Les cohabitations entre 1986 et 2002
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Les cohabitations sont des situations politiques récentes,
elles sont caractérisées par le fait que les deux
dirigeants de l'exécutif n'appartiennent pas à la
même famille politique.
Bien qu'elle ne soit pas rédigée dans la perspective de la cohabitation, les institutions de la Ve République permettent de faire face à ce cas de figure, qui doit toutefois rester exceptionnel car il peut générer des conflits et des tensions.
La France a connu trois cohabitions sous la Ve République, comment a-t-elle été dirigée pendant ces périodes ?
Bien qu'elle ne soit pas rédigée dans la perspective de la cohabitation, les institutions de la Ve République permettent de faire face à ce cas de figure, qui doit toutefois rester exceptionnel car il peut générer des conflits et des tensions.
La France a connu trois cohabitions sous la Ve République, comment a-t-elle été dirigée pendant ces périodes ?
1. La première cohabitation
a. Une situation nouvelle
Le socialiste François Mitterrand est élu
Président de la République en 1981. Après
une période d’enthousiasme,
« l’Etat de grâce », les
difficultés sociales et économiques
apparaissent : inflation et chômage en hausse, triple
dévaluation du franc, nombreuses manifestations de
rue.
Cette situation entraîne la défaite de la gauche aux élections législatives de 1986, en effet, les Français, expriment leur mécontentement en envoyant à l’Assemblée Nationale une majorité parlementaire de droite.
Désavoué, François Mitterrand aurait pu démissionner. Il choisit de se maintenir à la tête de l’Etat et de cohabiter avec un gouvernement et un Premier ministre de droite, Jacques Chirac (RPR). Et, pour la première fois depuis 1958, le Président de la République ne peut pas s’appuyer sur une Assemblée Nationale favorable.
Cette situation entraîne la défaite de la gauche aux élections législatives de 1986, en effet, les Français, expriment leur mécontentement en envoyant à l’Assemblée Nationale une majorité parlementaire de droite.
Désavoué, François Mitterrand aurait pu démissionner. Il choisit de se maintenir à la tête de l’Etat et de cohabiter avec un gouvernement et un Premier ministre de droite, Jacques Chirac (RPR). Et, pour la première fois depuis 1958, le Président de la République ne peut pas s’appuyer sur une Assemblée Nationale favorable.
b. Des réformes libérales
Le gouvernement Chirac s’inscrit en rupture, d’un
point de vue économique avec ses
prédécesseurs. Il privatise 65 entreprises et
établissements financiers qui avaient été
précédemment nationalisés, sans toutefois
toucher aux réformes sociales de 1981-1982 auxquelles les
Français sont attachés, comme la semaine de 39
heures.
Toutefois le chômage ne faiblit pas et le nouveau gouvernement se retrouve rapidement en difficulté, car les syndicats multiplient les actions pour déclencher des grèves comme celle survenue en décembre 1986 à la SNCF et qui dure tout le mois.
La situation, notamment en matière d'emplois, ne s’améliore pas et le mécontentement populaire s'amplifie. Cette situation favorise finalement François Mitterrand qui retrouve la confiance des Français lors de l'élection présidentielle de 1988.
Toutefois le chômage ne faiblit pas et le nouveau gouvernement se retrouve rapidement en difficulté, car les syndicats multiplient les actions pour déclencher des grèves comme celle survenue en décembre 1986 à la SNCF et qui dure tout le mois.
La situation, notamment en matière d'emplois, ne s’améliore pas et le mécontentement populaire s'amplifie. Cette situation favorise finalement François Mitterrand qui retrouve la confiance des Français lors de l'élection présidentielle de 1988.
2. L’expérience se renouvelle entre 1993 et 1995
a. Les législatives de 1993
Les élections législatives se déroulent tous
les cinq ans alors que les
présidentielles ont lieu tous les sept
ans. Dans ces conditions, la concordance des
durées entre les deux mandats n'est pas possible.
Lors des législatives de 1993, les socialistes subissent une violente défaite en raison de plusieurs scandales qui ont entaché leur parti comme par exemple celui du « sang contaminé ».
Aussi, pour la seconde fois, François Mitterrand doit composer avec une majorité de droite, avec comme Chef de gouvernement Edouard Balladur, membre du Rassemblement Pour la République (RPR).
Lors des législatives de 1993, les socialistes subissent une violente défaite en raison de plusieurs scandales qui ont entaché leur parti comme par exemple celui du « sang contaminé ».
Aussi, pour la seconde fois, François Mitterrand doit composer avec une majorité de droite, avec comme Chef de gouvernement Edouard Balladur, membre du Rassemblement Pour la République (RPR).
b. Un premier ministre populaire
Dès 1994, Edouard Balladur met en place une nouvelle
série de privatisations et s’attache au difficile
problème du financement de l’assurance
vieillesse.
La masse des cotisants stagne, en partie à cause de l'important chômage structurel qui frappe la France. Les caisses de retraites voient ainsi leurs cotisations diminuer mais le nombre de retraités augmente en raison notamment des départs anticipés à la retraite et de l’allongement de la durée de la vie.
Une série de lois prolongent donc la durée du travail, dans le secteur privé seulement car le statut de la fonction publique protège encore les fonctionnaires. Ces mesures n’entament pas le crédit accordé à Edouard Balladur qui reste un Premier ministre populaire.
La masse des cotisants stagne, en partie à cause de l'important chômage structurel qui frappe la France. Les caisses de retraites voient ainsi leurs cotisations diminuer mais le nombre de retraités augmente en raison notamment des départs anticipés à la retraite et de l’allongement de la durée de la vie.
