Le terrorisme dans les années 1990 et 2000
Définir le terrorisme n'est pas un exercice aisé. Car le phénomène est tellement multiforme, variable dans le temps et l'espace, divers selon ses tenants et ses aboutissants, individuel et collectif, aveugle et sélectif, criminel et idéaliste, révolutionnaire et réactionnaire, qu'aucune définition ne permet véritablement de le circonscrire. Nous écarterons de l'analyse ce que l'on appelle le terrorisme d'Etat.
Le terrorisme est d'abord une
action, une stratégie.
On peut également le définir comme le
recours illégal et médiatique à la
violence pour intimider des individus, des
sociétés, des Etats et pour imposer, par
la terreur, des objectifs politiques, religieux ou
idéologiques. Il recourt à des armes et utilise la
société de consommation pour provoquer le choc des
images.
Pour les Etats visés, c'est un adversaire
difficile à localiser parce qu'il est souvent
transnational et impossible ou presque à dissuader.
S'attache toujours au terrorisme une consonance
péjorative, même s'il est parfois difficile de
distinguer des actes de résistance des actes terroristes.
Le fait de toucher des civils voire des enfants, de
manière aveugle, est un facteur discriminant.
Les acteurs du terrorisme sont des
groupuscules, des
réseaux, parfois des Etats qui offrent
leur concours ou leur complicité.
Un acteur important est le nouveau courant
islamiste qui s'affirme dans le cadre d'un
« néo fondamentalisme » qui
procède du terrorisme. Il se développe surtout
dans les communautés musulmanes
déracinées, souvent en proie à des
difficultés économiques et sociales et à
la recherche d'une nouvelle identité. Ceci dit, il ne
faut pas généraliser. Les attentats du 11
septembre ont montré l'existence parmi les kamikazes,
d'intellectuels, de scientifiques et d'universitaires
appartenant à des milieux favorisés, bien
intégrés et souvent loin des mouvances
fondamentalistes.
Des mouvements terroristes sont présents
partout :
* en Europe : terrorisme nationaliste basque, irlandais ou
corse ;
* en Amérique latine : par exemple le Front
zapatiste de libération nationale ;
* en Asie.
Mais aujourd'hui, le terrorisme est surtout très actif au Moyen-Orient et en Extrême-Orient ; il est dirigé contre les Etats-Unis et plus généralement le monde occidental (Al Qaïda), ainsi que contre Israël (Hamas, Hezbollah, Djihad islamique).
Depuis les années 1990, l'islamisme est un mouvement politique qui poursuit son projet de réislamisation de la société mais qui ne passe pas forcément par la révolution. Il s'inspire d'une lecture particulière du Coran et radicalise le rejet des valeurs et de la présence occidentales dans le monde musulman. Sans but politique vraiment précis, il engage la lutte contre le « Grand Satan » américain et ses alliés.
Des revendications autonomistes ou indépendantistes peuvent également être à l'origine des actions terroristes : indépendance de la Corse, ou de l'Irlande, ou encore Zapatistes mexicains, par exemple.
Le terrorisme peut aussi prendre le visage d'une résistance contre. C'est le cas en Palestine où des groupes comme le Hamas ou le Djiahd islamique disent combattre l'occupation et l'existence même d'Israël, en réponse au « terrorisme d'Etat » hébreu.
Souvent, les mobiles sont difficiles à discerner parce que multiples. En Tchétchénie par exemple, se mêlent aspirations nationalistes et fondamentalisme religieux. On parle même de « nébuleuse » pour définir Al Qaïda.
Le nouveau terrorisme tel qu'il s'exerce au Moyen-Orient utilise les techniques les plus sophistiquées.
Les terroristes tentent aussi de recourir à des armes de destruction massive (nucléaires, chimiques, bactériologiques) et des missiles.
Le premier acte de terrorisme chimique est l'attentat au gaz sarin contre le métro de Tokyo en 1995, perpétué par la secte Aum.
Les terroristes n'hésitent pas à se transformer
en kamikazes. Ce terme signifie en japonais
« vent divin », nom donné aux
typhons qui dispersèrent une flotte mongole venue
envahir l'archipel en 1281. Il désigne aujourd'hui les
personnes qui commettent des
attentats-suicides.
Ainsi, en 1983, à Beyrouth, l'attentat-suicide du 18
avril visant l'ambassade des États-Unis (63
morts) puis, surtout, celui du 23 octobre, où
deux camions-suicides tuent 241 marines
américains et 58 parachutistes français, marquent
un des succès politiques majeurs du terrorisme
contemporain. En effet, peu après ces attentats qui
produisent un choc considérable dans l'opinion publique,
les États-Unis - encore marqués par la
guerre du Vietnam - et leurs alliés
européens retirent leurs troupes du Liban, ce qui permet
à la Syrie d'y imposer une paix qui lui est
favorable.
