Thomas More (1478-1535)
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Le genre de l’utopie naît et se développe
dans la culture occidentale en liaison étroite avec
l’émergence d’une conception nouvelle de
l’histoire, conçue en termes de progrès.
L’utopie apparaît à la Renaissance avec
Thomas More en 1516.
1. Thomas More, fondateur de la première utopie
Thomas More est le fils du juge et chevalier John More. Il
étudie à l'Université d'Oxford, avec
pour maître Erasme. Inscrit à
vingt-et-un ans au barreau des avocats, il enseigne le
droit jusqu'en 1510. Membre du Parlement à partir de
1504, il s'élève contre les taxes
demandées par le roi Henri VII pour la guerre
d'Ecosse. Le roi fait emprisonner John More et Thomas More
se retire en France (1508).
L'avènement d'Henri VIII (1509) marque le début d'une brillante carrière politique. Le roi le prend comme maître des requêtes, puis à son Conseil privé, et l'envoie en missions diplomatiques et commerciales aux Pays-Bas (1515), où il rédige L'Utopie, puis à Calais (1517). Il est nommé en 1521 trésorier de la Couronne, et en 1525 chancelier de Lancastre, c'est-à-dire conseiller et ministre sans portefeuille. Il accède en 1529 à la plus haute charge, celle de Chancelier du Royaume, premier laïc nommé à ce poste. En tant que Chancelier, il fait emprisonner quarante personnes acquises aux idées de Luther. Après diverses tracasseries, le roi fait exiger des prêtres et de Thomas More, puis d'autres laïcs, un serment reconnaissant la suprématie spirituelle du roi. More, s'y refusant, est emprisonné à la Tour de Londres, puis jugé coupable de haute trahison et condamné à mort. Le roi permettant qu'il fût décapité et non pendu, More commente : Dieu préserve mes amis de la faveur du roi. Il est exécuté le 6 juillet 1535.
Thomas More a été béatifié en 1886 et canonisé en 1935. Le calendrier liturgique a étendu à partir de 1970 sa fête à l'Église universelle. Le pape Jean-Paul II l'a fait patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques
L'avènement d'Henri VIII (1509) marque le début d'une brillante carrière politique. Le roi le prend comme maître des requêtes, puis à son Conseil privé, et l'envoie en missions diplomatiques et commerciales aux Pays-Bas (1515), où il rédige L'Utopie, puis à Calais (1517). Il est nommé en 1521 trésorier de la Couronne, et en 1525 chancelier de Lancastre, c'est-à-dire conseiller et ministre sans portefeuille. Il accède en 1529 à la plus haute charge, celle de Chancelier du Royaume, premier laïc nommé à ce poste. En tant que Chancelier, il fait emprisonner quarante personnes acquises aux idées de Luther. Après diverses tracasseries, le roi fait exiger des prêtres et de Thomas More, puis d'autres laïcs, un serment reconnaissant la suprématie spirituelle du roi. More, s'y refusant, est emprisonné à la Tour de Londres, puis jugé coupable de haute trahison et condamné à mort. Le roi permettant qu'il fût décapité et non pendu, More commente : Dieu préserve mes amis de la faveur du roi. Il est exécuté le 6 juillet 1535.
Thomas More a été béatifié en 1886 et canonisé en 1935. Le calendrier liturgique a étendu à partir de 1970 sa fête à l'Église universelle. Le pape Jean-Paul II l'a fait patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques
2. L'utopie
a. L'Utopie
Le monde décrit se présente les traits
d’un pur imaginaire, More en accentue le
caractère en choisissant une île dont la
capitale s’appelle Amaurota (de
l’amaurona grec, éclipse),
avec un fleuve l’Anydre (sans eau) et
dont les pays voisins sont l’Achorie
(pays sans contrée) et
l’Alaopolécie (cité sans
population). Au début le nom Nusquama
s’impose, mais More décide de choisir le
grec Utopia. Le mot utopie est formé
à partir du grec ou-topos, qui signifie en
aucun lieu, lieu qui n’existe pas ou bien
lieu du bonheur (du grec eu, bien, heureusement et
topos, lieu, endroit).
Dans ce texte, Thomas More prône la tolérance et la discipline au service de la liberté, à travers le portrait d'un monde imaginaire, proche de l'idéal de l'auteur. Mais Thomas More dénonce également les conséquences de la propriété et du profit.
Dans la deuxième partie, More décrit l'île d'Utopie, contrepoint lumineux à l'Angleterre de son temps.
