Les Lettres persanes : lecture méthodique IV
Rica et Usbek ne cessent de déplorer l’inconstance et la frivolité des Français (Lettre XCVIII : « Il n’y a point de pays au monde où la fortune soit si inconstante que dans celui-ci. »). Mais l’étonnement perpétuel du Persan rend cet amer constat toujours désopilant. La critique n’en passe que plus facilement auprès du public de l’époque.
Le lexique de la perception visuelle martèle la description : « description », « portrait », « peinte », « représentée », « on voit ».
Les images visuelles, certes amusantes, sont surtout marquées par l’exagération des formes, des mouvements, l’instabilité : « les coiffures » montent et descendent, « les mouches » apparaissent et disparaissent, les femmes sont complètement déformées (« autrefois, les femmes avaient de la taille et des dents ; aujourd’hui, il n’en est pas question ») par l’œil critique de l’étranger.
• Les oppositions jouent aussi sur les contrastes exagérés : « six mois » / « 30 ans », « quantité » / « disparaissent toutes ».
• Les images sont déroutantes et ridicules : « visage » et « pieds » d’une femme sens dessus dessous, si bien que les femmes s’en trouvent déformées, transformées en sorte de monstres auxquels les architectes doivent adapter les bâtisses (« les architectes ont été souvent obligés de hausser, de baisser et d’élargir leurs portes… »).
Les changements sont aussi spectaculaires : « monter / descendre, présence / disparition ».
Les changements « étonnent » le Persan, verbe à nouveau à prendre au sens très fort de l’étymologie et renforcé par l’expression de la surprise, « qui pourrait le croire… ? »
Les « caprices » renvoient une image très négative de ce peuple instable, incapable de se fixer, capable de renier ce qu’il a adoré juste avant. Ces caprices sont renforcés par la répétition du terme « mode » qui renvoie à l’éphémère.
La comparaison ( « comme » ) permet de dévier des modes vestimentaires aux mœurs générales des Français et surtout au pouvoir royal et à ses humeurs. La versatilité du peuple épouse celle du Roi. Avec l’emploi du conditionnel « pourrait », l’auteur se gausse de cette versatilité avec beaucoup d’ironie et rend le peuple soumis à ce monarque facétieux extrêmement ridicule.
Le Roi est évoqué de manière très dépréciative, essentiellement grâce à la métaphore du « moule qui donne la forme à toutes les autres » : le terme de fabrication dépersonnalise le monarque et fait écho au verbe « imprimer » (« Le prince imprime le caractère de son esprit à la cour » ).
Aussi peu de respect à l’égard (et notamment la boutade sur son âge !) du Roi ne peut que choquer le lecteur de l’époque.
Bien entendu, l’objectif de la lettre n’est pas tant de faire réfléchir les Français sur leurs habitudes vestimentaires, que de leur faire prendre conscience de l’instabilité de leurs mœurs. La critique du Roi est acerbe, et vaut pour la Cour et ses sujets. Le Persan peut se permettre de telles critiques grâce à son statut d’étranger un peu original mais on sent bien l’empreinte du philosophe éclairé derrière l’œil amusé de Rica.

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