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Mémoires de guerre : l'excipit

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Objectifs :
Lire méthodiquement l’excipit des Mémoires, en percevoir la dimension lyrique, philosophique, littéraire.
L’excipit constitue les dernières lignes d'une œuvre. Il s'oppose ainsi à l’incipit qui désigne le tout début : il est fondamental puisqu’il clôt les Mémoires en proposant une tonalité toute différente. Il y a une contradiction entre celui qui se dit « le vieil homme recru d’épreuves » qui attend « le froid éternel » au moment de la publication, soit à 69 ans et sa réintroduction très active dans la vie publique. Le passé, le présent de l’énonciation et le besoin de dire « la traversée du désert » se mêlent.
Ainsi, cette fin constitue une entité étrange, une envolée lyrique de l’homme de lettres qu’est le général de Gaulle. Au lieu de clore les chroniques, elle révèle les secrets de l’artiste et du littéraire.

Doc. 1 : Portrait de Charles De Gaulle


Problématique :
comment le même genre hybride des mémoires permet un postulat historiographique, autobiographique et même philosophique ?

Axe de lecture : Des méditations de l’homme en retrait sur les leçons de la nature vers la dissolution du sujet…

Texte : p. 344-345 : « Pourtant dans le petit parc … la lueur de l’espérance ! »
1. Méditations de l'homme
Cet extrait donne tout sens au « je » autobiographique : le mémorialiste est entouré par la nature et dit ce qu’il perçoit dans un mouvement d’exaltation lyrique : « je dirige ma promenade…me submerge… je me sens… m’envahit ». L’auteur ressent et reçoit de la nature, tout à tour sujet de l’action « faire-diriger », puis récepteur d’une sensation « se sentir », où le pronom personnel de la première personne est COD du procès, d’une nature envahissante.

Omniprésence de la nature dans le quotidien du narrateur
- L’environnement direct de De Gaulle : « le petit parc » (l’adjectif affectif « petit » est justifié par une digression au discours indirect libre entre tirets, avec une exagération propre au langage oral « quinze mille fois », soulignée par une exclamative au ton ascendant et humoristique) ; la nature liée à l’intimité familiale (première allusion au cercle familial qui favorise l’enracinement à la nature « les fleurs plantées par ma femme » dans une scène champêtre dont la simplicité surprend avec la teneur grave des pages précédant le départ) et le renouveau perpétuel de la végétation comme une promesse suggérée par le groupe verbal « manquent rarement de » (les verbes au présent sont précédés d’un préfixe de réitération marquant la durée de ce présent perpétuel d’habitude « reverdir- renaître »).

- L’élargissement au village avoisinant illustre cette victoire du présent sur le passé (cf. phrase précédente « renaissent après s’être fanées », puis dans les maisons « vétustes », sort le rire des jeunes mis en évidence par la brusquerie sauvage de l’adverbe « tout à coup »et le nombre considérable « de filles et de garçons rieurs »).

- L’élargissement à un plan plus large
, celui des forêts voisines traduit l’enracinement de l’auteur dans son terroir : le présent d’habitude (« quand je dirige ma promenade » = but de la promenade affirmé par un verbe d’action déterminée) souligne la fréquentation habituelle de la forêt, au cours des promenades quotidiennes. L’énumération des noms atteste de la véracité des propos et de l’ancrage du promeneur dans son environnement naturel.

Lien du narrateur avec la nature 
La nature produit un effet méditatif sur le général confronté au cycle de la vie. Le thème de la nature renvoyant l’homme à son destin est un leitmotiv de la littérature notamment romantique.

- La nostalgie « liée à la sombre profondeur » de la forêt (symbolisant le mystère, l’au-delà, l’inquiétante étrangeté…) : est liée à l’angoisse de la mort, du temps qui passe, du destin qui s’accomplit au cœur d’un processus cyclique contre lequel on ne peut rien.

