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Mémoires de guerre : portrait de Churchill, « Discordances », Le Salut, p. 244-245

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Objectif :
Lire méthodiquement un extrait dans lequel se lit un double portrait : celui de Churchill et à travers lui, celui de son homologue, Charles de Gaulle.
Winston Churchill est une figure politique très présente et puissante. De Gaulle voit en lui, malgré sa défaite aux législatives de juillet 1945, un subtil négociateur dans un portrait plein d’admiration et d’emphase. Dans le chapitre « Discordances », il se compare à lui dans un long portrait parallèle.

Problématique : comment le portrait de Churchill permet à l'auteur de se dire soi-même en négatif et en mettant en lumière ses propres qualités et mérites ?

Axe de lecture :
Au-delà du portrait de Churchill, se devine en négatif celui de De Gaulle et, en creux, le présage des désaffections futures concernant le général.

Texte : « L’ayant beaucoup pratiqué, je l’avais fort admiré… comme je l’avais pris. »

Doc. 1 : Winston Churchill et Charles De Gaulle à Paris


1. Un éloge du « grand politique »
Dans les lignes qui précèdent, De Gaulle présente Churchill comme « le symbole de la patrie en danger » capable de réunir la force de la Grande-Bretagne. Ses qualités inestimables sont « inadéquates au temps de la médiocrité », c'est-à-dire que le temps du départ de Churchill est venu devant l’ingratitude et la mésestime des siens. Le portrait suit une organisation rhétorique remarquable :

Introduction rhétorique efficace
 
De Gaulle introduit son portrait panégyrique (éloge enthousiaste) par une justification de ce qu’il va dire : dire son admiration n’est recevable qu’en vertu d’une connaissance et d’une « pratique » durable. Le verbe « pratiquer » dans son sens figuré connote une habitude, une fréquentation assidue que soutiennent les adverbes de fréquence et d’intensité « beaucoup-fort-souvent ». De plus, il y a une progression entre les trois verbes « pratiqué-admiré-envié » (rythme ternaire solennel) : on passe de l’ordre de la réalité pratique (d’où verbe matériel « pratiquer ») à l’affect, de l’admiration à un sentiment légèrement négatif de jalousie (l’adversatif « mais aussi souvent envié » nuance le point de vue du général et souligne ainsi une volonté de sincérité et de lucidité). L’introduction amène en trois temps à un portait élogieux et non une critique ou blâme.

Justification de son admiration
Elle apparaît dans un développement introduit par la conjonction causale « car » :
- Respect devant l’ampleur de la mission : le mot « tâche » sous entend une responsabilité allouée, un engagement quant à l’accomplissement de son exécution. Ainsi le champ lexical de l’ampleur est omniprésent dans ce passage et les pages qui précèdent ou font suite (« grand-gigantesque-vaste-puissance »…).

- L’envie devant la légitimité de son autorité : le vocabulaire insiste sur cette reconnaissance légale : le participe passif « investi-revêtu-pourvu » renvoie à une autorité remise solennellement en possession du gouvernant par la législation et donc les gouvernés. Le verbe pronominal de sens passif implique que cette autorité est la conséquence directe des élections. La notion d’investiture cérémoniale est confirmée par l'emploi du lexique de la loi avec « instances-régulières-autorité légale », ce dont a besoin le chef d’État français : une reconnaissance officielle.

- L’admiration devant l’unité parfaite de la nation : les tournures hyperboliques « toute la puissance-tous les leviers » excluent toute exception et montre l’unique voie possible sans restriction.
De même le chef incarne un peuple qu’il représente (« mis à la tête d’un peuple unanime » = il est le « capitaine » puisque caput, itis signifie en latin « tête » ; la tête pensante d’un peuple pris dans son ensemble et indivisibilité, d’où le singulier indéfini « un » et l’adjectif insistant sur l’unité et l’absence d’objection « unanime »).

Le portrait de Churchill permet au général d’exprimer ses souhaits politiques : la puissance de la patrie passe par le rassemblement du peuple laissant la possibilité au chef de gouverner. Il exprime dès lors sa jalousie face à l’injustice de l’histoire qui épargne certains pays (l’adjectif « intact » ne manque pas de contraster avec le champ lexical omniprésent du désastre et du ravage lié à l’occupation et à la bataille), et la réalité politique du régime colonialiste qui tire sa puissance d’un « vaste Empire » dont la majuscule de cérémonie met en lumière la puissance autoritaire du colon.
Comparer permet d'ouvrir sur un portrait en négatif de De Gaulle.
2. Un portrait en négatif
De Gaulle offre son portait en négatif et en opposition à celui de Churchill d’où l’amorce de la phrase par l’adversatif suivi du pronom personnel tonique de la première personne « mais moi ».
- À la notion d’investiture officielle traduite par les verbes et le lexique de légitimité, s’oppose celle de soumission à l’opportunité « condamné à-réduit à ». De plus, l’adverbe « apparemment » contraste de manière oxymorique (de manière à opposer deux contraires) avec l’adjectif qui suit « officiels »= l’adverbe discrédite en quelque sorte l’accès au pouvoir.

