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Médée, Euripide : structure de l'œuvre

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L'épisode tragique traité par Euripide s'inspire du mythe de Médée, qui a trahi son père et tué son frère pour aider Jason, dont elle est tombée amoureuse, à reconquérir son trône. Dans la tragédie d'Euripide, Jason s'apprête à épouser Glauké, fille de Créon, et Médée prépare sa vengeance.
Quelle est la structure de l'œuvre ?
1. La mise en place du drame
C'est la nourrice qui ouvre la pièce dans un monologue qui fait office d'exposition de la situation dramatique :
« Maintenant tout est ennemi, et malade l'amour le plus grand, car, trahissant ses enfants à lui et ma maîtresse, Jason s'accouple à une épouse de sang royal. »

Elle nous peint un tableau effrayé de l'état de sa maîtresse et s'inquiète :
« J'ai peur qu'elle ne prenne une décision inouïe, car son esprit est brutal. [...] Qu'elle ne tue le roi et le marié et qu'elle n'invente après une catastrophe plus grande. »

Tout est dit dès le départ. Il s'agit pour le spectateur qui connaît l'histoire par cœur d'assister aux modalités du déroulement tragique du mythe.

Le pédagogue qui arrive avec les enfants se fait le messager d'une nouvelle qui va tout précipiter : l'exil de Médée et de ses enfants est imminent.

Médée se répand en lamentations et imprécations contre Jason et sa descendance : sa parole dit déjà son acte à venir, « Mourez, enfants maudits d'une mère haineuse, et votre père avec ! Que toute la maison s'anéantisse ! »

Ce qui nous vaut une mise en garde générale de la nourrice contre les excès qui « produisent, chaque fois qu'un dieu s'irrite contre une famille, des catastrophes illimitées. »

Le chœur dans la parodos vient se joindre aux protagonistes, tente de faire entendre raison à Médée (« Si ton mari honore un lit nouveau, ne t'exaspère pas contre lui. »), et chante dans l'épode (les 14 choristes chantent tous ensemble) l'entrée de Médée, en rappelant son passé.

Médée, dans son adresse au chœur, « Femmes de Corinthe », leur fait part de la condition difficile de l'étranger et de l'épouse soumise au joug du mari : elle exprime là une des grandes préoccupations d'Euripide qui s'est intéressé au sort de ces deux catégories d'opprimés. « La femme est toujours pleine de frayeur, mauvaise à la lutte et au spectacle du fer ; mais quand l'injustice l'atteint dans son lit, il n'y a pas d'esprit plus sanguinaire. »
2. La vengeance démesurée de Médée
S'ensuit la première scène d'agôn (affrontement) entre Médée et Créon, où une stichomythie pathétique succède à l'échange de tirades au contenu équilibré entre les deux protagonistes. À Créon qui l'enjoint de quitter le pays, elle demande un jour de délai pour préparer son départ. Elle fait appel à son humanité et obtient gain de cause.

Dans le long monologue qui suit, Médée prépare sa vengeance et entrevoit son avenir, une fois celle-ci accomplie. Elle n'envisage pas encore de tuer ses enfants mais voit ce jour de délai comme celui « où de trois de [ses] ennemis [elle] [fera] des cadavres, le père, la fille et [son] mari. »

Le deuxième stasimon du chœur, composé de deux strophes (7 choristes) et de deux antistrophes (les 7 autres choristes), développe une ode à la femme et s'associe à sa douleur d'épouse délaissée.

La deuxième scène d'agôn voit s'affronter Jason et Médée : Euripide choisit de peindre en Jason l'image du mâle dominateur et lâche, contre qui Médée laisse exploser une haine compréhensible : « Salaud total ! c'est le nom que j'ai pour toi : la plus grande violence que peut la langue contre un lâche. »

Médée lui rappelle tout ce qu'elle a fait pour lui, crimes y compris. Jason contre ses arguments dans une longue tirade où l'on mesure chez l'auteur l'influence considérable que les sophistes ont eu sur lui dans l'usage de la rhétorique : de la meilleure façon de faire triompher la cause injuste ! Maniement habile de la langue qu'Aristophane ne se lassera pas de brocarder dans plusieurs de ses comédies. On pense évidemment aux Nuées qui mettent en scène le triomphe du raisonnement injuste sur le raisonnement juste. Le chœur d'ailleurs ne manque pas de le lui faire remarquer, ainsi que Médée qui le traite de « bon discoureur ». Cela n'entame en rien la décision de Jason qui continue de se justifier par toutes sortes d'arguments spécieux (c'est pour son bien qu'il épouse Glauké !) et finit par proposer à Médée de l'argent pour assurer son exil.

Le troisième stasimon consiste en une plainte sur le désir et les ravages qu'il opère dans le cœur de ceux qui sont les victimes de Cypris (un des noms d'Aphrodite).

Entre Égée (il est venu chercher auprès de l'oracle la cause de sa stérilité) à qui Médée apprend l'infamie de son époux et sa condamnation à l'exil. Médée lui réclame sa protection en lui promettant de mettre fin à son manque d'enfants grâce à ses talents de magicienne. Il accepte à condition que Médée trouve seule le moyen de parvenir dans son pays et prête serment dans ce cas de la protéger contre tous ses ennemis, quels qu'ils soient.

