Beaumarchais (1732-1799)

Une vie pleine de rebondissements et d’intrigues, aventurière et rocambolesque. A la fois homme de lettres et homme d’affaires, idéaliste et pragmatique, Beaumarchais illustre parfaitement le siècle des Lumières.

La biographie de Beaumarchais est en elle-même un roman : à l’image de Figaro, il a tout vu, tout fait, tout usé. Loin d’être un long fleuve tranquille, sa vie fut parsemée d’embûches et d’épreuves qui n’ont cependant jamais entamé sa faculté à rebondir.

Fils d’horloger, Pierre Augustin Caron, né le 24 janvier 1732, se fait remarquer grâce à son invention d’une montre miniature, même si l’horloger du roi s’attribue l’invention… (s’ensuit un procès, le premier d’une longue série).

A 23 ans, il séduit une belle et riche dame, achète la charge du mari, qui lui permet de contrôler les repas du roi, puis épouse la dame, devenue veuve l’année suivante ! Sa fortune semble alors acquise mais sa nouvelle épouse meurt et les héritiers contestent le testament. Pierre Augustin Caron prend toutefois le nom d’une terre appartenant à sa femme, « le Bos Marchais » et achète un peu plus tard une charge qui l’anoblit.

En 1759, il se fait nommer horloger du roi, en offrant à Mme de Pompadour une montre insérée dans une bague. Louis XV confie également à Beaumarchais le soin de donner des leçons de harpe à ses filles.

Devenu l’ami du banquier Pâris-Duverney, Beaumarchais lui emprunte de l’argent et s’achète une grande maison. Mais cette amitié, qui lui permet d’asseoir sa fortune, le conduira bientôt, après un très long procès, à la ruine. Pour l’heure, il mène un train de vie élevé en compagnie d’une jeune créole, Pauline Le Breton.

A trente ans le roturier est devenu noble, le séducteur est aimé et l’homme d’affaires a déjà affronté plusieurs fois la justice.
En 1768, Beaumarchais, à nouveau célibataire depuis que Pauline Le Breton l’a quittée, épouse une riche veuve (Germaine L’évêque), mais tout comme sa première épouse, elle meurt brutalement, à peine deux ans plus tard, sans rien léguer à son mari… (ces deux morts éveillent les soupçons et Beaumarchais sera accusé d’avoir assassiné ses deux premières femmes).

En 1770, Pâris-Duverney meurt lui aussi et son héritier conteste les droits de Beaumarchais, s’ensuit un très long procès qui condamne Beaumarchais au blâme : à 41 ans, Beaumarchais est privé de tous ses droits civils, il doit payer une somme considérable, ses biens sont saisis : il est ruiné. Il décrit cette affaire dans Mémoires contre Goezman (le juge chargé de l’affaire).

Resté proche de Louis XV, Beaumarchais devient alors son agent secret, sous le nom de Ronac et accomplira également des missions pour le compte de Louis XVI (il est chargé d’abord de mettre la main sur un pamphlet contre Marie-Antoinette, puis de négocier avec le mystérieux chevalier d’Eon pour récupérer des documents secrets).

Beaumarchais recouvre ses droits en 1776 et la justice finit par lui donner raison en 1778. Durant cette période et malgré les épreuves, Beaumarchais a quand même réussi à rétablir sa fortune et à écrire la trilogie de Figaro.
Riche et aimé (Beaumarchais épouse Thérèse de Willermaulaz en 1786), Beaumarchais semble à nouveau comblé. Mais la somptueuse demeure qu’il s’est fait construire près de la Bastille, le rend bientôt suspect aux yeux des révolutionnaires.

En 1792, il est accusé de trafic d’armes puis dénoncé comme émigré en 1793, ses biens sont saisis, sa femme est jetée en prison, Beaumarchais s’enfuit et ne rentre à Paris qu’après la chute de Robespierre. Déjà, il songe à reconstruire sa fortune, mais il meurt brutalement d’apoplexie en 1799.

Les nombreuses activités qu’il a menées, tant dans le domaine des affaires que dans le domaine de l’écriture, témoignent de l’intérêt de Beaumarchais pour les préoccupations de son temps.

En 1776, Beaumarchais aide les révolutionnaires américains en leur envoyant des armes mais ne sera jamais payé
En 1780, il se lance dans l’édition de l’œuvre de Voltaire, mais faute d’acheteurs, l’entreprise tourne à la faillite. En 1778, il fonde la société des auteurs dramatiques visant à défendre les droits d’auteur.
En 1783, il finance les premières montgolfières.

Et surtout il est l’inventeur du personnage de Figaro, qui apparaît dans trois pièces (à l’origine : un opéra comique, une comédie et un drame) :
 - Le Barbier de Séville (1775) fut d’abord un opéra comique, remanié ensuite en comédie en prose (en cinq puis quatre actes). La pièce développe la conquête de la jeune Rosine par le comte Almaviva, aidé de son ancien valet devenu barbier : Figaro.

- Dans Le Mariage de Figaro (1784), que Beaumarchais mit quatre ans à faire accepter aux censeurs, Figaro est désormais en rivalité avec le comte qui veut user de son droit de cuissage sur Suzanne, la fiancée de Figaro. Si Le Barbier de Séville développait déjà quelques critiques à l’encontre de la monarchie, celles-ci sont encore bien plus nombreuses et audacieuses dans Le Mariage de Figaro, qui apparaît à bien des égards comme une pièce révolutionnaire. Beaumarchais y dénonce en effet la corruption de la justice, les intrigues de la politique, les méfaits de la censure…autant d’obstacles et injustices auxquels il a été lui même confronté.

- Dans La Mère coupable (1790), il développe les conséquences de l’adultère de la Comtesse avec le page Chérubin.


Une vie trépidante et toujours en mouvement, à l’image de son siècle. Une œuvre théâtrale qui se fait l’écho des préoccupations de son temps.