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Les Confessions : lecture méthodique 4

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1. Présentation du passage

Cette évocation d’une « nuit délicieuse » est extraite de la fin du livre IV des Confessions et se situe immédiatement après l’épisode de la rencontre avec l’abbé homosexuel. Rousseau séjourne alors quelques temps à Lyon dans l’attente des nouvelles de Mme de Warens. Confiant en son avenir, il choisit de dormir à la belle étoile chaque fois qu’il le peut car, dit-il, « j’aimais mieux employer quelques sous qui me restaient à payer mon pain que mon gîte » (p. 236). L’une de ces nuits lui revient en mémoire et, contée après un épisode particulièrement douloureux, elle apparaît d’autant plus charmante.

Le charme de cette page l’a rendue célèbre puisque tout lecteur envierait le bonheur de Jean-Jacques au cours de cette nuit. Comment, dès lors, rendre compte de cette réussite ? Le lecteur doit ici dépasser son impression première et tenir compte de ce qu’il sait de l’élaboration des Confessions. D’une part, la mémoire de Rousseau recompose souvent son bonheur passé pour mieux l’idéaliser : cette nuit est peut-être la synthèse de plusieurs nuits semblables et l’on doit sans doute moins y lire un témoignage autobiographique précis que l’évocation idéale d’un artiste maître de son talent.

D’autre part, il faut souligner que l’auteur n’abandonne jamais la thèse sous-jacente à son récit : montrer, dans la personne de Jean-Jacques, l’innocence d’un tempérament simple et sensible, fait pour être heureux au sein de la nature.

Ces deux remarques vont guider l’examen méthodique de ce texte vers deux axes de lecture : l’évocation d’un souvenir et un lieu enchanteur où la nature idéale est en accord avec le « moi ». 

2. Le passage : Une nuit à la belle étoile, livre IV, p. 236-237

3. Les axes de lecture
a. Evocation d’un souvenir
  • Souvenir personnel et imprécision « Je me souviens », verbe fondateur du récit autobiographique et en particulier de ce passage, ouvre l’espace du souvenir personnel immédiatement assorti de son contraire portant sur un détail de l’évocation : « je ne me rappelle pas ». Cette évocation faite avec une marge d’incertitude permet, en outre, de conserver une part non élucidée du passé du protagoniste. Une certaine imprécision du cadre amplifie la notion de souvenir diffus et ce malgré l’emploi du présent de l’indicatif qui l’actualise véritablement.
  • Un itinéraire propice aux prémisses littéraires Ce souvenir retrace tout d’abord un itinéraire : « je me promenais […] je prolongeai fort avant dans la nuit ma promenade ». Ce trajet n'est, pour Rousseau, ni vain ni oisif : comme il l’a souvent affirmé au cours des livres précédents, la marche favorise, chez lui, la réflexion et c’est souvent à la promenade qu’il « écrit dans [son] cerveau » (livre III, p. 171). En effet, ici aussi, le mouvement semble propice à favoriser les prémisses de la création littéraire : Rousseau est « dans une sorte d’extase livrant [son] cœur et [ses] sens à la jouissance [de la nature]». Il est plongé dans « une douce rêverie » et cet état extatique le coupe du monde, l’isole des autres à un point tel qu’il en oublie même les réalités physiques le concernant ; oubli retranscrit par l’expression : « sans m’apercevoir que j’étais las ».   
  • Retour à la réalité Ensuite, la reprise immédiate du verbe apercevoir au passé simple « je m’en aperçus enfin » souligne la brutalité de la rupture avec la rêverie précédente et le retour à la réalité. Cependant, le retour n’est pas rude grâce à la fatigue qui favorise rapidement le sommeil qui n’est autre qu’une évolution vers un autre type de rêverie. Le développement du champ lexical lié au sommeil est très largement affecté de caractère positif ce qui est emblématique de l’importance qui lui est accordée par Rousseau : « je me couchai voluptueusement […] le ciel de mon lit […] je m’endormis à son chant […] mon sommeil fut doux ». Il semble, de fait, trouver dans son sommeil, les mêmes jouissances qu’à l’état de veille et son réveil le confirme puisqu’il lui permet de prolonger au-delà du sommeil sa « douce rêverie » : si « [son] sommeil fut doux, [son] réveil le fut davantage : il était grand jour : mes yeux, en s’ouvrant, virent l’eau, la verdure, un paysage admirable ».