- L’espoir d’une lutte de la nature vers l’éternel recommencement montre l’impossibilité d’une finitude de l’univers. Le jeu des temps est remarquable dans cet extrait que montrant la vie « depuis qu’elle parut sur la terre, livre un combat qu’elle n’a jamais perdu ». Le passé simple établissant l’apparition de la vie comme accomplie, le passé composé suggérant le succès comme acquis depuis toujours (mis en valeur par la négation totale « ne...jamais ») sont anéantis par la permanence du combat, dans un présent de vérité générale.

- La pérennité de la nature perce l’obscurité de la forêt : le chant de l’oiseau symbolise la joie et la vie (reprise des Mémoires d’outre tombe, de Chateaubriand) ; le soleil et la végétation naissante (symbolisant la terre nourricière et fertile avec les « bourgeons »).

- Le réconfort dans la leçon intime et essentielle de la nature : le participe passé « traversé » suggère l’intensité du sentiment qui s’impose à l’intégralité de son être et l’adjectif « secret » l’intimité profonde et indicible de la perception.
De plus, le présent de vérité générale instaure une autorité mise en évidence par l’adverbe « toujours », vérité qui s’étend ans un futur à valeur de certitude, ne laissant nulle place au doute « sera fait » ; « après que j’aurai disparu » et qui met en évidence le renouvellement comme loi essentielle de la vie.
2. Disparition du sujet parlant, du « je » autobiographique
Le sujet subit
Ce qui explique la substitution du pronom personnel « me » en fonction de COD et non sujet d’une action.
- Il subit le temps qui passe
: la conjonctive montre la progression inéluctable (« A mesure que… » = continuité régulière) ; et l’emprise du temps. Le verbe « m’envahit » place le sujet en position de passivité soumise.

- Il accepte l’appel de la nature et de la terre se substituant à l’appel de la patrie.
La nature est personnifiée et douée de parole (c’est une prosopopée) tout au long des lignes suivantes : comme un être capable de raison (« sa sagesse ») et de consolation = il y a donc glissement vers une conception lyrique du cadre naturel, de la terre-mère, nourricière. Le « je » du mémorialiste, présent au début du passage est alors relayé par le « je » de la nature. La nature devient un double de l’auteur, dans une longue prosopopée qui donne vie à l’univers et permet la méditation sur la vie.

Les quatre saisons font chacune l’objet d’un paragraphe

- Le printemps : est la période du renouveau s’imposant sur le passé révolu marqué par l’adverbe archaïsant « jadis » (la concessive « quoiqu’il ait pu arriver jadis » met en évidence l’acharnement du renouveau s’exprimant au présent avec fermeté « je suis au commencement ! ») : d’où opposition entre le clair qui s’impose et l’obscurité des giboulées, la jeunesse et l’âge des arbres usés par les ans « rabougris », la beauté et l’aridité des cailloux. Le chant est optimiste rejoint la perception de De Gaulle. Comme l’homme se sait « source d’ardeurs nouvelles… », le printemps est promesse « des sèves et des certitudes si radieuses et si puissantes qu’elles ne finiront jamais » : Les mêmes pluriels et tournures hyperboliques, la même certitude du futur sont comparables sous le couvert du « je » autobiographie et du « je » de la nature personnifiée.

- L’été : parle pour l’homme qui revendique que la vie n’est pas menacée par la mort. C’est De Gaulle qui s’écrit « Désormais, l’avenir m’appartient », qui vaut promesse et proclamation tout officielle.
La nature est essentiellement évoquée par les végétaux (« grains, fruits ») et les êtres vivants (perçus dans la globalité de « troupeaux » ) sous un angle particulier : ce qui touche à la fécondation et production, donc à la terre nourricière et créatrice (image de la procréation féminine « qui sort de moi…nourrit… ma chaleur »).
La certitude autoritaire que « rien ne saurait détruire » la vie est un besoin de se rassurer, sur une tonalité enthousiaste largement traduite par les exclamatives du discours direct.

- L’automne : est le moment de la lucidité amère, il y a donc évolution des verbes de la prosopopée (« chante-proclame puis soupire » : le verbe introducteur de dialogue traduit déjà le regret nostalgique). L’évocation de la mort proche « près de son terme » est évoqué avec un passé composé à valeur d’accompli, d’action achevée « ai donné » ; un présent de repli sur soi « recueille », des futurs qui traduisent un espoir plus mince et moins affirmatif que dans les paragraphes précédents « viendront m’arracher-refleurira ».

