Le théâtre au Bauhaus
Objectif
Montrer l'importance de l'atelier de théâtre au
sein du Bauhaus de Weimar, animé par
Lothar
Schreyer et Oskar Schlemmer
dans le sens de la collaboration de tous les arts telle que
l'a souhaité Gropius dans le programme de
l'école.
La synthèse de tous les arts, chère à
Walter Gropius et
dont il a fait l'un des objectifs de la communauté
réunie au Bauhaus, est censée se réaliser
au sein de l'architecture. Cependant, les difficultés
économiques de l'Allemagne du début des
années 20 et l'inflation galopante ne permettent pas la
réalisation de grands projets architecturaux.
Or, il existe une autre forme d'art reconnue pour permettre l'union de tous les arts : le théâtre, au sein duquel ont toujours collaboré, pour la réalisation des décors et des costumes, peintres, sculpteurs, ébénistes, etc.
C'est sans doute la raison pour laquelle Gropius a souhaité l'existence d'un atelier de théâtre au Bauhaus, malgré le fait que le théâtre ne puisse être considéré en lui-même comme un artisanat. Il n'y aura donc pas de diplôme de théâtre à proprement parler, et l'atelier ne fera pas formellement partie de l'enseignement ; tous les élèves qui y participeront seront inscrits dans un autre atelier. Mais l'atelier de théâtre aura une grande importance au Bauhaus, en grande partie grâce à la personnalité et aux idées de ses deux maîtres successifs : Lothar Schreyer (1886-1966) et Oskar Schlemmer (1888-1943).
Or, il existe une autre forme d'art reconnue pour permettre l'union de tous les arts : le théâtre, au sein duquel ont toujours collaboré, pour la réalisation des décors et des costumes, peintres, sculpteurs, ébénistes, etc.
C'est sans doute la raison pour laquelle Gropius a souhaité l'existence d'un atelier de théâtre au Bauhaus, malgré le fait que le théâtre ne puisse être considéré en lui-même comme un artisanat. Il n'y aura donc pas de diplôme de théâtre à proprement parler, et l'atelier ne fera pas formellement partie de l'enseignement ; tous les élèves qui y participeront seront inscrits dans un autre atelier. Mais l'atelier de théâtre aura une grande importance au Bauhaus, en grande partie grâce à la personnalité et aux idées de ses deux maîtres successifs : Lothar Schreyer (1886-1966) et Oskar Schlemmer (1888-1943).
1. L'atelier de théâtre sous Lothar
Schreyer : le théâtre comme religion
Schreyer est
nommé en 1921. Il a, avant cela, monté
quelques pièces en Allemagne. Mais la perspective de
travailler au Bauhaus l'enchante particulièrement
car il espère y trouver la communauté
d'artistes dans laquelle il pourra développer sa
conception expressionniste du
théâtre, qui vise rien moins que la
constitution d'un « homme
nouveau ».
Le théâtre de Schreyer s'appuie essentiellement sur les mots et les sons, « le parler sonore », produits dans un cadre rituel, littéralement religieux. Le mot est vu comme matériau brut autant que comme porteur de sens ; il est utilisé dans la représentation théâtrale pour susciter la méditation. Schreyer requiert dès lors une grande concentration de la part des spectateurs, nécessaire pour que l'homme retrouve sa voix intérieure et libère sa créativité. Il y a donc des corrélations entre l'enseignement de Schreyer et celui de Johannes Itten du fait de leur connotations mystiques.
Formellement, les pièces de théâtre de Schreyer mettent en scène des acteurs faisant figure d'oeuvres d'art en mouvement, disparaissant derrières des masques et des costumes faits d'accessoires géométriques en matériaux nouveaux, tel le plexiglas ou le métal, en correspondance avec un décor inspiré des oeuvres suprématistes de Malevitch.
La première pièce montée par Schreyer au Bauhaus sera :
Mais l'école est en train de changer d'orientation sous les coups de boutoir de Theo Van Doesburg et du mouvement De Stijl. Itten est sur le départ, les tendances romantiques et métaphysiques du Bauhaus sont peu à peu remises en question, et malgré le respect que portent les professeurs à l'art de Schreyer, l'ésotérique pièce Mondspiel sera à ce point incomprise que Schreyer quittera l'école cette même année 1923, avant que l'exposition n'ait lieu. Il laissera sa place à Oskar Schlemmer, jusque là chargé de l'atelier de peinture murale.
