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Les Planches courbes : l'auteur

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1. De l’enfance et la formation à la consécration

Né le 24 juin 1923 d’un père contremaître dans un atelier de construction de matériel ferroviaire et d’une mère institutrice, Yves Bonnefoy connaît une enfance studieuse entrecoupée de vacances émerveillées dans le Lot où son grand-père lui fait découvrir le pouvoir rassurant du concret.

Il effectue, à Tours, de solides études au lycée Descartes où il témoigne d’une certaine fascination pour les disciplines abstraites et rigoureuses -notamment les mathématiques et le latin- qui organisent le monde et la pensée selon les lois du nombre et de la logique. Il obtient en 1943 un certificat de mathématiques générales mais il abandonne alors ce domaine pour la poésie et pour la philosophie qui lui fait découvrir à la fois la puissance du concept et les voies de sa remise en cause. Cette double formation ne fit que renforcer sa méfiance à l’égard des systèmes abstraits. Il n’aura de cesse de chercher dans l’art et particulièrement dans la poésie un accès direct à l’existence concrète.   

Arrivé à Paris, il se lie aux milieux surréalistes, adhère un moment au mouvement (1943-1947) et rencontre les peintres Victor Brauner, Raoul Ubac et Hans Bellmer. Il prépare un diplôme sur Baudelaire et Kierkegaard et rompt avec le surréalisme après une rencontre décevante avec André Breton. Il découvre en effet que le surréalisme et son mode d’expression favori, l’écriture automatique, s’évade hors du réel pour bâtir un monde clos de signes et d’images.

Il se tourne alors vers les grands précurseurs de la modernité. A la préoccupation exclusive des pouvoirs du langage qu’il dénonce chez Mallarmé et Valéry, il préfère la tentative tragique d’adhésion au monde et d’incarnation qu’il admire chez Baudelaire et chez Rimbaud et s’engage ainsi sur une voie originale qui fera de lui un poète, un critique et un traducteur renommé.

En 1967, parallèlement à toutes ses activités, paraît le premier numéro de la revue l’Ephémère que l’écrivain fonde avec L. R. des Forêts, Gaëtan Picon et André du Bouchet. Sa carrière dans l’enseignement supérieur, en France comme à l’étranger se voit couronnée en 1981 par son élection au Collège de France à la chaire d’études comparées de la fonction poétique. En outre, ses travaux multiples ont reçu la consécration de nombreux prix et en particulier le Grand Prix de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

2. La consécration par l’œuvre poétique

Yves Bonnefoy est donc un poète contemporain consacré par la célébrité mais il constitue une manière d’exception par son refus d’être assujetti à une place précise dans la poésie moderne. Son lyrisme d’inspiration métaphysique a mûri sous l’influence de Baudelaire, Valéry et de Jouve au déclin du surréalisme. Bonnefoy a fait le choix artistique et existentiel de la tentative tragique d’adhésion au monde et place au cœur de sa réflexion poétique le conflit entre image et présence.

Il écrit, en 1953, son premier recueil poétique, Du mouvement et de l’immobilité de Douve (Mercure de France), salué de manière unanime par la critique pour sa tonalité originale. Cette œuvre lui fait connaître une immédiate célébrité. 

Son second volume en 1959, Hier régnant désert (Mercure de France ), obtient le prix de la Nouvelle Vague décerné par le journal L’Express ; Pierre écrite (Mercure de France) et Dans le leurre du seuil (Mercure de France) paraissent respectivement en 1965 et 1975. Paraissent ensuite :
- Poèmes (1947-1975), Mercure de France, 1978 (Poésie/Gallimard, 1982)
- Ce qui fut sans lumière, Mercure de France, 1987
- Début et fin de la neige, suivi de Là où retombe la flèche, Mercure de France, 1991
- La Vie errante suivi de Une autre époque de l’écriture, Mercure de France, 1993 (Poésie/Gallimard, 1997)
- L’encore aveugle, Festina Lente, 1997
- La pluie d’été, La Sétérée, 1999
- Le Cœur-espace, Farrago, 2001
- Les Planches courbes, Mercure de France, 2001

Ce qui fait l’unité de l’œuvre poétique c’est d’abord cette présence d’ « une voix » (c’est le titre de plusieurs poèmes) qui sollicite l’écoute par sa gravité, et qui invite le lecteur à interroger ce qu’elle désigne sans le définir. Cette oralité s’appuie le plus souvent sur le respect des structures essentielles du mètre et de la syntaxe qui souligne les accentuations de la langue française.

Mais à proportion même de l’aisance avec laquelle il se coule dans les formes traditionnelles, Bonnefoy s’avère soucieux d’en rompre l’équilibre et l’harmonie d’où l’alternance ménagée parfois entre prose et vers et à l’intérieur de mètres le plus souvent binaires, l’intervention du hiatus, de l’impair... La violence et l’opacité des métaphores dans Du mouvement et de l’immobilité de Douve et Hier régnant désert achèvent de ruiner l’apparence classique de cette poésie.

Une évolution se dessine à la fin de Pierre écrite et avec Dans le leurre du seuil. Dans ce dernier recueil surtout la forme se fait plus souple : mètres plus variés, syntaxe plus complexe, lexique plus large. Bonnefoy n’éprouve plus le besoin de contester la forme de l’extérieur par toutes sortes de ruptures : c’est en la transformant de l’intérieur qu’il la maintient à l’état d’ouverture. C’est aussi le signe d’une plus grande confiance dans la langage ; confiance liée à la maturité. Le souci de prendre en réparation le monde allié à la conscience de la limite de la parole a laissé la place à la préoccupation dominante du langage. Les Planches courbes semblent s’inscrire dans le même rapport pacifié au langage. L’imaginaire lui-même semble mieux accepté ; il est perçu comme un détour nécessaire pour atteindre la vérité profonde d’une existence depuis les Récits en rêve.
 