Une série de lois prolongent donc la durée du travail, dans le secteur privé seulement car le statut de la fonction publique protège encore les fonctionnaires. Ces mesures n’entament pas le crédit accordé à Edouard Balladur qui reste un Premier ministre populaire.
3. la troisième cohabitation
a. Un nouveau président
Aux élections présidentielles de 1995, Jacques
Chirac et Edouard Balladur se présentent tous deux sous
l’étiquette RPR. A l’issue du premier tour,
Edouard Balladur se retire et au second tour Jacques Chirac bat
Lionel Jospin candidat unique de la gauche.
On retrouve donc une situation classique avec un Président de la République de droite, une majorité parlementaire de droite (élections législatives de 1993) et un premier ministre lui aussi de droite (RPR) : Alain Juppé.
Mais très vite les difficultés arrivent car les mesures, comme l'augmentation des impôts, prises pour réduire la dette de l'Etat sont mal acceptés et entraînent de vastes mouvements de grève à la fin de l’année 1995.
Alain Juppé devient alors un Premier ministre impopulaire et Jacques Chirac décide d’avancer d’un an les élections législatives. Il dissout l’Assemblée nationale au mois d’avril 1997 mais c'est la gauche qui obtient la majorité à l’Assemblée nationale : c'est le début de la troisième cohabitation.
On retrouve donc une situation classique avec un Président de la République de droite, une majorité parlementaire de droite (élections législatives de 1993) et un premier ministre lui aussi de droite (RPR) : Alain Juppé.
Mais très vite les difficultés arrivent car les mesures, comme l'augmentation des impôts, prises pour réduire la dette de l'Etat sont mal acceptés et entraînent de vastes mouvements de grève à la fin de l’année 1995.
Alain Juppé devient alors un Premier ministre impopulaire et Jacques Chirac décide d’avancer d’un an les élections législatives. Il dissout l’Assemblée nationale au mois d’avril 1997 mais c'est la gauche qui obtient la majorité à l’Assemblée nationale : c'est le début de la troisième cohabitation.
b. Cinq ans de cohabitation
Cette troisième cohabitation dure de 1997 à 2002,
c'est donc la plus longue des trois. Le socialiste Lionel Jospin
est nommé Premier ministre. Son gouvernement est
composé de ministres d’horizon divers :
des socialistes en premier lieu mais aussi des
écologistes et des communistes.
Sa politique manque toutefois de clarté pour de nombreux Français. D’une part il assoit sa popularité avec une mesure importante, la réduction du temps de travail à 35 heures qui, dans un contexte d’offres d’emplois limitées devrait permettre de réduire le chômage.
Mais dans le même temps, le gouvernement Jospin, augmente les impôts dans l'espoir de réduire la dette de l’Etat afin de répondre aux directives du traité de Maastricht en matière de dette publique.
Toutes ces mesures entraînent peu à peu une opposition interne qui finit par mettre à mal la cohésion de cette « gauche plurielle » qui subit également à partir de 2000, une série de manifestations notamment des agents de la fonction publique.
Les Français reprochent au Premier ministre de mener une politique trop libérale et de laisser se développer l’insécurité dans les banlieues.
Cette cohabitation prend fin avec l’élection présidentielle de 2002 au cours de laquelle Lionel Jospin est écarté dès le premier tour.
C'est en effet le nationaliste Jean-Marie le Pen que Jacques Chirac affronte au second tour. Le candidat gaulliste est réélu avec une majorité écrasante (plus de 80 % des voix) car les forces de gauche ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route au candidat du Front National.
Sa politique manque toutefois de clarté pour de nombreux Français. D’une part il assoit sa popularité avec une mesure importante, la réduction du temps de travail à 35 heures qui, dans un contexte d’offres d’emplois limitées devrait permettre de réduire le chômage.
Mais dans le même temps, le gouvernement Jospin, augmente les impôts dans l'espoir de réduire la dette de l’Etat afin de répondre aux directives du traité de Maastricht en matière de dette publique.
Toutes ces mesures entraînent peu à peu une opposition interne qui finit par mettre à mal la cohésion de cette « gauche plurielle » qui subit également à partir de 2000, une série de manifestations notamment des agents de la fonction publique.
Les Français reprochent au Premier ministre de mener une politique trop libérale et de laisser se développer l’insécurité dans les banlieues.
Cette cohabitation prend fin avec l’élection présidentielle de 2002 au cours de laquelle Lionel Jospin est écarté dès le premier tour.
C'est en effet le nationaliste Jean-Marie le Pen que Jacques Chirac affronte au second tour. Le candidat gaulliste est réélu avec une majorité écrasante (plus de 80 % des voix) car les forces de gauche ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route au candidat du Front National.
L’essentiel
Ces trois cohabitations ont montré que les institutions françaises étaient solides mais en même temps elles correspondent à des périodes de paralysie partielle de la vie politique.
Si les Français ont semblé satisfaits de ces périodes, c’est peut-être parce qu’ils savaient que durant ces temps de partage de l’exécutif rien ne changerait vraiment.
Pour mettre fin à ce phénomène de cohabitation et établir une adéquation entre les mandats présidentiel et parlementaire, le Président Chirac fait accepter par référendum, en 2000, une proposition de loi ramenant le mandat présidentiel à cinq ans.
Ces trois cohabitations ont montré que les institutions françaises étaient solides mais en même temps elles correspondent à des périodes de paralysie partielle de la vie politique.
Si les Français ont semblé satisfaits de ces périodes, c’est peut-être parce qu’ils savaient que durant ces temps de partage de l’exécutif rien ne changerait vraiment.
Pour mettre fin à ce phénomène de cohabitation et établir une adéquation entre les mandats présidentiel et parlementaire, le Président Chirac fait accepter par référendum, en 2000, une proposition de loi ramenant le mandat présidentiel à cinq ans.
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