     Et c’est d’ailleurs à ce « paysage admirable », à la nature que Rousseau doit ce bien-être et ce moment d’extase.

b. Un lieu enchanteur 
  • Harmonie visuelle et auditive avec la nature « La soirée était charmante » se remémore Rousseau et le charme dont il est question doit, sans aucun doute, être pris au sens fort du terme : il s’agit de l’envoûtement dû au parfait équilibre qu’offre la nature : « point de vent, une nuit tranquille ; l’air était frais sans être froid ». Les éléments de la nature semblent fusionner en une parfaite harmonie : « le soleil, après son coucher, avait laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réflexion rendait  l’eau couleur de rose. ». Cette harmonie préfigure ainsi certains poèmes de Baudelaire sur l’harmonie universelle et les correspondances. A cette harmonie visuelle s’ajoute une harmonie auditive : « les arbres des terrasses étaient chargés de rossignols qui se répondaient l’un à l’autre ». 
  • Symbiose de l’homme et de la Nature ou l’avènement du romantisme Certes, la Nature apparaît comme retravaillée par l’homme et sa présence est indiquée par les « chemins [et les] jardins élevés en terrasse. ». Cependant, cette empreinte humaine ne nuit pas au charme du lieu et semblerait même l’accentuer puisque c’est une construction qui va offrir au protagoniste un refuge pour la nuit. En effet, loin de rompre le charme idyllique de ce lieu, elle favorise le sommeil du protagoniste qui se couche « sur la tablette d’une espèce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse. ». Ces constructions sont donc parfaitement intégrées à la Nature qui reste néanmoins prédominante : « la niche »  se fait oublier car il « le ciel de [son] lit était formé par les têtes des arbres ». De plus, il a pour le bercer « les rossignols » et la symbiose entre Rousseau et la Nature est telle qu’« un rossignol [qui] était précisément au-dessus de [lui] » et qu’il « s’endormit à son chant ». Donc, à aucun moment, l’architecture humaine n’occulte « l’eau, la verdure et le paysage admirable ». Rousseau peut ainsi se purifier, se régénérer au sein de la nature après le pénible et désagréable épisode qu’il vient de vivre. Cette régénération au sein d’une nature avenante préfigure, d’ores et déjà, un des thèmes principaux du romantisme.
Conclusion

Cette page nous montre un autre Rousseau au caractère pré-romantique qui accorde sa sensibilité à l’harmonie du paysage et à la Nature. Ce texte associe rêverie, promenade, nature et solitude, synonymes pour lui d’un bonheur qu’il recherche mais a du mal à trouver. L’aspect égocentrique de l’autobiographie est diminué et cède la place à la description de la nature même si le « je » apparaît comme le témoin de ce décor. La fraîcheur de ce passage, sa réussite tiennent à son unité et à l’art avec lequel Rousseau, recomposant son souvenir, assemble l’évocation d’une nature idéale et la certitude plus ou moins réelle de n’avoir fait qu’un avec elle.
En ce qui concerne l’originalité de cet extrait, on peut signaler la critique d’un commentateur qui estime qu’on surprend Jean-Jacques à faire du Rousseau. Cet aspect de l’écriture où il exprime son goût pour la nature et son désir de fusion en son sein apparaît dans quelques pages des Confessions mais est omniprésent dans La Nouvelle Héloïse et dans Les Rêveries du promeneur solitaire.

 

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