Le théâtre de Schreyer s'appuie essentiellement sur les mots et les sons, « le parler sonore », produits dans un cadre rituel, littéralement religieux. Le mot est vu comme matériau brut autant que comme porteur de sens ; il est utilisé dans la représentation théâtrale pour susciter la méditation. Schreyer requiert dès lors une grande concentration de la part des spectateurs, nécessaire pour que l'homme retrouve sa voix intérieure et libère sa créativité. Il y a donc des corrélations entre l'enseignement de Schreyer et celui de Johannes Itten du fait de leur connotations mystiques.
Formellement, les pièces de théâtre de Schreyer mettent en scène des acteurs faisant figure d'oeuvres d'art en mouvement, disparaissant derrières des masques et des costumes faits d'accessoires géométriques en matériaux nouveaux, tel le plexiglas ou le métal, en correspondance avec un décor inspiré des oeuvres suprématistes de Malevitch.
La première pièce montée par Schreyer au Bauhaus sera :
• Kreuzigung
(« Crucifixion »),
créée en 1920 et dont le scénario a
été « écrit »
sur soixante-dix-sept gravures sur bois ; un
système de notation de son invention indique
tonalité, qualité, rythme et volume des
voix des acteurs ainsi que leurs mouvements.
• Son oeuvre Mondspiel (« Jeu de lune ») sera composée et répétée au Bauhaus pour être montrée lors de la grande exposition de l'école prévue pour 1923.
• Son oeuvre Mondspiel (« Jeu de lune ») sera composée et répétée au Bauhaus pour être montrée lors de la grande exposition de l'école prévue pour 1923.
Mais l'école est en train de changer d'orientation sous les coups de boutoir de Theo Van Doesburg et du mouvement De Stijl. Itten est sur le départ, les tendances romantiques et métaphysiques du Bauhaus sont peu à peu remises en question, et malgré le respect que portent les professeurs à l'art de Schreyer, l'ésotérique pièce Mondspiel sera à ce point incomprise que Schreyer quittera l'école cette même année 1923, avant que l'exposition n'ait lieu. Il laissera sa place à Oskar Schlemmer, jusque là chargé de l'atelier de peinture murale.
2. L'atelier de théâtre sous Oskar
Schlemmer : formes et espaces
Lorsque Schlemmer reprend
l'atelier de théâtre, il a déjà
fait ses preuves comme metteur en scène, puisqu'une
représentation de son Ballet triadique - en
1922 à Stuttgart - a été vue et
appréciée par tous les amateurs de
théâtre que compte le Bauhaus. Schlemmer est
en effet non seulement peintre mais aussi auteur et
danseur.
Le théâtre est pour lui un art social, c'est-à-dire capable de toucher tout un chacun, à l'instar de la peinture murale. C'est aussi pour lui un bon vecteur d'enseignement, sa méthode consistant à associer ses élèves à ses propres travaux plutôt qu'à leur inculquer des théories toutes faites.
Schlemmer ne conçoit pas le théâtre comme une forme de célébration religieuse, tel que l'a fait Schreyer, mais comme un moyen d'explorer les rapports formels existants entre les corps en mouvement et l'espace ; d'où l'intérêt de Schlemmer pour le théâtre dansé.
La scène est donc un espace géométrisé, conçu pour être à la mesure du corps humain.
Le théâtre de Schlemmer n'est donc, pas plus que celui de Schreyer, un théâtre réaliste, illusionniste ; les personnages en sont des figures abstraites, symboliques, vêtues de beaux costumes géométrisants, destinées à opérer une synthèse entre les corps en mouvements et l'espace cubique.
Si le jeu est muet, proche de la pantomime, c'est justement pour souligner la résolution de la dualité entre l'organique et le géométrique, entre le vivant et le mécanique, au moment même où le Bauhaus voudrait se rapprocher de l'industrie.
Quant au recours à l'abstraction des formes, Schlemmer se défend de s'en servir pour produire un art sans référence extérieure, un « art pour l'art », puisqu'il souhaite véhiculer des idées.
Ainsi, Le Ballet triadique est :
Pourtant, Schlemmer prend garde à ne pas trop s'éloigner de l'irrationnel et de ce qui, dans l'art, ne peut être quantifier et vient de l'inconscient plutôt que de la raison. Il regrettera donc la prééminence des mouvements mécaniques sur l'écriture et la poésie dans les oeuvres créées pas les élèves pour le Cabaret mécanique, programme devant être présenté lors de l'exposition du Bauhaus de 1923. Inclus dans le Cabaret mécanique, le Cabinet des figures est la première pièce de Schlemmer écrite et produite dans le cadre du Bauhaus, dans laquelle il a lui-même remplacé les danseurs par des figures mécaniques planes.
Schlemmer sera en fait toujours partagé entre les oeuvres de l'esprit et de l'intuition, qui dissimulent un mystère, et les oeuvres de la raison créées pour elles-mêmes, agencements quasi scientifiques de formes sans signification particulière, ces dernières étant en phase avec l'évolution que connaît le Bauhaus au même moment et qui serviront de références pour toutes les créations théâtrales à venir.
