Euripide
Qui est Euripide ?
Il remporte assez tardivement sa première couronne, à 40 ans. Sa gloire posthume sera immense, mais de son vivant il ne remporte que 4 premiers prix, ce qui est fort peu. La nouveauté de son théâtre, qui fait descendre la tragédie du ciel sur la terre, n'a pas que des adeptes en son temps. Une anecdote raconte toutefois qu'après l'expédition de Sicile, des Athéniens mourants auraient été épargnés par les Siciliens en leur récitant des vers d'Euripide. Sans doute déçu par son succès plus que mitigé, il part vers la fin de sa vie pour la Macédoine, à la cour du tyran Archélaos, où, dit-on, il aurait connu une fin peu enviable puisqu'il aurait été déchiqueté vivant par des chiens : mais cela relève du domaine de la légende.
Son œuvre est profondément marquée par la guerre du Péloponnèse et ses conséquences. Si ses premières tragédies nous offrent le visage d'une Athènes rayonnante, le reste de son œuvre est un réquisitoire contre toute forme de guerre, ce qui constitue un point commun entre les trois grands tragiques : tous, d'Eschyle à Euripide, proclament leur haine de la guerre et des soudards. Ainsi les Troyennes, pièce de circonstance, fait-elle référence à la répression que les habitants de l'île de Milo ont subi de la part des Athéniens quelques mois auparavant : on y voit Cassandre célébrer la gloire des vaincus.
Si ses tragédies suivent toujours la structure habituelle de la tragédie, à savoir :
- Le prologue, scène d'exposition ;
- La parodos, entrée du chœur ;
- Les épisodes (joués par les acteurs) alternant avec les stasima (chants du chœur) ;
- L'exodos, fin de la pièce et sortie du chœur et des personnages.
On notera que le prologue dans ses pièces est toujours le monologue d'un acteur, et que le chœur n'a plus chez lui l'importance qu'il avait chez ses prédécesseurs. Ce personnage collectif, minimisé dans un théâtre qui se rapproche du réel, devient un ornement lyrique.
Son œuvre est datée comme suit :
- L'Alceste, -438
- Médée, -431
- Hippolyte, -428
- Iphigénie à Aulis et les Bacchantes, -399
S'y ajoutent les Héraclides, Andromaque, Hécube, Hélène, les Suppliantes, les Troyennes, Hippolyte couronné, Ion, Electre, Héraclès furieux, Iphigénie en Tauride, Oreste, Les Phéniciennes, pièces dont la datation n'est pas sûre.
De tous les Tragiques, Euripide est celui qui a le plus renouvelé les mythes, qui sont à l'origine de toute tragédie. Influencé par les sophistes, Protagoras en particulier, son esprit est celui d'un sceptique, qui s'attaque aux vieilles légendes traditionnelles afin d'en donner une interprétation rationnelle. Dans Électre par exemple, qui reprend le sujet des Choéphores d'Eschyle, outre qu'il transporte l'action à la campagne, il introduit des différences notables dans le caractère des personnages - Clytemnestre et Egisthe y sont représentés de manière beaucoup moins négative - et surtout, c'est sur l'horreur du matricide qu'il met l'accent.
Ses héros sont, si l'on peut dire, beaucoup moins héros que ceux de ses prédécesseurs. Dans Iphigénie à Aulis, la lâcheté d'Agamemnon est soulignée. Plus humains, plus faibles, les personnages d'Euripide manient une langue plus quotidienne. Euripide n'hésite pas à faire coexister le pathétique - qu'il recherche plus que tout en étalant sous les yeux des spectateurs des scènes poignantes : il montre l'agonie d'Hippolyte, fait le récit détaillé de la mort de Créüse et son père Créon, victimes de la magicienne Médée - et le comique.
En ce sens, on peut lire Euripide comme un précurseur du théâtre de Shakespeare et de celui des Romantiques. Il sait toutefois exalter la splendeur héroïque dans les parties lyriques de ses tragédies, comme on peut le voir dans son Hélène, dont le personnage éponyme est installé dans une Égypte fabuleuse. En bref, Euripide réalise avant l'heure « le mélange du sublime et du grotesque », que Victor Hugo revendique dans sa Préface à Cromwell.
De même, son théâtre est un théâtre d'action : il complique les intrigues et joue de l'accumulation de péripéties surprenantes et de reconnaissances inattendues, effet particulièrement sensible dans Iphigénie à Aulis. L'utilisation qu'il fait de la machinerie, en particulier de la méchanè, dont l'emploi le plus ancien remonte à sa Médée, va dans le même sens : il aime à mettre en scène le spectaculaire et à produire sur le spectateur des effets saisissants. L'apparition d'un dieu dans les airs, qui vient dénouer l'action du drame (« deus ex machina»), est un procédé dont il a fréquemment usé, voire abusé, et qu'Aristophane n'a pas cessé de railler, que ce soit dans Les Nuées ou dans La Paix.
Euripide ouvre l'ère de la polyphonie, du héros écartelé dans un combat contre lui-même et non plus contre des puissances extérieures.
Adapté, imité, Euripide est le plus « moderne » des Tragiques.

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