1. Une urbanisation ancienne et encadrée
a. La force du fait urbain
Avec 79% de sa population qui est citadine, l'Europe
occidentale est l'une des régions les plus
urbanisées de la planète. On dénombre
5 000 unités urbaines de plus de
10 000 habitants (soit un quart du total
planétaire). Sur 4,8 millions de km2, la
population urbaine atteint 311 millions. La dorsale des
métropoles européennes regroupe à elle seule
200 millions d'individus de Londres-Manchester au nord
à Milan-Turin au sud. Les unités urbaines
multimillionnaires sont peu nombreuses (environ 17) et
correspondent pour la plupart aux grandes capitales des Etats.
b. Une urbanisation ancienne qui se nourrit de la
révolution industrielle
L'organisation urbaine actuelle de l'Europe correspond à
la superposition de diverses périodes d'implantation et de
croissance urbaines (civilisations
méditerranéennes, cités carolingiennes,
villes médiévales, mouvement municipal des villes
commerçantes de Flandres et du Nord de l'Italie, villes
marchandes fédérées par la Hanse...). A
l'époque contemporaine, la décompression
démographique des campagnes, l'essor des activités
industrielles et urbaines puis l'exode rural correspondent aux
principaux processus responsables de la croissance des villes et
des capitales qui se trouvaient à la tête des
Etats-Nations (Paris, Londres, Berlin...).
2. La croissance soutenue au XXe siècle
a. La ville sort de ses murs
Toutes les grandes villes d'Europe occidentale disposent d'un
centre ancien assez peu étendu. Le
XIXe siècle est une période de
croissance importante (soutenue pour Paris et Londres, plus
modérée pour Athènes et Sofia par ex.) mais
l'explosion urbaine s'effectue au
XXe siècle. On assiste à un
étalement urbain sans précédent en Europe.
La consommation d'espace par la ville dépasse largement
celle de la population. On assiste au développement
d'espaces d'activités industrielles qui sont situés
au cœur de l'urbain et surtout à sa
périphérie (Londres, Berlin). L'équipement
des périphéries est renforcé par le
développement des axes de transports qui permettent une
forte mobilité urbaine... parfois responsable d'un certain
étouffement urbain (cf. contrôle de la circulation
à certains moments à Rome ou Paris en raison de
pics de pollution).
b. La répartition des fonctions dans les aires urbaines
Le schéma classique est celui d'un développement
concentrique : les fonctions politiques sont souvent
l'apanage des centres villes – et a fortiori des
villes centres – qui concentrent les architectures
monumentales, symboles du pouvoir : les bâtiments du
pouvoir républicain français (l'Elysée,
Matignon...) sont situés dans les arrondissements centraux
de Paris. Le palais du Quirinal au cœur de Rome est le
siège du Parlement.
Les banlieues urbaines alternent entre un bâti d'habitation
(individuel, petit collectif bas, collectif haut, et même
grands ensembles) et les fonctions associées à la
ville : l'industrie (même si la
décentralisation industrielle de la France engagée
à partir des années 1960 a diminué les
équipements industriels en banlieue), les nouvelles
centralités (ex. : nouveau centre d'affaires de
la Défense), les fonctions de transports
(aménagements de grands aéroports à la
périphérie « lointaine » des
villes), fonctions récréatives et de congrès
enfin avec la création de parcs de loisirs et de centres
de congrès (Bruxelles, Rome, Milan, Turin...).
3. L'adaptation des espaces urbains aux exigences contemporaines
a. La réorganisation permanente de l'espace
Les pouvoirs publics cherchent à valoriser le paysage et
les services urbains afin de renforcer l'attractivité de
la ville. Les centres ont largement
bénéficié de cette évolution. Ainsi
en France, la loi Malraux favorise la réhabilitation des
centres anciens. La restauration des quartiers historiques et la
valorisation du patrimoine urbain ont eu pour effet de dynamiser
un tourisme culturel urbain, notamment dans les capitales
(Budapest, Paris, Londres, Bruxelles, Rome, Stockholm) mais aussi
dans des grandes villes telles que Lyon (les quartiers
historiques sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial). La
requalification des espaces urbains s'accompagne également
d'opérations de rénovations souvent suivies d'un
boom immobilier (docks de Londres, nouveaux
bâtiments à Postdamer Platz, Berlin).
b. Les problèmes environnementaux
Les problèmes environnementaux des villes occidentales
sont liés à l'évolution des pratiques et des
fonctions urbaines. L'importance de la circulation automobile
dans les grandes villes et les capitales est supérieure
à la capacité des réseaux. Par ailleurs, la
périurbanisation a entraîné une distorsion
entre les lieux d'habitation et les lieux de travail augmentant
les effets de la mobilité inter et intra-urbaine. Les
problèmes de pollution atmosphérique
(véhicules individuels), la gestion des déchets
urbains et du traitement des eaux, et les risques liés
à une urbanisation qui gagne des terrains soumis à
un aléa potentiel, concernent sans distinction toutes les
grandes capitales d'Europe.
L'essentiel
Avec 79 % de citadins, l'Europe occidentale est l'une des
régions les plus urbanisées de la planète.
L'organisation urbaine ancienne s'est renforcée au
XIXe et surtout au XXe siècle, au
moment où la ville sort de ses murs. L'urbanisation
accompagne quelques processus qui concernent – à
des époques différentes – toutes les villes
d'Europe : l'industrialisation et l'exode rural. Les fonctions
urbaines localisées dans les centres anciens sont
complétées par de nouvelles fonctions
(industrielles, loisirs...) à la
périphérie de la ville centre. La modernisation
de l'espace urbain s'accompagne d'opérations de
restauration du bâti et parfois d'une rénovation
complète de certains secteurs urbains dont les fonction
ont évolué.