1. Les banlieues : définition et
réalités
a. Des espaces hors la ville
Le terme de banlieue vient du latin médiéval
banleuca et désigne selon le
géographe urbaniste Pierre
Merlin« l'étendue d'une lieue autour d'une
ville sur laquelle s'étendait le ban, l'autorité de
la ville ». La banlieue se définit aujourd'hui
comme l'ensemble des communes périphériques
à la ville-centre d'une agglomération,
administrativement indépendante de cette dernière
même si elle se trouve dans une situation de
dépendance (du point de vue historique et surtout
fonctionnelle) avec celle-ci. Les banlieues forment avec la
ville-centre une unité urbaine.
b. Les effectifs de population
Il est difficile d'évaluer les effectifs de population
vivant dans les banlieues car elles ne représentent pas un
critère statistique pour l'INSEE. Toutefois, on estime
qu'un peu plus de 20 millions de personnes (36,5 %)
vivent dans des banlieues regroupées sur
3 395 communes.
2. Les paysages de banlieues
a. Les formes du bâti
Les formes du bâti sont très variées et
répondent souvent à des catégories
socioprofessionnelles distinctes. Souvent, les banlieues
aisées sont formées d'ensembles de maisons
individuelles (ex. : habitat pavillonnaire à
Marcq-en-Baroeul entre Lille et Roubaix) mais il n'y a rien de
systématique, tandis que les zones de grands ensembles
sont plutôt dominées par les classes
socio-professionnelles (CSP) modestes (ex. : à
Sarcelles, les ouvriers représentent la CSP la plus
importante des chefs de ménages). Les ZAC (Zones
d'Aménagement Concertées créées en
1967) ont remplacé les ZUP (Zones à Urbaniser en
Priorité créées en 1958). Ce qui frappe,
c'est surtout l'imbrication des différentes formes de
bâti. S'il donne l'apparence d'une structure
homogène, il n'en est rien et les visages des banlieues
d'habitation varient grandement.
b. Un espace lentement constitué associant
activités et habitations
A partir des faubourgs (qui ne sont pas un espace de banlieue
à proprement parler) où se regroupent au
XIXe siècle les habitants et les
activités qui ne trouvent pas leur place dans la ville, le
mouvement de desserrement urbain s'engage. La banlieue
industrielle déborde de manière
désordonnée sous l'effet de la croissance
démographique et de la croissance des bâtiments
industriels. Avec l'industrialisation, les espaces entourant les
villes vont répondre aux besoins de l'industrie et du
logement ouvrier. Les bâtiments d'habitation ne sont pas
toujours construits à proximité de l'usine et la
dissociation domicile/travail favorise le développement
des transports en ville et entre la ville et sa banlieue. Dans
l'entre-deux-guerres, les pouvoirs publics tentent d'organiser la
croissance et l'aménagement des banlieues. Les grands
ensembles en sont les figures les plus connues.
3. Les problèmes rencontrés par les banlieues
a. La question du contrôle de la croissance urbaine
L'urbanisation de la France est effectuée mais
l'étalement urbain se poursuit. L'extension urbaine se
traduit par une diffusion du modèle urbain et de ses
attributs (axes de communications, aménagements de
loisirs, espaces d'activités, espaces commerciaux...). Les
banlieues ont également fourni des espaces d'implantation
pour des activités nouvelles (technopôle parisien,
ZIRST – Zone pour l'Innovation et les Réalisations
Scientifiques et Techniques – de Meylan vers Grenoble...)
induisant parfois l'extension du bâti.
b. Les banlieues ne sont pas les banlieues...
Trop souvent, les médias – et parfois les hommes
politiques – utilisent le terme de
« banlieues » pour désigner des
espaces en crises, qui cumulent les problèmes de la
société contemporaine. Si certains quartiers de
banlieues connaissent effectivement des situations très
tendues (violence, actes illégaux pudiquement
appelées « incivilités ») qui
bénéficient d'initiatives publiques (zones franches
urbaines), ces « points chauds » ne
représentent qu'une partie infime des espaces de banlieues
même s'ils font souvent la « Une » de
l'actualité.
L'essentiel
La banlieue se définit aujourd'hui comme l'ensemble des
communes périphériques à la ville-centre
d'une agglomération, administrativement
indépendante de cette dernière même si elle
se trouve dans une situation de dépendance (du point de
vue historique et surtout fonctionnel) avec celle-ci. Difficile
à évaluer, on estime que la population qui y
réside regroupe plus de 20 millions de Français.
Le bâti est composite et l'on observe parfois des
ségrégations socio-spatiales qui s'inscrivent
dans le bâti (type de bâtiment) et la localisation
par rapport à la ville-centre. Cet espace est composite
et les activités qui s'y développent sont souvent
créatrices d'une dynamique qui favorise un peu plus
l'extension des banlieues. Toutefois, certains quartiers sont
le lieu de difficultés sociales qui agissent sur la
géopolitique urbaine et la politique nationale en
général.