Germinal : l’auteur et son œuvre

Emile Zola naît en 1840 à Paris. Fils d’un ingénieur italien naturalisé et d’une mère originaire de la Beauce, Emile Zola passe son enfance à Aix-en-Provence où la famille s’est installée. Il perd son père à l’âge de 7 ans. Au collège, il est condisciple de Cézanne.

Connaissant de graves difficultés matérielles, la mère de Zola part avec son fils pour Paris en 1858. Après deux échecs au baccalauréat et deux années d’existence misérable, il parvient à se faire engager aux éditions Hachette où il connaît une rapide promotion.
Il se met à écrire et publie en 1864 Les contes à Ninon. Puis en 1867, c’est son premier roman Thérèse Raquin dont la préface du roman pose les principes de l’écriture naturaliste.

En 1869, il entreprend la rédaction d’une vaste série romanesque de vingt romans intitulée Les Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire. Il veut concurrencer l’œuvre de Balzac, La Comédie humaine. Zola raconte l’histoire d’une famille à travers cinq générations.
La fondatrice Adélaïde Fouque connaît une fêlure nerveuse qu’elle transmettra à tous ses descendants. Elle sera mariée à P.Rougon, un solide paysan. Puis veuve, elle aura un amant le contrebandier Macquart. La parution des Rougon-Macquart s’étend de 1871 avec le premier roman La fortune des Rougon à 1893 avec le dernier volume, Le docteur Pascal.

Puis il écrit un cycle de trois romans, Les trois villes entre 1894 et 1898 qui sont une sorte de "bilan religieux, philosophique et social du siècle".
Il va dans le même temps s’engager pour défendre le capitaine Dreyfus. Il publie un célèbre article J’accuse où il dénonce les machinations militaires. Le ministère de la guerre lui intente un procès : il est condamné à une lourde amende et à un an d’emprisonnement. Il fuit et s’exile un an à Londres. Il rentre en France en 1899.
Il meurt en 1902 dans des circonstances controversées : asphyxie ou meurtre déguisé ?
Son enterrement sera suivi par une foule impressionnante qui scandera la marche du cortège par des acclamations « Germinal ! ».

Germinal paraît en 1885 d’abord sous forme de feuilletons dans le journal Le Gil Blas.
A cette époque, Zola est célèbre. L’Assommoir publié en 1877 a assuré à l’auteur un succès à scandale ; il lui fut reproché notamment de peindre une histoire immorale et d’utiliser un langage argotique.

Comme pour tous ses romans, Zola s’est longuement documenté sur le monde minier. Invité dans une exploitation minière à Anzin dans le Nord, il a côtoyé les mineurs, connu leurs difficultés de travail et leur vie souvent misérable dans les corons. Il est revenu avec de nombreuses notes consignées dans ses carnets d’enquête qui fournissent la matière première du roman à écrire. C’est la démarche d’écriture de l’écrivain naturaliste.

Zola est le fondateur de ce mouvement littéraire qui a pour ambition de donner à la littérature une visée scientifique. Le romancier doit chercher des lois qui régissent le comportement humain puis les vérifier par une mise en situation. Zola s’inspire de démarches scientifiques : les théories de l’hérédité de Darwin et du Dr. Lucas, la méthode expérimentale du Dr. Claude Bernard.
Zola veut prouver le double déterminisme de l’individu qui est régi par son hérédité et par les circonstances, le milieu dans lequel il vit. Etienne Lantier, le héros de Germinal est le dernier enfant d’un couple d’alcooliques. Lorsqu’il boit, Etienne connaît des pulsions de violences et des envies de meurtre. Il ne se maîtrise plus ou difficilement.

Zola réunira ses articles théoriques dans un ouvrage Le roman expérimental publié en 1880. Les Rougon-Macquart décrivent « la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race ».
Cependant, l’ambition d’une écriture qui imite la vie est très vite dépassée. Zola utilise une écriture métaphorique, foisonnante d’images et d’allusions aux mythes. Il avouera d’ailleurs que « la vérité monte d’un coup d’aile jusqu’au symbole ».