Eschyle - Maxicours

Eschyle

Eschyle est le véritable créateur de la tragédie grecque. Sa carrière se déroule sur la première moitié du 5e siècle, mais c'est un homme du 6e siècle : son théâtre est celui de la cité.
Représentations à grand spectacle, dans lesquelles les dieux sont omniprésents, ses tragédies suscitent chez le spectateur la crainte et l'angoisse.
Qui est Eschyle ?
1. Sa vie
Eschyle est né à Éleusis près d'Athènes dans une famille aristocratique. Il participa aux batailles de Marathon (-490) et de Salamine (-480). En cela, il fait partie d'une génération de combattants glorieux, puisque ces deux batailles furent remportées par les grecs. Son épitaphe - il est mort en Sicile - met en évidence combien sa conduite de citoyen patriotique fut appréciée :

« Ci-gît Eschyle, fils d'Euphorion, d'Athènes,
Enterré dans le sol fertile de Géla,
Et bien connu pour son courage à la bataille :
Le bois de Marathon et les Mèdes l'attestent »

Pas un mot de sa production littéraire, qui fut pourtant abondante (il a écrit entre 70 et 90 pièces) et glorieuse : il connut en effet un grand succès de son vivant puisqu'il remporta 13 fois les concours de tragédies. Mais nous sommes à une époque, dont Aristophane exprimera tant la nostalgie, où le civisme, les vertus collectives ont plus d'importance que les destins individuels.
2. Sa production littéraire
Nous avons connaissance de 7 pièces sur les 90 qu'Eschyle aurait écrites :

- Les Perses, -472
- Les Sept contre Thèbes, -467
- Les Suppliantes, -463
- L'Orestie (Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides), -458 (seule trilogie rescapée)
- Prométhée enchaîné, vers -455

Ses tragédies suivent une structure précise, qui est celle de toute tragédie grecque :

- Le prologue, scène d'exposition
- La parodos, entrée du chœur
- Trois épisodes (joués par les acteurs) alternant avec trois stasima (chants du chœur)
- L'exodos, fin de la pièce et sortie du chœur et des personnages

Aucun de ses drames satyriques (tragédie bouffonne formant une tétralogie avec les trois tragédies que tout auteur tragique était tenu de présenter lors des concours) ne nous est parvenu.

Eschyle met en place les règles essentielles de la tragédie : grand acteur lui-même, il introduit le deuxième acteur et fait apparaître les costumes, les masques et les décors sur scène.

Le chœur joue un rôle prépondérant chez Eschyle. Personnage collectif, composé de 15 garçons, il représente la cité. Ses interventions sont chantées et dansées.

En -472, Eschyle triomphe avec Les Perses, qui constituent une œuvre remarquable dans l'ensemble de sa production mais également dans l'ensemble de la tragédie grecque (« hapax », cas unique) puisqu'il s'agit d'une tragédie historique célébrant la victoire remportée à Salamine par les grecs contre Xerxès 8 ans plus tôt.
Un sujet d'actualité donc, fait rarissime, permet à Eschyle d'exprimer l'horreur de la guerre : le chœur (les conseillers de Xerxès), en signe de désespoir, y déchire sous les yeux des spectateurs ses magnifiques vêtements.

Dans Les Sept contre Thèbes, « pièce toute pleine d'Arès » selon le mot d'Aristophane, Étéocle veut donner sa vie pour sauver Thèbes, et il la sauve, quand bien même la violence de sa destinée, la malédiction lancée par Œdipe contre ses deux fils, l'oblige à un combat à mort contre son frère Polynice. Grâce à l'eccyclème, sorte de plan incliné sur roulettes, Eschyle fait apparaître sous les yeux des spectateurs le cadavre des deux frères.
Terreur, compassion, le spectateur est amené à se purger de ses passions violentes en les voyant représentées sur scène : c'est l'action de la catharsis telle que la définit Aristote dans sa Poétique.

Les tragédies d'Eschyle, mises en scène à partir de 500 avant J.-C., forment généralement des trilogies liées, élaborées autour d'un thème commun. Nous connaissons le titre de 79 d'entre elles mais la seule qui nous soit parvenue complète est L'Orestie.

L'Orestie est une tragédie de la vengeance : après l'assassinat d'Agamemnon par son épouse Clytemnestre (secondée par son amant Egisthe) qui venge le sacrifice de sa fille Iphigénie, Electre, fille de Clytemnestre et soeur d'Oreste, exhorte ce dernier à la vengeance : Oreste commet alors le matricide. Il est en cela le dernier des Atrides (maison royale d'Argos) à subir la malédiction qui remonte à Tantale. La vengeance, annoncée dans l'Agamemnon, trouve sa réponse dans les Choéphores.

Le Prométhée enchaîné est le premier volet d'une trilogie théologique dont l'action ne se situe que dans le monde des divinités. Prométhée enchaîné pourrait apparaître comme un réquisitoire contre la divinité cruelle quand elle punit Prométhée en l'enchaînant à un rocher, si l'on ne considère pas l'ensemble de la trilogie (Prométhée délivré et Prométhée porteur de feu qui ne nous sont pas parvenues, lui succèdent) : Eschyle y met en évidence comment Zeus, à l'occasion de son conflit avec Prométhée (le héros de la pièce est le Titan qui, selon la tradition, avait dupé Zeus et dérobé le feu pour le donner aux hommes) évolue vers une possible clémence puisqu'il signe avec Prométhée un pacte de réconciliation.

La trilogie est en réalité l'expression d'une idée centrale du théâtre d'Eschyle : peu à peu, la justice se fait et même un dieu peut changer. Les mythes permettent à Eschyle, dans la relecture tragique qu'il en propose, de défendre ses conceptions de la justice, du droit et du pardon. Profondément religieux, il affirme sa croyance en une volonté divine permettant à l'homme d'accéder à la sagesse en passant par la souffrance. La volonté des dieux, qui peut paraître difficile à comprendre, a toujours un sens, que l'homme doit embrasser, car les dieux sont justes.
L'essentiel
Dans un langage dont le lyrisme n'a rien d'élégiaque mais témoigne de « la crainte et de l'angoisse » dont Jacqueline de Romilly fait le moteur principal du théâtre eschyléen, Eschyle, à l'instar d'Homère, exprime « l'abîme » qui « sépare la race des hommes de celle des dieux ».
Se rendre coupable d'hybris (démesure) en cherchant à être l'égal des dieux, ne peut qu'être catastrophique. Toutefois, l'œuvre d'Eschyle, en dépit de la violence qui y règne, ne manque pas d'optimisme car au final les conflits se résolvent et les voix discordantes se réconcilient.
C'est bien le sens de la fin des Euménides, pièce dans laquelle on assiste à la paix entre les Erinyes et les Olympiens.

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