Médée a trouvé là un allié qui va lui permettre d'accomplir jusqu'au bout ses funestes desseins. Elle expose alors son plan au chœur (et par là même au spectateur) : attendrir Jason par des paroles mensongères, lui demander que ses enfants restent avec lui pour tuer la fille du roi en lui apportant les cadeaux empoisonnés. Cela, Médée nous l'avait déjà dit mais cette fois-ci elle ajoute l'acte qu'elle doit accomplir après dans une brève formule dont le caractère irréversible fait trembler d'effroi :

« Je vais assassiner les enfants que j'ai faits. Aucun être au monde ne pourra les sauver ».

Ainsi proclame-t-elle et accomplit-elle en paroles ses crimes à venir, qu'elle justifie dans un fol orgueil, une démesure -hybris- à la mesure de sa douleur : « Je ne veux pas qu'on me juge insignifiante et faible ou inutile, mais faite sur l'autre mode : ravageuse pour les ennemis, favorable aux amis. Les gens de cette sorte ont la vie plus glorieuse. »

Le chœur, dans un quatrième stasimon tente de dissuader Médée de son fatal projet : comment « le paradis des enfants d'Erechtée » (ancien roi d'Athènes) accueillerait-il une infanticide ? Médée se trompe si elle croit cela possible. Le retour de Jason marque la première étape de la réalisation du crime. Médée le soumet à l'intelligence de sa ruse et la comédie qu'elle lui joue porte ses fruits. Jason accepte tout sans s'étonner outre mesure de ce revirement. Il a mésestimé l'intelligence de sa femme.
3. Un dénouement tragique
Le départ des enfants, innocents porteurs de mort, déclenche un nouveau commentaire du chœur qui pleure leur fin, désormais inéluctable, ainsi que la souffrance de leur mère. Lorsque le pédagogue, de retour avec les enfants, entre, porteur de bonnes nouvelles :

« Maîtresse, les enfants sont libres, on ne les exile plus. », l'ironie tragique joue ici à plein et il ne peut comprendre l'effondrement de Médée qu'il exhorte à se réjouir.

Médée l'envoie préparer à ses fils ce dont ils ont besoin, tandis qu'elle se livre à un long monologue de désespoir dont la charge pathétique est renforcée par la présence muette des deux petits à qui elle l'adresse. Elle y livre un combat contre elle-même, écartelée entre son orgueil blessé et son amour de mère : « Ô quel malheur de ne penser qu'à moi ! », entre son humanité et l'accomplissement de sa monstruosité. Mais au final, « l'ardeur l'emporte sur [ses] raisons. », le destin l'emporte.
S'ensuit un récitatif du chœur, en anapeste (un des mètres utilisés dans la tragédie grecque avec le iambe et le trochée), qui propose une réflexion sur les joies et les peines que procurent les enfants.

Un messager survient, qui annonce la mort de la jeune reine et de son père et que Médée encourage à entrer dans les détails afin d'augmenter son plaisir. Les ressorts de la tragédie définis par Aristote dans sa Poétique, terreur et pitié, sont ici magistralement exploités par Euripide, dont le goût et la recherche du pathétique trouvent là leur pleine puissance. D'autant que ce récit marque l'arrêt de mort définitif des enfants car pour Médée, pas question de les laisser « se faire massacrer par une main plus ennemie. »

Elle sort, l'épée à la main, vers « le but lugubre de sa vie. ». Le chœur en appelle à Zeus pour arrêter le geste de Médée, et rappelle les malédictions qui s'abattent sur les maisons lorsqu'un dieu en a décidé ainsi. On entend, hors scène, les cris des enfants qui appellent à l'aide, ce qui porte l'horreur à son comble. Le chœur rappelle le crime d'Inô, qui elle aussi, d'après Euripide, aurait tué un de ses fils, rendue folle par Héra, ce qui met en valeur la singularité du crime de Médée, qui ne provient pas de sa folie.

Survient Jason, à qui Médée annonce son crime. Elle apparaît, portant les cadavres de ses fils, sur un char dans les airs, artifice réalisé grâce à la machinerie appelée méchanè qu'Euripide aurait utilisée pour la première fois dans Médée. La couvrant d'insultes, Jason rappelle son passé et exprime ses regrets de l'avoir épousée. Dans une dernière stichomythie, il essaie de comprendre le pourquoi d'un tel geste. Peine perdue, Médée lui refuse même de toucher les enfants et s'envole sur son char. Son geste ne trouvera pas de châtiment, Médée a accompli sa nature divine, comme le soulignent les derniers mots du chœur.
L'essentiel
Euripide applique dans Médée les ressorts classiques de la tragédie grecque antique en faisant provenir le malheur de l'homme de sa démesure et en montrant le caractère inévitable, fatal de ce malheur : quelque soit la décision que Médée puisse faire, c'est son destin que de finir malheureuse puisque les possibilités qui s'offrent à elle (venger son honneur ou sauver ses enfants) sont équivalentes dans leur inhumanité.

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