Le théâtre est pour lui un art social, c'est-à-dire capable de toucher tout un chacun, à l'instar de la peinture murale. C'est aussi pour lui un bon vecteur d'enseignement, sa méthode consistant à associer ses élèves à ses propres travaux plutôt qu'à leur inculquer des théories toutes faites.
Schlemmer ne conçoit pas le théâtre comme une forme de célébration religieuse, tel que l'a fait Schreyer, mais comme un moyen d'explorer les rapports formels existants entre les corps en mouvement et l'espace ; d'où l'intérêt de Schlemmer pour le théâtre dansé.
La scène est donc un espace géométrisé, conçu pour être à la mesure du corps humain.
Le théâtre de Schlemmer n'est donc, pas plus que celui de Schreyer, un théâtre réaliste, illusionniste ; les personnages en sont des figures abstraites, symboliques, vêtues de beaux costumes géométrisants, destinées à opérer une synthèse entre les corps en mouvements et l'espace cubique.
Si le jeu est muet, proche de la pantomime, c'est justement pour souligner la résolution de la dualité entre l'organique et le géométrique, entre le vivant et le mécanique, au moment même où le Bauhaus voudrait se rapprocher de l'industrie.
Quant au recours à l'abstraction des formes, Schlemmer se défend de s'en servir pour produire un art sans référence extérieure, un « art pour l'art », puisqu'il souhaite véhiculer des idées.
Ainsi, Le Ballet triadique est :
• une création plastique
originale,
• une interrogation sur l'adaptation des mouvements du corps à un costume dont les formes géométriques les entravent d'une manière ou d'une autre ;
• la traduction dansée de la tendance nouvelle à tout mesurer de manière scientifique.
• une interrogation sur l'adaptation des mouvements du corps à un costume dont les formes géométriques les entravent d'une manière ou d'une autre ;
• la traduction dansée de la tendance nouvelle à tout mesurer de manière scientifique.
Pourtant, Schlemmer prend garde à ne pas trop s'éloigner de l'irrationnel et de ce qui, dans l'art, ne peut être quantifier et vient de l'inconscient plutôt que de la raison. Il regrettera donc la prééminence des mouvements mécaniques sur l'écriture et la poésie dans les oeuvres créées pas les élèves pour le Cabaret mécanique, programme devant être présenté lors de l'exposition du Bauhaus de 1923. Inclus dans le Cabaret mécanique, le Cabinet des figures est la première pièce de Schlemmer écrite et produite dans le cadre du Bauhaus, dans laquelle il a lui-même remplacé les danseurs par des figures mécaniques planes.
Schlemmer sera en fait toujours partagé entre les oeuvres de l'esprit et de l'intuition, qui dissimulent un mystère, et les oeuvres de la raison créées pour elles-mêmes, agencements quasi scientifiques de formes sans signification particulière, ces dernières étant en phase avec l'évolution que connaît le Bauhaus au même moment et qui serviront de références pour toutes les créations théâtrales à venir.
L'essentiel
L'atelier de théâtre du Bauhaus est relativement
marginal, puisque n'étant pas un atelier d'artisanat
visant à la création d'objets utilitaires. Mais
il sera un catalyseur de l'énergie
créatrice des élèves, dans le
sens de la synthèse des arts tant
voulue par le directeur Walter Gropius.
Dirigés successivement par Lothar Schreyer et Oskar Schlemmer, deux professeurs aux idées aussi opposées que complémentaires, les étudiants contribueront à la création des costumes et des décors des oeuvres écrites par ces derniers : dans un registre mystique pour Schreyer, plus rationnel pour Schlemmer, mais en visant dans les deux cas à une certaine abstraction.
Le théâtre de Schlemmer deviendra la traduction scénique du virage du Bauhaus vers l'industrie, avec une esthétisation des mouvements mécaniques dans l'espace de la scène, tendance que reproduiront les élèves dans leurs propres créations.
Dirigés successivement par Lothar Schreyer et Oskar Schlemmer, deux professeurs aux idées aussi opposées que complémentaires, les étudiants contribueront à la création des costumes et des décors des oeuvres écrites par ces derniers : dans un registre mystique pour Schreyer, plus rationnel pour Schlemmer, mais en visant dans les deux cas à une certaine abstraction.
Le théâtre de Schlemmer deviendra la traduction scénique du virage du Bauhaus vers l'industrie, avec une esthétisation des mouvements mécaniques dans l'espace de la scène, tendance que reproduiront les élèves dans leurs propres créations.

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