Le jeune Marin Marais, né en 1656, devient chanteur à la Maîtrise de Saint Germain l’Auxerrois où il interprète le Service de la défunte Reine Mère. À seize ans, il décide de partir pour suivre les cours du célèbre pédagogue Monsieur de Sainte Colombe. À dix-neuf ans, il est engagé par Lully pour jouer dans l’orchestre de l’opéra au Palais Royal. À 20 ans, il est qualifié de « musicien de Roi ». Il se consacre à l’opéra et à la composition le reste du temps puis prend la direction de l’orchestre à 49 ans. À la fin de sa vie, il se retire du monde pour une approche plus intime de la musique… La réalité fait de lui un musicien brillant dont la carrière est aussi fulgurante qu'éblouissante.

Doc. 1 : Portrait de Marin Marais de A. Bouys 17e siècle


- Fiction : Le personnage est placé sous le signe de la revanche. Le romancier lui fait prononcer son dépit d’avoir mué et son désir de venger l’humiliation. Poussé par des sentiments négatifs, il manifeste un comportement intéressé et ignore la souffrance de Madeleine. Son objectif est de connaître le statut de musicien célèbre dans un premier temps, puis d’accéder au véritable statut de musicien suivant l’initiation de son maître.
Le jeune musicien devient dans le récit le héros qui suit un parcours initiatique après avoir quitté son environnement familial et subit des mésaventures formatrices : l’humiliation ; la tentation...
b. Les femmes
Les filles Sainte Colombe sont des tentatrices
Madeleine ouvre les portes de la maison au jeune homme, avec« ses joues roses », ses cheveux relevés, « ses seins (qui) gonflaient » et lui annonce sa future nudité pour la baignade, invitant ainsi le jeune homme au voyeurisme (chapitre 10, pages 52-53). Les deux filles montrent leur gorge, attribut maternel et érotique : elles tentent et initient le jeune homme au plaisir charnel.

Madelaine une figure de sainte
Mais Madeleine est une figure sainte : elle porte un nom biblique symbolique, celui d’une femme qui essuie les pieds du Christ avec sa chevelure, celui d’une femme qui lave ses péchés et obtient le pardon. Elle fait pénitence (ce qu’annonce de manière programmatique le père dans la chanson qu’il fredonne alors qu’elle est enfant « sola vivebat in antris Magdalene Lugens et suspirans die ac nocte = Madeleine vivait seule dans les cavernes, pleurant et se lamentant jour et nuit ») en jeunant et maigrissant.

Toinette annonce un futur proche
également après avoir connu l’amour physique avec Marin « En plus, maintenant, Madeleine va devenir maigre », chapitre 17, page 85) , en se meurtrissant « elle se brûlait les bras nus avec la cire des chandelles », chapitre 23, page100) puis se donnant la mort comme la figure biblique du traitre, Judas.

De même, la mère est absente et pourtant omniprésente dans l’au-delà, elle revient du royaume des morts grâce au pouvoir orphique de la musique (Orphée charme Cerbère avec sa musique pour parvenir aux Enfers y chercher sa bien-aimée) : la figure de l’aimée est fantôme, hallucination. L’absente est omniprésente et habite le quotidien du veuf inconsolable.
2. La dimension problématique des liens entre les personnages
a. La relation maître-élève
La relation de transmission du savoir passe avant tout par un refus castrateur : l’élève venu avec l’immense peine et humiliation d’avoir perçu sa voix, se trouve repoussé violemment en raison de défauts qui sont strictement ceux du maître jadis.

En effet, les débuts de Sainte Colombe sont marqués par la « virtuosité étonnante », « les improvisations… savantes », à savoir les défauts dont il affuble le jeune Marais en lui reprochant ses « ornements…ingénieux » mais sans musique. Le maître a suivi un parcours identique qui va du dépouillement de la technicité savante pour aller vers une musique vraie, en surmontant des épreuves initiatiques que sont le deuil, la souffrance.

Ainsi, Sainte Colombe réitère la blessure de Marais pour qu’il soit en mesure de l’exprimer (« Je vous garde pour votre douleur, on pour votre art. » chapitre 10, page 53) : il brise l’instrument qui lui servait de substitut à la perte de sa voix. L’élève le comprend puisque bien des années plus tard, le maître lui ouvre la porte « tout à fait » lorsqu’il dit venir chercher « les pleurs ».

Ainsi, la communion est possible dans l’union dans le deuil et la souffrance, dans la puissance d’invocation de la musique, loin de Versailles, dans une volonté de confier « un ou deux arias capables de réveiller les morts »...
b. La relation amoureuse
- L’amour est tragédie : le corps se donne, s’emplit et se vide. De la liaison entre Madeleine et Marin, naît une pulsion de mort. L’expérience amoureuse est foudroyante : l’amante est dépossédée de son corps et renie la vie en laissant s’affamer son corps et en le meurtrissant. Elle meurt d’amour.
De même Sainte Colombe est inapte à la vie dans le sens où son amour est mort, dans le sens où la musique lui permet de rejoindre sa part manquante dans la mort. Ainsi Eros et Thanatos (dieu de l'amour et de la vie et dieu de la mort) sont indissociables.


L'essentiel
Plus que les personnages construits à partir d'une réalité biographique puis épaissi d'une part fictive ajoutant à la tension psychologique, sont intéressants et surprenants les liens qui les unissent et désunissent...

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