Les Planches courbes : l'oeuvre - Maxicours

Les Planches courbes : l'œuvre

Toutes les références renvoient à l'édition suivante : Yves Bonnefoy, Les Planches courbes, édition Mercure de France, 2001, Paris. ISBN 2-7152-2298-X

1. Au seuil des Planches courbes

Un recueil d’Yves Bonnefoy plonge le lecteur Dans le leurre du seuil et c’est bien au seuil d’un nouveau siècle de poésie que s’inscrivent les Planches courbes parues en 2001 et ces planches, même courbes, placent bien le lecteur face au chambranle de la porte, face au seuil, qu’il soit cadre poétique ou symbolique.

L’oxymore du titre est cependant énigmatique : en effet, comment des planches qui désignent une pièce de bois plane peuvent-elles être courbes ? Les valeurs sémantiques de ces deux termes s’opposent de manière antithétique. L’horizon d’attente du lecteur est ainsi, dès le titre, présenté comme un leurre possible : des planches courbes ne peuvent exister… en dehors de la poésie.

Quelle réalité concrète veut dès lors faire advenir ce recueil ? Les valeurs métaphoriques et symboliques des deux termes du titre peuvent apporter une réponse. Le matériau des planches est connoté positivement : la résistance, la force, le naturel sont des valeurs positives d’appui auxquelles viennent s’opposer les connotations de déformation, d’assujettissement et de soumission du terme courbe.

L’opposition reste le maître mot de ce titre. Il ne s’agit pas, semble-t-il, d’une opposition irréductible et frontale mais plutôt d’un mouvement alternatif entre linéarité et circularité, dureté et douceur, entre résistance et consentement soit la réalité concrète selon Bonnefoy au travers d’une métaphore poétique.

2. Résonances du recueil

Les Planches courbes, recueil issu de publications successives, tisse avec les recueils précédents un réseau de rappels nombreux. La section « Dans le leurre des mots » offre un parallèle évident avec Dans le leurre du seuil, le retour des titres « Une Voix », « Une pierre » fait songer de façon évidente à Pierre écrite. Soulignons que les motifs de la pierre et de la voix sont récurrents dans l’œuvre de Bonnefoy. Mais ce dernier livre est encore plus lié aux plus anciens par la façon dont il approfondit le projet poétique originel :
« Que ce monde demeure
Malgré la mort ! » (pp. 25-32)

Les échos sont également internes au recueil marqué par les motifs de la pierre, du souvenir d’enfance (notamment dans « La Maison natale ») propice à l’interrogation sur le rapport au réel et au langage. Métaphore de l’inspiration poétique, la voix qui peut être une « voix lointaine » distille le chant du poète, son langage propre à communiquer la présence.

3. Thème du recueil

Le thème général de ce recueil divisé en sept sections inégales par leur longueur et leur cadre formel : « La pluie d’été »(p. 9), « La voix lointaine » (p. 57), « Dans le leurre des mots » (p. 71), « La maison natale » (p. 83), « Les planches courbes » (p. 101), « L’encore aveugle » (p. 107), « Jeter des pierres » (p. 121) est l’évocation de souvenirs d’enfance. Il faut remarquer que le souvenir d’enfance est secrètement lié à un certain désir de permanence « que ce monde demeure », « que tant d’évidence ne cesse pas » (p. 64).

Ce livre intime est confidentiel, sans nostalgie, grave sans inquiétude. Il faut également noter que les questionnements fondamentaux que suscite ce recueil sur le rapport des mots au monde, sur le sentiment d’exil dans le langage, sur la relation à la mère et au père et sur la présence et la mort renvoient à l’ensemble de l’œuvre d’Yves Bonnefoy dont la poésie est une parole ouverte. Elles sont, dans ce recueil, reprises par l’enfant qui ne cesse de vivre en soi mais dont on néglige d’écouter la parole simple et confiante :
« Mais il me semble aussi que n’est réelle que la voix qu’on espère. » (p. 77)       

A aucun moment la dimension autobiographique n’est soulignée mais elle est une possibilité d’interprétation du recueil. Après une longue carrière poétique, le poète retourne à une enfance réelle ou imaginée, à l’origine, à son avènement à la poésie. Cette quête de l’origine relève évidemment d’un retour à l’origine de sa vocation poétique.

Etymologiquement, l’infans est celui qui n’est pas doué de raison ni de parole ; le poète qui les possède toutes deux pleinement semble s’interroger sur leur légitimité à rendre compte du monde tel qu’il est. C’est ainsi que ce recueil conduit le lecteur de la clarté du souvenir, au doute, au cheminement du rêve, à la saisie du réel, à son adhésion et à la réflexion critique.

Le recueil des Planches courbes est donc poétique dans le sens premier du terme puisqu’il met à jour certaines théories de création de l’auteur. Les deux composantes de cette poésie sont le consentement et le chant. Aussi la poésie est-elle associée à une intense réflexion sur les mots capables de rendre le monde plus présent. La relation au monde du poète s’exprime par des mots simples : « maison, jardin, pierre, voix ». Les mots ne sont pas mensongers, seul l’usage qui en est fait est responsable du leurre :
« Des mots qui offrent plus que ce qui est
Ou disent autre chose que ce qui est »
L’emphase, l’hyperbole du premier vers ou la méprise, la catachrèse du second vers nous égarent et nous détournent du souci de la vérité en parole, à quoi est liée la poésie.
Dans et par la poésie un monde prend forme, celui de l’expérience poétique d’un homme, Yves Bonnefoy.

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