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L'être humain : une créature orgueilleuse

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Objectif
  • Définir la notion d’orgueil.
  • Établir le paradoxe qu’il y a pour une créature à faire preuve d'orgueil face à son créateur.
  • Comprendre comment ce vice peut être la cause d’un rapport conflictuel à autrui
Points clés
  • Les notions de fierté, d’orgueil et de vanité ne sont pas synonymes.
  • L'orgueil est un péché capital au regard du catholicisme.
  • La dissimulation de l’orgueil serait une vertu sociale selon La Rochefoucauld.
1. Fierté, orgueil et vanité

Alors que la fierté ne repose que sur une estime, fondée ou non, de ses qualités propres, l’orgueil ou la superbe (du latin superbia) a son origine dans une représentation plus ou moins faussée de notre valeur personnelle, passant par une comparaison avec autrui, faite à notre avantage. Faire preuve d’orgueil, c’est donc toujours imposer ce que l’on est au détriment d’autrui. C’est de surcroît lui porter atteinte avec plus ou moins de finesse en mettant à mal la considération qu’il peut justement attendre de nous. C’est ce qui rend précisément ce vice insupportable ou ridicule pour celui qui est l’objet de cette comparaison. Ajoutons que le ridicule laisse place au dérisoire lorsqu’il s’agit de se comparer à l’incomparable : lorsque l’Homme défie Dieu, il est au comble de l’excès et prétend passer outre les limites manifestes de sa condition d’être mortel et moralement faillible.

Il faut encore distinguer l’orgueil de la vanité en ce que le premier naît seulement de l’estime que nous avons pour nous-mêmes alors que la seconde cherche à faire apparaître pareille considération de notre valeur chez autrui. Ceci nous oblige à nous faire les promoteurs de nos qualités, non seulement par le discours, mais aussi par tous les artifices qui peuvent nous faire espérer, susciter chez lui admiration et respect. Aussi la peinture de vanités - natures mortes - est-elle alors un rappel constant dans les tableaux des artistes flamands du XVIIe siècle du non-sens de cette entreprise : il s’agit là du miroir d’un vice qui livre celui qui en est la proie à l’incertitude du jugement d’autrui et surtout, à une tâche sans fin, car nous devons à jamais chercher à plaire et à exhiber des qualités usurpées. C’est surtout se consacrer à notre paraître bien plutôt qu’à notre être et vivre dans une illusion : celle d’une considération faussée que nous trouvons dans le regard d’autrui. Or là où la vanité cherche l’approbation d’autrui en le séduisant, l’orgueil s’impose, toujours avec un esprit de concurrence et sans souci de plaire.

2. Un péché condamnable

Pleinement épanoui, l’orgueil confine aux limites du réalisable et devient totalement déraisonnable. La dernière scène de l’acte V de Dom Juan de Molière, qui voit le héros être abîmé dans la terre, est une image de la condamnation de ce vice qui l’avait porté jusqu’à défier Dieu et qui le précipite dans le malheur. Voilà en effet que la créature se retourne contre son créateur : par un excès de confiance en soi et surtout une réelle présomption de ses pouvoirs, la créature en vient à défier ce qui, par nature, la transcende. Mais elle oublie qu’elle reste toujours dépendante de son créateur et l’hubris - l’hubris est un mot grec qui signifie “la démesure” - d’un défi adressé à Dieu est sans conteste le comble de la folie orgueilleuse. Elle fait ainsi perdre tout contact avec la réalité et se dévoile alors comme l’un des pires vices moraux pour les croyants, car il nous empêche d'aimer Dieu. Aussi l’orgueil est-il l’un des péchés capitaux : il nous détourne de la foi en Dieu pour nous engager à n’avoir que foi en soi, à s’aimer soi au détriment de Dieu.

Quand Pascal affirme que « le moi est haïssable » (Pensées, Fragment 598, édition Lafuma), il vise ici et fustige un excès d’amour pour soi. Cet amour-propre, où l’on s’aime et se regarde soi-même, est en effet le fossoyeur de notre salut, car nous nous abusons quant à notre valeur et passons à côté des véritables questions que nous devons nous poser et surtout auxquelles il nous faut répondre, sauf à vivre en insensé. Car notre condition d’êtres fragiles et mortels nous rappelle que seul l’amour de Dieu peut nous sauver et que c’est de ce seul vrai amour que nous éloigne cet attachement inconsidéré à notre personne qui est bien éphémère. En ce sens, l’amour propre est cause de l’injustice, car il nous pousse à ignorer la véritable justice qui est celle de Dieu.

3. Un vice social

L’orgueil est mauvais conseiller pour nos relations sociales : il nous rend insupportables aux oreilles d’autrui et surtout, à son propre orgueil. Aussi la fable de Jean de La Fontaine « Les deux coqs » a-t-elle pour morale que « Tout vainqueur insolent à sa perte travaille ». Autrement dit, si d’un combat l’un des coqs est vainqueur, il se trouve puni de sa vantardise en excitant l’appétit de celui qui est plus fort que lui. Car à parler trop de soi, on s’expose à la vindicte et à l'opprobre d’autrui si bien qu’on devient la pâture des vautours.

La Rochefoucauld (1613-1680) préconise à ce titre que nous devons savoir nous rendre aimables aux autres pour pouvoir coexister avec eux et qu’il est nécessaire de rendre notre orgueil supportable à leur amour-propre en feignant de le déguiser sous les habits de la vertu. Une humilité feinte de même qu’une considération apparente chez autrui ne sont que des façons de dissimuler ce même intérêt pour soi car « L’orgueil est égal dans tous les hommes, et il n’y a de différence qu’aux moyens et à la manière de le mettre au jour. » (Réflexions ou sentences et maximes morales, maxime 34). Aussi la magnanimité représente-t-elle alors le plus haut degré de travestissement de cette tendance puisque l’homme magnanime feint d’agir avec désintérêt tout en étant conscient de la valeur qu’il s’accorde. Son orgueil est bridé par son intelligence et l’amour-propre trouve, dans la limite de son expression, le moyen de mieux se repaître ; c’est qu’en effet, la vertu apparente d’une action désintéressée nous rend dignes d’estime.

Mais quelle est la cause de cette inflation sans borne de l’amour-propre ? Jean-Jacques Rousseau propose de distinguer un amour de soi naturel qui nous pousse à assurer notre conservation par la satisfaction de besoins limités d’un amour-propre qui est sans limites. Si l’amour de soi est bel et bien légitime et qu’il est l’expression d’une tendance naturelle chez l’Homme, l’amour propre, lui, est le fruit de la vie en société où nous sommes conduits à nous comparer constamment aux autres et à vouloir en être admirés. La compétition des égoïsmes nous pousse à faire du paraître quelque chose de plus important que l’être, car nous sommes soucieux de l’image qu’autrui a de nous et nous travaillons toujours à l’améliorer. Cette recherche de son approbation nous semble essentielle, car c’est par la médiation de son regard que nous nous aimons. Voilà comment nous devenons alors si orgueilleux, mesurant sans cesse nos qualités à celles des autres, mais aussi vaniteux, en cherchant à leur plaire en détenant ce qui peut en être admiré.

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