- À la notion de puissance, s’oppose des expressions indiquant la petite quantité, la faiblesse : « bribes de-débris de ». Les noms employés connotent péjorativement d’une notion de « reste » relativement à un indénombrable : la force et la fierté, ce qui unit le peuple britannique. Aux indéfinis « toutes-tous » indiquant la globalité s’opposent les indéfinis « quelques » correspondant à une somme peu quantifiable et minime.

- Face à l’unité du chef et du peuple, De Gaulle se peint dans un adjectif-épithète détachée et mise largement en évidence « seul », (mimétisme grammatical de la place de l’adjectif isolé du corps de la phrase, entre virgules).

- Face à l’unanimité d’un peuple, s’oppose l’aliénation (dépossession d'un individu, de ses forces, de son identité) d’un autre « livré à l’ennemi ». Le peuple français est alors personnifié comme un corps isolé et meurtri, blessé à mort en ce qui lui est vital « jusqu’aux entrailles ». Tout converge pour donner une impression de morcellement dans la séparation du chef et de sa patrie, des forces vitales du pays éparpillées en « bribes », atteintes dans leur être même.
La réussite de l’un est minimisée en regard de l’autre largement valorisée.
3. Un portrait en parallèle, un effet d'annonce
Les points communs
De Gaulle met en lumière les points de convergence entre les deux grands hommes :
-
Les deux hommes sont réunis dans un pronom pluriel sans les distinguer l’un de l’autre et de manière métonymique dans le groupe nominal « leur œuvre » : l’adjectif possessif les unit dans la notion d’une mission à accomplir, œuvre pour sauver leur nation en luttant contre la barbarie nazie.

- Unis temporellement comme si leurs destins étaient liés dans la durée « pendant plus de cinq années ». La concomitance était annoncée par le complément de temps « dans le même temps ».

- Unis par le même destin : la métaphore filée du gouvernement assimilé à la navigation envers et contre tout, « dans la mer démontée de l’Histoire » instaure un parallèle dans la violence de leur combat (« démontée » = violence, démesure du danger nazi), dans l’uniformité de leurs repères (« les mêmes étoiles » = repères d’un idéal, d’un but, d’un guide pour avancer au-delà de la furie), dans la proximité physique « côte à côte ».

Effet de décalage et prémonition 
L’image d’une course maritime permet à De Gaulle d’observer ce qui se passe chez l’allié pour anticiper de son devenir. L’image du répit revenu en Grande -Bretagne (« nef amarrée ») s’accompagne d’une vive ironie relativement à la défaite électorale de Churchill. L’apparente politesse sous forme de litote « invitait à quitter son bord le capitaine » montre l’ingratitude britannique puisque le possessif « son » montre la légitimité du capitaine à demeurer à bord, « son bord » ; le rappel du par l’antériorité de l’élection au moment critique (« avait appelé » suivi de l'image de la tempête) contraste ironiquement avec l'emploi du verbe « invitait à » = le capitaine en fonction de COD est utilisé comme moyen de combat et de lutte puis invité au départ. Le ton est grinçant et propose une réflexion intuitive au général « je prévoyais » d’où l’anticipation au cœur de la métaphore : « en vue du port ». L’auteur se projette alors dans un irréel du présent (conditionnel à valeur de potentiel) où il serait maître de ses choix, non imposés à lui : « je quitterais-je l’avais pris ». Toute la puissance de la première personne est ici affirmée avec le « je » soutenu par le pronom tonique « moi-même », qui traduit la volonté de rester maître de son destin, avant que le navire ne prenne l’eau.
L'essentiel
Ce portrait permet l’expression de l’admiration de De Gaulle pour un chef d’État, un portrait de lui-même en parallèle mais aussi et surtout, il anticipe sur les années à venir. Par le parallèle que le mémorialiste dresse entre les deux hommes, ce portrait se termine finalement sur celui du général De Gaulle lui-même dans un style avant-coureur des temps à venir.

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