L'économie utopienne repose sur la propriété collective des moyens de production et l'absence d'échanges marchands. Cette société, composée d'une cinquantaine de villes gérées de manière semblable, vit sans monnaie, et les échanges collectifs y prennent la place de l’accumulation privée qui cause en Angleterre les malheurs du peuple. La première mission du Sénat, qui compte trois députés par ville, est la statistique économique, permettant la péréquation des richesses entre villes. Utopie commerce uniquement les surplus de son économie avec l'étranger, non pas pour s'enrichir vu que l'or n'a aucune valeur dans son économie, mais pour se constituer une réserve d'or pour engager des mercenaires en cas de guerre. Pacifiques et respectueux de la liberté religieuse, les Utopiens reconnaissent cependant, tous ou presque, un être suprême et l'immortalité de l'âme ; plusieurs embrassent la doctrine chrétienne que leur présentent leurs visiteurs.
Fondée sur la volonté de vivre selon la nature, la morale publique d'Utopie est rigoureuse, condamnant la dissimulation, la chasse, les jeux de hasard, la polygamie et l'adultère, le divorce par consentement mutuel est possible.
Dans ce texte, Thomas More prône la tolérance et la discipline au service de la liberté, à travers le portrait d'un monde imaginaire, proche de l'idéal de l'auteur. Mais Thomas More dénonce également les conséquences de la propriété et du profit.
Dans la deuxième partie, More décrit l'île d'Utopie, contrepoint lumineux à l'Angleterre de son temps.
L'économie utopienne repose sur la propriété collective des moyens de production et l'absence d'échanges marchands. Cette société, composée d'une cinquantaine de villes gérées de manière semblable, vit sans monnaie, et les échanges collectifs y prennent la place de l’accumulation privée qui cause en Angleterre les malheurs du peuple. La première mission du Sénat, qui compte trois députés par ville, est la statistique économique, permettant la péréquation des richesses entre villes. Utopie commerce uniquement les surplus de son économie avec l'étranger, non pas pour s'enrichir vu que l'or n'a aucune valeur dans son économie, mais pour se constituer une réserve d'or pour engager des mercenaires en cas de guerre. Pacifiques et respectueux de la liberté religieuse, les Utopiens reconnaissent cependant, tous ou presque, un être suprême et l'immortalité de l'âme ; plusieurs embrassent la doctrine chrétienne que leur présentent leurs visiteurs.
Fondée sur la volonté de vivre selon la nature, la morale publique d'Utopie est rigoureuse, condamnant la dissimulation, la chasse, les jeux de hasard, la polygamie et l'adultère, le divorce par consentement mutuel est possible.
b. Utopie, texte humaniste ?
Utopia s’inscrit dans le mouvement de
l’humanisme, mouvement qui se
caractérise par :
- le développement de la pensée politique ;
- la remise en cause de la place de l’homme dans l’univers et une volonté d’ouverture vers l’étranger ;
- l’essor scientifique et technique ;
- l’éveil de la rationalité : l’homme a confiance en ses propres possibilités. Il pense que la société idéale peut être une construction humaine ;
- le désir d’un monde meilleur, vers une amélioration de la vie de l’être humain.
- le développement de la pensée politique ;
- la remise en cause de la place de l’homme dans l’univers et une volonté d’ouverture vers l’étranger ;
- l’essor scientifique et technique ;
- l’éveil de la rationalité : l’homme a confiance en ses propres possibilités. Il pense que la société idéale peut être une construction humaine ;
- le désir d’un monde meilleur, vers une amélioration de la vie de l’être humain.
3. Avenir de l'utopie
Le genre de l’utopie apparaît au XVIe
siècle, période riche en découvertes,
mais pleine de doutes et d’incertitudes.
L’utopie est un moyen détourné pour
faire prendre conscience aux hommes de ce qui peut
être fait afin de créer une
société orientée vers le bonheur
individuel, où chaque être pourrait vivre
en harmonie. C’est le cas de l’abbaye de
Thélème dans Gargantua de Rabelais
où les gens libres, bien nés, bien
éduqués, vivant en bonne harmonie, ont
naturellement un instinct, un aiguillon qu’ils
appellent honneur et qui les pousse toujours à agir
vertueusement et les éloigne du vice.
Les XVIIe et XVIIIe siècles voient fleurir les utopies : ville heureuse de Salente et Bétique dans Les Aventures de Télémaque de Fénélon (1699), les voyages extraordinaires de Cyrano qui le mènent dans les empires de la lune et du soleil, ou l’Eldorado dans Candide de Voltaire.
En effet, la confiance en la perfectibilité de l’homme et le progrès scientifique donnent à l’utopie deux formes principales, une fondée sur le progrès pour atteindre le bonheur, l’autre prônant un retour aux sources comme un retour à la vie originelle.
Les XVIIe et XVIIIe siècles voient fleurir les utopies : ville heureuse de Salente et Bétique dans Les Aventures de Télémaque de Fénélon (1699), les voyages extraordinaires de Cyrano qui le mènent dans les empires de la lune et du soleil, ou l’Eldorado dans Candide de Voltaire.
En effet, la confiance en la perfectibilité de l’homme et le progrès scientifique donnent à l’utopie deux formes principales, une fondée sur le progrès pour atteindre le bonheur, l’autre prônant un retour aux sources comme un retour à la vie originelle.
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