Dès lors, la présence, qui ne pouvait s’inscrire dans les premiers recueils que comme négativité, sous les espèces de la mort et dans la rupture violente de l’instant, s’infiltre de manière plus continue et positive. On note une réelle volonté de concilier le sensible et l’intelligible. Le réel est un horizon auquel tend le poète ; il inscrit celui-ci en creux, dans les failles du discours, les blancs.

La poésie se définit comme « trous » du poème pour faire signe à une réalité qui reste indicible. Aussi devient-elle une quête de la présence, même infime. Le vertige existentiel qui a surgit de la faille entre le réel et un mode d’appréhension qui ne suffit pas à en rendre toute la complexité semble atténué en dépit des images négatives sur lesquelles se clôt le recueil des Planches courbes.

3. Un critique reconnu

Il s’intéresse aussi à la critique et à l’histoire des formes poétiques et picturales et élabore une réflexion dont l’essentiel est contenu dans L’Improbable et autres essais (1959), La Seconde simplicité (1961), Arthur Rimbaud (1961), l’Arrière-pays (1972) et Entretiens sur la poésie (1981).

Et l’on constate qu’une même tension fondamentale anime la formation intellectuelle, la réflexion critique et l’œuvre poétique de Bonnefoy, partagé entre la séduction des formes et le souci de rejoindre le réel dans ce qu’il a de plus précaire et de plus contingent. On peut donc affirmer que l’œuvre critique de Bonnefoy est indissociable de sa pratique poétique.

A travers les œuvres des autres, il constitue sa propre esthétique. Critique et poétique convergent chez lui vers une problématique commune : comment rétablir les droits de la présence contre la prétention du langage et de l’image à se constituer dans l’œuvre d’art en univers autonome ? Il s’agit souvent pour le critique de surprendre dans la structure des œuvres étudiées le défaut qui les empêche de se clore sur elles-mêmes et qui réintroduit en elles la contingence.

C’est pourquoi Bonnefoy privilégie, dans sa poésie, les procédés qui permettent de « maintenir quelque chose d’ouvert, de troué dans la substance verbale ». Il fait ainsi l’éloge du [e] muet dont l’instabilité déconcerte la métrique française. Il favorise la fonction de communication du langage et non la fonction poétique du langage (définie par Jakobson comme « visée du message en tant que tel », l’accent du message étant mis sur la forme du message), il réhabilite la voix transitive c’est-à-dire une parole adressée à autrui, au monde.

- Peintures murales de la France gothique, Paul Hartmann, 1954
- L’Improbable, Mercure de France, 1959
- Arthur Rimbaud, Le Seuil, 1961
- Un rêve fait à Mantoue, Mercure de France, 1967
- Rome, 1630 : l’horizon du premier baroque, Flammarion , 1970, 1994
- L’Arrière-Pays, Skira, 1972, Flammarion, 1987
- L’Ordalie, Galerie Maeght, 1974
- Le Nuage rouge, Mercure de France, 1977, Folio/Essais Gallimard, 1995
- Rue traversière, Mercure de France, 1977
- L’Improbable suivi de Un rêve fait à Mantoue, édition corrigée et augmentéé, Mercure de France, 1980, Folio/Essais Gallimard, 1992
- Leçon inaugurale de la chaire d’études comparée de la fonction poétique, Collège de France, 1982 (La Présence et l’Image, Mercure de France, 1983
- Récits en rêve, Mercure de France, 1987.

4. Un traducteur

Bonnefoy développe aussi une réflexion sur la traduction et notamment celle des œuvres de Shakespeare qu’il entreprend dès 1957. 

- Jules César, Mercure de France, 1960
- Hamlet suivi d’une Idée sur la traduction, Mercure de France, 1962
- Le Roi Lear, Mercure de France, 1965 (nouvelle édition 1991 précédée de Comment traduire Shakespeare ?)
- Roméo et Juliette, Mercure de France, 1968
- Hamlet/Le Roi Lear, précédé de Readiness, Ripeness : Hamlet, Lear, Gallimard Folio, 1978
- Macbeth, Mercure de France, 1983
- Roméo et Juliette / Macbeth, précédé de L’Inquiétude de Shakespeare, Gallimard Folio, 1985
- Quarante-cinq poèmes de Yeats, suivi de La Résurrection, Hermann, 1989 (Poésie Gallimard, 1993)
- Les poèmes de Shakespeare, précédé de Traduire en vers ou en prose, Mercure de France, 1993
- Le Conte d’hiver, précédé de Art et nature : l’arrière-plan du « Conte d’hiver », Mercure de France, 1994
- La Tempête, précédé de Une journée dans la vie de Prospéro, Folio/Théâtre, 1997
- Antoine et Cléopâtre, précédé de La noblesse de Cléopâtre, Folio/ Théâtre, 1999
- Othello, précédé de La tête penchée de Desdémone, Folio/Théâtre, 2001
- Keats et Leopardi, Mercure de France, 2000

Il a également réalisé en 1981 un travail d’édition avec le Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique (Flammarion).  
 
  

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