La progression thématique
Reposant sur la distinction sujet / prédicat (voir fiche : la relation sujet / prédicat), le thème se définit comme l’objet d’un énoncé ou d’un acte d’énonciation.
Cette distinction permet de noter quels choix opère un émetteur dans la hiérarchie des informations contenues dans son message et de quelle manière surtout il assure la continuité de son message, aussi long soit-il. En effet, pour qu’un texte soit cohérent et compréhensible, il faut que les phrases qui le constituent s’enchaînent en s’appuyant sur des éléments connus et repérables aisément par le destinataire, mais il faut en même temps un apport régulier d’informations nouvelles.
Dans la distinction thème / propos (voir fiche sujet / prédicat), le thème se définit justement comme l’information connue, et le propos se définit comme l’information nouvelle.
C’est la forme la plus simple et la plus répandue de progression thématique. Toutes les phrases vont avoir le même point de départ, le même thème. Pour éviter les répétitions disgracieuses, on aura recours à des substituts
Exemple : La jeune femme marchait dans les allées silencieuses. Elle tenait une ombrelle. Elle sentait la brise lui caresser la nuque…
Cette progression est caractéristique du texte narratif. Dans l’exemple ci-dessus, on peut dire que la narration s’organise autour d’un personnage.
Cette progression se retrouve davantage dans les textes descriptifs, pour construire un lieu par petites touches successives, mais aussi dans les textes explicatifs, lorsque l’information se construit par étapes.
Le thème n’est pas répété d’une phrase à l’autre, mais il est issu logiquement de la phrase précédente et peut être souligné par l’emploi d’adjectifs démonstratifs, possessifs.
Exemple : L’église s’élevait au bout du chemin. Son clocher, majestueux, fendait l’air…
Elle peut sembler plus difficile à identifier car les phrases se succèdent en se construisant sur des thèmes différents. Pourtant, ces thèmes sont bien liés entre eux par ce que l’on appelle l’hyperthème du texte.
Exemple : L’enfant regardait avec gourmandise par la vitrine toutes les confiseries qu’il aurait aimé manger. Devant, les bonbons se mêlaient en une avalanche de couleurs. Des sucettes étaient fièrement plantées sur un support, un peu en arrière, mais dominant pourtant cette masse sucrée de leur silhouette élancée. A leurs pieds, les guimauves attendrissaient ce tableau bigarré de leurs coloris pastels…
L’hyperthème peut ne pas être aussi évident. Il faut parfois le déceler dans l’implicite du texte.
Les progressions vues ci-dessus fonctionnent sur des portions restreintes de texte car on n’imagine pas, par exemple, une progression à thème constant organiser un long récit sans créer de redondance ou de monotonie narrative.
Sur de longs textes, ne serait-ce que parce que les discours sont souvent alternés (narration / description), les formes de progressions thématiques varient aussi. Par exemple, si une description s’insère dans une narration, on observera un changement de progression (en même temps qu’un changement de temps, comme le cas de l’alternance passé simple / imparfait).
La rupture thématique peut servir pour passer du récit à la description (du premier plan à l’arrière-plan), d’une information à une autre (comme dans une définition de dictionnaire !). Cette rupture peut être plus ou moins lapidaire. Parfois, elle est matérialisée par un changement de paragraphe.
La rupture rompt aussi la monotonie d’un texte et peut permettre de le relancer, de le dynamiser, comme lorsqu’il s’agit de marquer un tournant dans un récit.
Exemple : Il se coucha et s’endormit aussitôt. Le réveil sonna. Il se leva, enfila des vêtements laissés la veille au pied du lit et quitta très vite l’appartement…
L’enchaînement de ruptures peut permettre d’accélérer le rythme de la narration. Un texte exemplaire à lire (ou relire !) pour comprendre ce phénomène est le meurtre de l’Arabe dans L’Etranger de Camus :
« Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C’est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant que tout a commencé. J’ai secoué la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. »
La progression thématique est une notion essentielle de la grammaire dite textuelle. Elle assure la cohérence d’un texte et permet au discours de se structurer, donc au destinataire de mieux le comprendre et l’analyser. Plusieurs formes de progressions thématiques sont à connaître : progression à thème constant, à thème linéaire, à thèmes dérivés, progression complexe. Les ruptures dans les progressions thématiques sont donc volontaires et méritent d’être soulignées, car elles dénotent un choix de l’émetteur.

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