Réforme et Contre-Réforme

C’est la combinaison de plusieurs causes qui conduit à la Réforme protestante :

• La grande peste du XIV^e siècle a généré la peur d‘une punition dans l’au-delà dont les fidèles de l’Église cherchent à se prémunir, notamment grâce au système des indulgences. Le clergé déforme ainsi le texte biblique et en pervertit l’esprit.
• L’accès à la Bible repose lors des messes qui se tiennent en latin et sur la médiation du clergé qui interprète son sens. Un retour au texte même devient nécessaire pour en retrouver le sens.
• Le développement de l’imprimerie permet alors de diffuser des éditions de la Bible en français, si bien qu’elle devient accessible au plus grand nombre. Cela favorise un contact direct avec le texte et conduit les croyants à adopter une attitude critique envers la lecture proposée par le clergé catholique.
• Le pouvoir du Pape, notamment au travers de sa capacité à faire lever un impôt, se pose en concurrent de celui des monarques. Les bulles papales (lois applicables pour tous les chrétiens), qui ne connaissent pas de frontière, s’imposent parfois comme rivales des décisions politiques...

La publication par le moine Martin Luther (1483-1546) de ses 95 thèses, placardé sur une église à Wittemberg le 15 octobre 1517, marque le début de la diffusion des idées de la Réforme. Le luthéranisme est ensuite interdit en Allemagne à l’initiative de Charles Quint en 1521 (Édit de Worms). Cependant, Luther jouit de protections et il traduit le Nouveau Testament en allemand moderne à partir du texte original. C’est un ouvrage qui bénéficie d’une grande diffusion grâce au développement récent de l’imprimerie.

• En 1523, Ulrich Zwingli (1484-1531), qui avait travaillé depuis 1520 à l’adoption de l'Église réformée par le canton suisse de Zurich, arrive à ses fins.
• En 1524, Martin Bucer (1491-1551) commence à prêcher à Strasbourg et Jean Calvin (1509-1564) à Paris à partir de 1532.
• En 1534, « L’affaire des Placards » - l’affichage de textes anticatholiques sur les bâtiments publics à Paris - conduira le pouvoir royal à mener une politique répressive.

Afin de comprendre en quoi le protestantisme s’écarte du catholicisme, il faut expliquer en quoi consistent les cinq principes (ou les cinq solas) sur lesquels il repose et qui assurent le salut de l’âme.

• La sola scriptura ( « par l’écriture seulement » ) : le texte biblique est suffisant pour guider le croyant vers Dieu. Il n’a pas besoin de l’intermédiaire du clergé qui est cause de mésinterprétation ou de déformation de son message. Le croyant prend directement connaissance du texte.
• La sola fides (« par la foi seulement ») : c’est par sa seule foi en la mort de Jésus Christ pour racheter les péchés de l’humanité (et non en des oeuvres comme dans le catholicisme ou par le respect de rites toujours trop nombreux) que le croyant peut connaître le salut après la mort.
• La sola gratia (« par la grâce seulement ») : il s’agit de la certitude pour le croyant que son salut ne dépend pas de lui mais d’un acte généreux de Dieu. Le Tout-Puissant n’est pas l’obligé de l’Homme et les offrandes ou actes pieux ne peuvent constituer une assurance de son salut. La sola gratia affirme en substance la souveraineté divine. Initialement formulée par Saint-Augustin d’Hippone (354-430), sa réaffirmation par les protestants marque leur volonté de se séparer du système corrompu des indulgences. Celles-ci visent à réaliser des actes de piété (comme des pèlerinages, des prières ou des mortifications mais surtout, et c’est que Luther condamne dans 95 thèses, des donations financières) afin d’exonérer le croyant des pénitences qu’il doit subir pour ses péchés (en latin, le mot indulgere, qui signifie en effet « accorder »). Autrement dit, le protestantisme s’oppose au marchandage du salut de l’âme.
• La solus christus (« par le christ seulement ») : seul le christ est l’intermédiaire entre les croyants et Dieu. C’est une manière de rejeter le clergé catholique vu comme un intermédiaire inutile et illégitime.
• La soli Deo gloria (« à dieu seule la gloire ») : ce principe affirme que seul Dieu est sacré et est objet de dévotion. Les hommes, les objets et les symboles ne peuvent recevoir un tel culte. Le protestantisme s’affranchit ici des dérives des institutions catholiques.

Le concile de Trente (1545-1563), du nom de la ville italienne où il se tient, est la première grande réaction catholique contre le mouvement de Réforme. Il consiste en un dialogue entre catholiques et protestants, mais qui n’aboutit qu’à la réaffirmation de leurs positions respectives. Il consacre ainsi le Grand Schisme du christianisme.

La compagnie de Jésus fondée en 1534 par Ignace de Loyola (1491-1556) a pour objectif de convertir les protestants et d’endiguer l’expansion de la Réforme initiée par le concile de Trente.