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Médée, Euripide : l'auteur et son œuvre

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Euripide présente Médée au concours des Grandes Dionysies en 431 avant J.-C. Il fut classé dernier ! Il crée cependant avec Médée une figure théâtrale inconnue jusqu'alors « qui résume en elle la force divine et l'impuissance humaine, et passe constamment d'un pôle à l'autre pour essayer d'imposer sa décision à elle-même et aux autres ».
Myrto Gondicas et Pierre Judet de La Combe (traducteurs de la version jouée à Avignon par Isabelle Huppert, mise en scène par Jacques Lassalle en 2000.)
Qui est Euripide et quelle est la composition de son œuvre, Médée ?
1. L'auteur
Euripide est né à Salamine. Lettré - il fut l'un des premiers Athéniens à posséder une bibliothèque - intellectuel novateur, il ne cessera d'être la cible d'Aristophane (en particulier dans Les Grenouilles) qui voit en lui le type même de la décadence morale d'Athènes.

Il remporte assez tardivement sa première couronne, à 40 ans. Sa gloire posthume sera immense, mais de son vivant il ne remporte que quatre premiers prix, ce qui est fort peu. La nouveauté de son théâtre, qui fait descendre la tragédie du ciel sur la terre, n'a pas que des adeptes en son temps. Sans doute déçu par son succès plus que mitigé, il part vers la fin de sa vie pour la Macédoine où, dit-on, il aurait connu une fin peu enviable puisqu'il aurait été déchiqueté vivant par des chiens.

Son œuvre est profondément marquée par la guerre du Péloponnèse et ses conséquences.

Si ses tragédies suivent toujours la structure habituelle de la tragédie, à savoir :
- Le prologue, scène d'exposition ;
- La parodos, entrée du chœur ;
- Les épisodes (joués par les acteurs) alternant avec les stasima (chants du chœur) ;
- L’exodos, fin de la pièce et sortie du chœur et des personnages.

On notera que le prologue dans ses pièces est toujours le monologue d'un personnage, humain ou divinité, et que le chœur n'a plus chez lui l'importance qu'il avait chez ses prédécesseurs. Ce personnage collectif, minimisé dans un théâtre qui se rapproche du réel, devient un ornement lyrique.

Son œuvre est la mieux conservée des Tragiques grecs : sur les 93 pièces qu'il aurait écrites, 19 nous sont parvenues, dont un drame satyrique, Le Cyclope (le drame satyrique est une sorte de tragédie bouffonne formant une tétralogie avec les trois tragédies que tout auteur tragique est tenu de présenter lors des concours) et une tragédie, le Rhésos, que l'on pense apocryphe.

Son œuvre est datée comme suit :

- L'Alceste, -438
- Médée, -431
- Hippolyte, -428
- Iphigénie à Aulis et les Bacchantes, -399

S'y ajoutent les Héraclides, Andromaque, Hécube, Hélène, les Suppliantes, les Troyennes, Hippolyte couronné, Ion, Électre, Héraclès furieux, Iphigénie en Tauride, Oreste, Les Phéniciennes, pièces dont la datation n'est pas sûre.
2. L'œuvre
a. Le mythe originel
Il convient tout d'abord de distinguer le mythe proprement dit de la tragédie qui s'en inspire. En effet, comme le dit Pierre Vidal-Naquet : « Le mythe héroïque en lui-même n'est pas tragique, c'est le poète tragique qui le rend tel. »

La première apparition de Médée dans la littérature grecque se fait chez Homère, puis son histoire est racontée en détail chez Apollonios de Rhodes, dans Les Argonautiques.

Dans la légende, Médée est la fille du roi de Colchide, Aeétès, petite-fille du Soleil et nièce de la magicienne Circé. Son destin est lié à celui de Jason et des Argonautes. Sans Médée, Jason ne pourrait s'emparer de la Toison d'Or, trophée qui doit lui permettre de reconquérir son trône usurpé par son oncle, Pélias.
Tombée amoureuse de Jason, qui lui a promis le mariage, Médée trahit et abandonne son père, gardien de la toison magique, et prend en otage dans sa fuite son frère, Apsyrtos, qu'elle découpe en morceaux, afin de retarder son père qui s'arrête pour récupérer les membres épars du cadavre de son fils. Revenue à Iolcos avec son amant, Médée, pour venger Jason, tue Pélias en le faisant bouillir dans une marmite par ses propres filles sous prétexte de le rajeunir. À la suite de ce crime, Acaste, le fils de Pélias, les bannit du royaume. Les exilés trouvent refuge à Corinthe, gouvernée par le roi Créon. Ce dernier, profitant de l'arrivée d'un glorieux guerrier dans son royaume, lui propose sa fille Glauké en mariage en échange de sa protection.