De plus, la nature est féminisée comme une élégante (dominante de rouge et or, représentant vie et luxe) d’un certain âge qui se conforte dans sa féminité passée (l’adverbe « encore » a valeur pathétique comme une litote qui atténue l’idée désagréable d’une beauté perdue, désagréable parce que violente comme le verbe « arracher » le connote et l’adjectif « déchirante ») et dans le pressentiment du déclin « bientôt ».

- L’hiver : est incontestablement la période correspondant au moment de l’énonciation du mémorialiste. Il y a coïncidence avec l’homme qui décline et espère encore sa participation à la vie politique de la nation. D’où le champ lexical de la mort très lourdement induit dans ce paragraphe avec la dominante de la fixité et de la stérilité (« stérile-glacée-meurent-scellé-mort-inerte »).

Ainsi, la nature exprime la douleur (le verbe « gémir » suggère la plainte), d’où une propension à la plainte dans une exclamative introduite par l’adverbe élégiaque (plaintif) « hélas » et le choc violent de l’antithèse naissance/mort (« que je fis naître/meurent sur mon sein » = point culminant du pathétique, la figure de la mère en deuil de son enfant). Au moment le plus proche de la mort, en creux de l’hibernation et par effet de contraste, sourd la vie ou la promesse du renouveau : l’auteur multiplie les questions oratoires rythmées qui sont une invitation à entendre le mystère de la vie (contraste immobilisme « sol inerte » / « sourd travail » ; « ténèbres » / « le merveilleux retour de la lumière et de la vie »).

L’expression de la nature va crescendo pour illustrer l’éternel recommencement, et sert l’homme politique qui en creux de ce qu’il perçoit de la nature, devine son destin : l’homme d’action ne meurt jamais puisque ses actes peuvent perdurer, renaître, inspirer d’autres actions.
3. Réflexion philosophique sur la vie et la mort, la traversée du désert et le retour
Les Mémoires s’achèvent par trois apostrophes, en guise d’adieu et d’attente du renouveau, construites parallèlement, sans verbe conjugué, et suivant une sorte d’ordre « décroissant ».

- Apostrophe à la Terre : la majuscule de majesté suggère la terre nourricière et originelle, respectée pour sa persévérance (champ lexical de l’épuisement extrême « rongée-rabotée-épuisé » en opposition avec la lutte intestine de la vie « produire-succéder-vivants ») et la mission éternelle dont elle est investie (« ce qu’il faut » = obligation mystérieuse, cf. l’adverbe « indéfiniment »). Vers un espoir de vie renouvelée

- Apostrophe à la France (rétrécissement géographique vers la nation ou de patrie) : respectée parce que malmenée comme le sous entendent les adjectifs d’affliction extrême « accablée-meurtrie » suggérant la blessure morale et physique ; les actions contraires « allant/venant » ; les états antithétiques « grandeur/déclin » ou le complément de manière décrivant son hyper-activité « sans relâche » mais revêtant un espoir de redressement incessant. Vers un espoir de renouveau politique.

- Apostrophe à l’homme (du macrocosme au microcosme) dont la minuscule traduit la petitesse et l’humilité : qui représente le général en retrait « détaché des entreprises » en 1946 (et non au moment de la rédaction ou publication) mais « jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance ». La même opposition clair/obscur ; lassitude/ espoir traduit un espoir de combattivité nouvelle.

Les notions d’espoir et de renouveau sont essentielles et omniprésentes dans cet extrait : « ne finiront jamais » ; « ardeurs nouvelles après que j’aurai disparu » ; « refleurira ma jeunesse » ; « le merveilleux retour de la lumière et de la vie » ; « se succèdent les vivants » ; « le génie du renouveau » ; « la lueur de l’espérance »…


L'essentiel
Au moment de conclure, le mémorialiste, propose en pensant sa retraite en campagne, une réflexion sur la vie. Le recours à une nature douée de la parole, vivante, active, immortelle, donne tout son sens à un réception philosophique et littéraire de cette dernière page des Mémoires.

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