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L'écriture satirique aux 17e et 18e siècles

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Objectifs :
Étudier une écriture dont l’objectif est de produire une critique verbale : ses moyens et objectifs ; acquérir une connaissance du texte satirique aux 17e et 18e siècles.
Le blâme ou l’écriture satirique vise à critiquer et à se moquer d’un individu, d’une société ou d’une idée pour provoquer une réaction de rejet chez le lecteur. Le genre met en évidence la fonction critique, polémique ou argumentative du langage, telle « une parole qui tue », écrirait Victor Hugo.
1. Rappels sur le texte satirique
Bref historique
La satire est un genre poétique d’origine latine, (notamment le poète latin Lucilius dans ses Satires au 2e siècle avant J.C.). On peut lire des textes satiriques chez Horace, Perse, Catule, Martial, Sénèque qui adjoint à son texte une dimension philosophique et morale ou Juvenal dont le langage et les atteintes sont plus virulentes.
De nombreux textes grecs relèvent de la satire comme le Margitès d’Homère qui parodie l’épopée ou le portrait de Socrate par Aristophane.

Doc. 1. Aristophane en l'an 5 avant J.-C.

Définition 
Satura  signifie « ensemble de choses diverses et variées, pot-pourri », ce qui sous-entend un genre souple et relativement libre dans le ton, le rythme et le thème évoqué.

- La fonction : l’écriture satirique a une fonction argumentative cherchant à dévaloriser une personne, une idée, une société en mettant en évidence ses défauts. L’auteur exprime un jugement péjoratif ou dépréciatif, selon des critères qu’il définit personnellement. Il s’appuie sur des valeurs morales (qui définissent le Bien ou le Mal, les vertus ou les vices) ; des valeurs esthétiques (qui déterminent le Beau ou le Laid) ; des valeurs intellectuelles et plus abstraites (notion de culture et d’héritage selon le peuple, l’époque… ).

- Le ton peut être plus ou moins polémique ou virulent selon les moyens employés : de la remarque à la dénonciation ; de la description dévalorisante (langage dépréciatif, métaphores négatives) à un véritable réquisitoire (figures d’insistance, hyperboles excessives, oppositions flagrantes…) ; de l’ironie sous-jacente (connotations, sous-entendus) à la polémique ouverte (phrases exclamatives et interrogatives exprimant la colère ou le dégout…)

- Les genres sont différents : le pamphlet (écrit bref et violemment polémique), l'épigramme (poème à visée satirique), le portrait ou la caricature se présente souvent comme un blâme hyperbolique, les maximes (courtes sentences qui énoncent un principe moral), les apologues (bref récit à visée morale).
2. L'écriture satirique au 17e siècle
Les auteurs du 17e siècle ont donné à la satire ses lettres de noblesse en stigmatisant les mœurs de leur temps et en ridiculisant les vices des hommes. Les écrivains critiquent, dénoncent les torts sociaux et moraux, peignent les vices de ceux avec qui ils règlent leurs différends. Les genres sont très variés.

Le genre de la Satire 
Boileau dans ses Satires peint la capitale française en fustigeant les « embarras de Paris » comme une ville hyperactive à outrance avec force d’humour et d’exagération comique ou épique. Il dresse également une série de portraits dans une verve plus virulente dénonçant notamment la frivolité de la femme coquette ou infidèle, débauchée ou dépensière…

La Bruyère
dans ses Caractères utilise la même veine satirique composant une galerie de portraits variés aussi incisifs que comiques. L’observateur acerbe utilise la satire pour dénoncer les mœurs du grand siècle, les défauts des hommes, mettant son pinceau au service d’une morale. On trouve chez La Bruyère les ferments de la critique de la société et du pouvoir : la critique des gens en place (dont le seul métrite est d’être bien né) et du Roi (peu concerné par ses sujets) ; la critique des courtisans (qui caressent l’ego des grands pour accéder à quelque privilège) et la critique des plus humbles (qui servent docilement l’orgueil des grands sans changer quoi que ce soit à cette condition).

