Sondages, médias et opinion publique
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- Comprendre les liens entre médias, sondages et opinion publique.
- Les médias sont devenus des acteurs incontournables de la vie politique et ont une certaine influence sur l’agenda politique et l’opinion publique.
- Les sondages sont devenus un instrument de l’expression de cette soi-disant opinion publique, sans que pour autant leur rôle ne soit relativisé et discuté.
Quelle influence les médias ont-ils sur le comportement des citoyens mais aussi sur le débat politique ?
Les médias sont omniprésents désormais dans la vie publique. Télévision, radios, internet et réseaux sociaux concourent à façonner la vie politique. Le personnel politique lui-même utilise les médias pour alimenter la polémique, faire passer des messages, etc. Cela peut prendre plusieurs formes :
- Meetings dont les partis politiques filment les meilleurs moments pour les transmettre aux médias. Pendant la campagne de 2012 en France, les chaînes d’information ont retransmis les discours 24H/24, permettant ainsi aux citoyens d’en connaître l’essentiel ;
- les débats politiques (notamment celui entre le premier et le second tour de l’élection présidentielle) sont devenus un rendez-vous obligatoire sur les grandes chaînes de télévision nationale ;
- les réseaux sociaux servent aux hommes et femmes politiques à alimenter l’information, quitte à faire de l’événementiel ou de créer des polémiques pour exister médiatiquement (par exemple le micro-blogging sur Twitter).
Le discours politique s’est professionnalisé depuis l’utilisation massive des médias. Les hommes et femmes politiques ont des conseillers en communication, en image, des spécialistes qui rédigent leurs discours ou encore des publicitaires qui organisent leur campagne électorale, imaginent les affiches, les slogans, etc. Tout cela au détriment, quelquefois, de l’authenticité selon les détracteurs de ces méthodes.
Les médias ont un pouvoir conséquent qui
est celui de mettre en valeur des
problèmes qui feront réagir le
personnel politique (fonction d’agenda). Ils
peuvent alors sélectionner les enjeux de
certaines élections et infléchir le sens
des débats. On les accuse aussi de faire ou de
défaire des candidats aux élections (par
exemple, lors de la campagne de Ségolène
Royal aux élections primaires socialistes de
2007). Les médias jouent alors le rôle
d’entrepreneurs de morale (selon
l’expression d’H. Becker).
L’influence des médias est toutefois bien
relative car les citoyens qui
s’intéressent le plus à la
politique sont aussi ceux qui sont les plus
politisés et ont choisi un camp depuis
longtemps. Ainsi, les études portant sur
l’influence du débat de la
présidentielle entre les deux derniers candidats
en lice ont montré un impact très
limité sur les résultats finaux. Pour
ceux qui sont déjà plus ou moins
décidés, cela ne fait que renforcer leurs
arguments en faveur de leur candidat. Mais le fait que
de plus en plus d’électeurs se sentent
indécis, pourrait augmenter
l’influence des médias. Cela n’est
visiblement pas toujours le cas. Certaines personnes
interrogées déclarent être plus
influencées dans leurs choix par leurs
relations familiales, amicales ou
professionnelles.
Un sondage d’opinion sert à donner,
de manière statistique, une indication
quantitative de l’opinion d’une
population au moyen d’un échantillon
représentatif. Ces sondages sont
commandés par des médias ou les candidats
eux-mêmes. Ils peuvent servir à
évaluer les chances de tel ou tel candidat aux
élections, mais aussi refléter
l’opinion d’une majorité de la
population pour aider les décideurs à
faire des choix. La forte augmentation des
dépenses de l’Élysée pour
les sondages sous la présidence de N. Sarkozy
illustre parfaitement ce phénomène.
Ces sondages sont aujourd’hui
réalisés par la méthode des
quotas. On interroge un échantillon de
personnes qui ont les mêmes
caractéristiques que la population totale. On
peut ainsi en tirer des résultats fiables
à partir d’un échantillon de 900
à 1 000 personnes. Ces sondages sont
affectés de marges d’erreurs (notamment
pour des cas particuliers comme le vote pour le Front
National). Plus l’échantillon est
important, moins cette marge est forte. Les
instituts de sondages doivent communiquer sur la
nature du sondage, sa méthode et le redressement
des résultats, entre autres, afin d'être
validés par la commission des sondages.
Les sondages peuvent paraître influents sur
l’opinion publique et sont même parfois
accusés de la fabriquer. En effet, les individus
vont quelquefois avoir tendance à
s’identifier aux résultats des sondages en
faisant confiance dans la majorité (en
référence au despotisme de
l’opinion publique dénoncée au
XIXe siècle par Tocqueville). De
plus, les résultats de ces sondages vont
influencer les médias dans leurs choix de
sujet de débats à lancer lors des
élections. Le personnel politique va lui aussi
se soumettre quelques fois aux résultats pour
changer de politique ou faire des propositions
censées satisfaire la majorité des
citoyens.
Les sondages peuvent aussi influencer les
résultats des élections. De ce fait,
ils sont interdits à la veille des scrutins en
France. Ségolène Royal a, quant à
elle, été désignée par les
militants socialistes comme candidate à
l’élection présidentielle de 2007
car elle était la mieux placée dans les
sondages pour battre Nicolas Sarkozy. Si un sondage
avait donné Jean-Marie le Pen au second tour de
l’élection présidentielle de 2002,
les électeurs ne se seraient-ils pas
mobilisés pour voter Lionel Jospin, changeant
ainsi le cours de l’élection ? Jacques
Chirac aurait-il alors été
réélu pour un second mandat ?
Les sondages sont aussi critiqués pour plusieurs
raisons :
- la construction des questions peut être le signe d’une manipulation de l’opinion publique. Certaines questions induisent plus facilement une réponse que d’autres (êtes-vous pour ou contre le nucléaire ? La France doit-elle abandonner son indépendance énergétique gagnée grâce au nucléaire ?) ;
- pour Pierre Bourdieu, l’opinion publique n’existe pas car tous les citoyens n’ont pas d’idée sur la question posée et que certains sont mieux informés que d’autres donc leur voix compte alors plus fortement ;
- les résultats des sondages ne sont pas toujours tous présentés, seuls ceux qui retiennent l'attention ou servent les intérêts de certains seront alors discutés. Cela crée une distorsion de la réalité de l’enquête.
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