C'est là que commence l'épisode tragique traité par Euripide : l'abandon de Médée par Jason et la vengeance terrible de Médée. Jason accepte la proposition de Créon et s'apprête à épouser Glauké malgré les supplications de Médée. Créon bannit Médée mais elle obtient un délai d'un jour. Elle le met à profit en offrant à sa rivale sa propre robe de mariage empoisonnée qui s'embrase. Glauké emporte Créon avec elle dans la mort, cependant que l'incendie ravage le palais. Puis Médée tue ses propres enfants et s'enfuit sur le char du Soleil, son grand-père. Dans une autre version du mythe, elle s'enfuit à Athènes avec Égée à qui elle promet descendance.

Si cet épisode est celui par lequel Médée a traversé notre mémoire collective, son mythe dans son entier ne s'arrête pas aux portes de Corinthe. La légende dit que Médée trouve ensuite refuge à Athènes chez Égée qui l'épouse et à qui elle donne un fils, Médos. Elle tente d'assassiner l'autre héritier du trône, Thésée, venu se faire reconnaître de son père, mais découverte, elle est encore obligée de fuir en Colchide, sa terre natale, où elle restitue à son père le trône dont Persès l'avait dépossédée. Avec son fils, elle reconquiert les contrées d'Asie où se fondera l'empire des Mèdes.

Une tradition nous rapporte que Médée ne serait pas morte mais, transportée aux Champs-Élysées, se serait unie à Achille.
b. Un héritage foisonnant
La figure de Médée, si multiple, son caractère monstrueux pétri d'antinomies, explique la fascination que ce mythe a exercée en littérature et dans tous les arts, de l'Antiquité à nos jours.

« Partout où tu passes - le ciel est vide - les dieux sont morts. » : c'est ainsi que se termine la traduction inouïe de Michel Boisset de la Médée de Sénèque, révélant la nature nietzschéenne de l'héroïne Médée.
De fait, « hantée par une soif d'absolu, une volonté farouche de destruction et le désir de se punir du meurtre d'Apsyrtos son frère, la Médée de Sénèque est une âme hors du commun, dont la grandeur monstrueuse est représentative du sublime inversé et liée aux traités moraux des stoïciens. », remarque très justement P. Brunel dans son Dictionnaire des Mythes Littéraires.

Si Virgile fait une allusion à l'infanticide de Médée dans la 8e Bucolique, c'est surtout la figure de la magicienne qu'Ovide développe dans le livre VII des Métamorphoses, tandis que Valerius Flaccus, dans sa reprise du poème épique d'Apollonios de Rhodes, Les Argonautiques, s'attache à son caractère maléfique. Il en va de même de la Médée de Corneille, que la tragédie lyrique de Marc-Antoine Charpentier reprend en donnant à Médée un peu plus d'humanité.

Au 18e siècle, le mythe connaît un succès qui ne se démentira pas jusqu'à nos jours, où l'on retrouve notre héroïne au cinéma avec Pasolini qui y sublime La Callas et Lars Von Trier sur un scénario de Dreyer, mais également dans un opéra de Bob Wilson, ou encore au théâtre avec l'adaptation que Jean Vauthier fait de l'univers sénéquien et enfin dans l'œuvre du dramaturge allemand Heiner Müller qui dans sa trilogie intitulée Rivage à l'abandon, Matériau Médée, Paysage avec Argonautes, nous propose une relecture politique du mythe vu comme le retour tragique de l'histoire de la colonisation symbolisé par l'expansion occidentale et les catastrophes qu'elle entraîne.
L'essentiel
Le théâtre d'Euripide, qui tire sa richesse de la coexistence de contradictions, a su magistralement mettre en scène Médée qui, aux côtés de Phèdre ou Œdipe, incarne une figure éminemment énigmatique et problématique.

Témoignage historique d'un monde oublié, matriarcal, redoutable ? Médée, simple femme esclave de l'amour, mère dévoreuse ? La psychanalyse elle-même n'a su résoudre l'énigme qu'elle pose. Elle semble toutefois provoquer en nous des échos immédiats mais peut-être « l'énigme porte moins sur l'acte que sur le devenir auquel cet acte donne lieu. » (Isabelle Stengers, Souviens-toi que je suis Médée).

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