Doc. 2 : Portrait de La Bruyère


Le genre théâtral 
La comédie fonde notamment son comique sur la satire des mœurs de la société. Certaines tirades extraites des pièces de Molière sont véritablement satiriques. Même au cœur de la grande comédie de Don Juan, certaines séquences valent un portrait satirique. C’est le rôle critique qu’il assigne au théâtre dont il affirme qu’il doit corriger les vices de l’homme. Dom Juan permet la critique de la philosophie libertine amorale ; il permet de surcroît de fustiger l’injustice divine et le faible secours qu’apporte Dieu et la prière aux pauvres.

Le genre poétique ou l’apologue 
La Fontaine dans ses Fables met en scène les hommes sous le couvert de l’animal personnifié en dénonçant la société, les travers des hommes tels que le pouvoir tyrannique, l’hypocrisie, l’infidélité… La satire se met au service d’une moralité proche de la sensibilité du siècle des Lumières.

La maxime ou le texte philosophique 
Les Pensées de Pascal utilisent parfois une écriture satirique qui épingle le comportement de l’homme, en donnant un jugement moralisateur. Dans le fragment 172, il montre l’erreur de l’homme en effervescence qui refuse le présent et fuit dans la lâcheté : il s’aveugle pour éviter la souffrance de sa condition humaine. Les phrases sont sèches et sans équivoque. L’attitude de l’homme est vaine et imprudente.
3. L'écriture satirique au 18e siècle
Au 18e siècle, les œuvres des philosophes des Lumières relèvent du genre du blâme dans leur volonté de dénonciation. De la diffamation à la morale, les objectifs se rejoignent dans le but commun de dénoncer pour corriger. L’écrit satirique prend de multiples formes : l’écrit théorique, la préface, la correspondance, la narration.

Le genre épistolaire (les lettres) 
Ce genre permet de diversifier les points de vue et de critiquer les mœurs et les institutions françaises. Montesquieu propose dans ses Lettres Persanes une satire des français instables et orgueilleux, une critique de la religion et du despotisme tout en communiquant ses idées sur l’esclavage, l’intolérance, la justice… Les tons varient de la critique amusée des caprices de la mode par exemple, à la dénonciation de la pratique du pouvoir exercé par Louis XIV, « un grand magicien » ou encore l’ironie mordante sur la supercherie de la puissance papale.

Doc. 3 : Portrait de Montesquieu


Le conte philosophique 
Ce genre est un récit d’apprentissage qui rejoint l’écriture satirique lorsque l’ironie ou l’intention de l’auteur est de dénoncer. Ainsi, Candide de Voltaire est un conte qui met en évidence les catastrophes que subit l’homme, que ce soit d’origine naturelle comme un tremblement de terre ou humaine comme la guerre. Il s’interroge alors sur la question du Mal et songe que l’optimisme, réponse apportée par Leibniz, philosophe allemand du début du siècle, est une aberration. Le récit critique la vanité de cette théorie et dénonce tous les travers de son époque : la violence et la cruauté des hommes, leur intolérance et leur fanatisme.

Les articles et l’Encyclopédie
 
Derrière une volonté manifeste de réunir les savoirs universels, il s’agit de s’engager dans la philosophie des Lumières en contestant les inégalités, les injustices ou ce qui n’est pas sous le contrôle de la raison. Ainsi, de nombreux articles épinglent la religion comme une supercherie puisque les faits restent improuvés. L’article anonyme « Christianisme » derrière des éloges outranciers manifeste une ironie satirique envers l’éloquence de tout prophète et son imposture.

Le théâtre
Le genre n’est pas épargné par la veine satirique politique et sociale. Beaumarchais revendique dans la préface du Mariage de Figaro, le droit de censurer les mœurs de son siècle. Le théâtre permet de fustiger les abus de pouvoir des maîtres envers les valets plus respectueux de la morale. Le monologue du personnage principal dévoile justement la difficulté du sujet à se réaliser sous le poids des contraintes sociales, à avoir droit au bonheur.
L'essentiel
Le blâme est un acte de langage subjectif à visée argumentative, qui dévalorise. Il utilise différents procédés de style et différents genres dont le but est la mise en relief de la condamnation et de l'indignation du locuteur.

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