Montage à l'œil
Et comme bien souvent les réalisateurs eux-mêmes tiennent la caméra, ces derniers commencent à prendre en charge le montage. Ils coupent alors la pellicule à l'endroit choisi, associent les fragments avec les moyens du bord (trombones, agrafes, etc.), et envoient l'ensemble au laboratoire : les ouvrières réalisent alors les collures exigées avec le matériel dont elles disposent. L'usage des tables n'étant pas encore possible, on peut s'interroger sur la précision des choix établis par les cinéastes. De quels instruments disposaient-ils pour déterminer le choix de la coupure ?
• Une lampe : on place manuellement la pellicule devant la lampe qui vient éclairer chaque photogramme.
• Une loupe grossissante : il devient possible de voir l'image éclairée dans des conditions sinon idéales, du moins acceptables.
• Une paire de ciseaux pour couper le film à l'endroit choisi.
Certains sociologues du cinéma pensent que si le montage a souvent été considéré comme une spécialité féminine (fait indiscutable notamment dans la production française), c'est en raison de ces premiers instruments de couturière, de la minutie avec laquelle il fallait les traiter et de la délicatesse avec laquelle on devait manipuler la pellicule. L'argument demeure insuffisant, surtout aujourd'hui. D'autres modes de production viennent par ailleurs contredire cette hypothèse, le système américain en tête où les monteurs sont en priorité des hommes.
Il ne faut pas oublier une étape essentielle du processus de montage. L'absence de visionneuse (qui permet d'examiner la pertinence d'un choix de montage) ne doit en aucun cas excuser l'absence de vérification. En effet, il faut systématiquement éprouver la qualité d'un montage directement sur grand écran : La projection est la dernière étape du montage. Il faut voir le film ou les fragments montés dans des conditions normales de visionnage puisqu'un même montage n'a pas le même impact artistique selon la taille des écrans sur lesquels il est examiné.
Comparé au montage vidéo, et davantage encore au montage virtuel, le montage à l'œil conserve un caractère sensible et tactile.
Le rapport du monteur-cinéaste à son œuvre en train de se faire pourrait être comparé à celui que le peintre entretient avec son tableau : c'est une relation plastique qui contribue peut-être à la dimension picturale qu'avaient les premières images cinématographiques montées (certaines scènes des films de Griffith sont de véritables fresques en mouvement).
De la même façon, le rapport au rythme d'un film a été modifié depuis ces premiers temps du montage. Il y avait, dans l'évaluation du rythme, quelque chose de profondément matériel : s'il était compliqué d'en examiner la qualité devant l'absence de matériel (pas de table, pas d'écran de contrôle, pas de visionneuse), il était possible de ressentir ce rythme dans la longueur des fragments pelliculaires que l'on tenait dans les mains. C'est la raison pour laquelle, quand les premières tables ont été inventées, certains cinéastes ont d'abord refusé de s'en servir, persuadés qu'ils perdraient beaucoup plus qu'ils ne gagneraient.

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