Ce type d'attentat est presque totalement
imparable : le seul objectif du candidat au
suicide étant de causer un maximum de victimes,
n'importe quel lieu public peut être choisi pour cible,
ce qui multiplie à l'infini les terrains d'action et
rend difficiles les mesures de protection.
C'est souvent dans des Etats en décomposition (Soudan,
Somalie, Afghanistan), dans les « zones
grises » (régions qui
échappent au contrôle d'un Etat parce qu'elles
sont aux mains d'un groupe séparatiste ou d'une
mafia), que les réseaux terroristes trouvent
refuge. Ils savent utiliser les moyens modernes de la
communication (GPS, portable, Internet). Certains groupes ont
même leur propre chaîne de télévision
comme ETB pour l'ETA.
Le narcotrafic (trafic international de la
drogue) permet de financer les combats, de gangréner les
économies, de corrompre les gouvernements.
Al Qaïda, fondé en 1987, par le
saoudien Oussama Ben Laden, fonctionne comme une
multinationale, sous-traitant les opérations à de
multiples groupes locaux. Il maîtrise les techniques de
la médiatisation (notamment bandes vidéo
envoyées à la chaîne du Qatar Al
Djezira).
Les Etats-Unis restent la principale cible du terrorisme international. Mais la destruction du World Trade Center est particulièrement symbolique : elle touche l'ensemble du monde industrialisé puisque une quarantaine de nationalités s'y côtoyaient.
Les attentats spectaculaires se multiplient à travers le monde, notamment en Indonésie (Bali, 2002 puis 2004), au Maroc (Casablanca, 2003), en Arabie Saoudite (Ryad, 2003) ou en Turquie (Istanbul, 2003) et en Espagne (Madrid, 2003).
Aux attentats aveugles qui touchent des civils, certains groupes continuer de préférer les attentats politiques ciblés, plus « classiques », comme le montre le récent attentat contre le ministre de l'économie démissionnaire, M. Hamadé, à Beyrouth (2004).
Le mardi 11 septembre 2001, un Boeing de la compagnie
American Airlines heurte de front l'une des deux tours
du World Trade Center. Dix-huit minutes plus tard, un
deuxième avion percute l'autre tour. Un troisième
avion s'écrase sur le Pentagone (ministère de la
Défense), à Washington.
Au total, on dénombre plus de 3000
morts. La télévision a
transmis l'attaque en direct et ne cesse de
repasser les images des deux tours qui s'effondrent. Le monde
est frappé de stupeur. Un nouveau cap vient d'être
franchi. Jamais les Etats-Unis n'ont connu un
désastre de cette ampleur sur leur territoire. Pour la
première fois, ils apparaissent
vulnérables.
C'est le mouvement de Ben Laden, Al
Qaïda, basé en Afghanistan qui endosse la
responsabilité de ces attentats, plusieurs semaines
après.
Si cette opération est perçue comme un tournant, c'est qu'elle démontre qu'un petit groupe déterminé peut acquérir une capacité de destruction autrefois réservée aux seuls Etats. C'est un acte hautement symbolique, qui touche le coeur de l'hyperpuissance américaine.
La lutte asymétrique contre le terrorisme
Elle commence par la guerre contre les Talibans en octobre 2001, entraînant la chute du régime islamiste. Elle se poursuit, en mars 2003, par la guerre en Irak, soupçonné par les Etats-Unis de cacher des armes de destruction massive et d'apporter son concours au terrorisme international.
On parle de lutte asymétrique car le conflit oppose deux forces inégales dans leurs moyens militaires et la façon de les utiliser : d'un côté, un Etat doté d'une armée conventionnelle, de l'autre, des mouvements de guérilla ou groupes terroristes.
Le problème réside dans la difficulté
à combattre des organisations transnationales et
délocalisées :
* Un obstacle psychologique : la
dissuasion repose sur l'idée que les adversaires sont
rationnels et craignent les représailles alors que pour
les terroristes islamistes, la mort et la souffrance ouvrent
l'accès au paradis.
* Autre obstacle,
« physique »
celui-là : comment combattre un ennemi qui n'a pas
de territoire et dont les bases sont mobiles et
décentralisées ?
Le terrorisme au coeur de la politique américaine et des relations internationales
La nouvelle politique étrangère américaine
se résume à cette guerre contre le terrorisme.
Elle vise à détruire les Etats dangereux qui
représentent une menace pour les Etats-Unis ou qui
mettent en péril la paix dans le monde. Les Etats-Unis
mènent donc des guerres dites
préventives.
Faute de consensus, les Etats-Unis cherchent à se
dégager des organisations internationales, quitte
à agir seuls. Cette tendance s'est muée en un
unilatéralisme revendiqué
après le 11 septembre : les Etats-Unis de
Bush déterminent seuls ce qui constitue une menace pour
la sécurité du monde.
Beaucoup d'Etats qui sont opposés à l'intervention en Irak souhaitent préserver le multilatéralisme et réformer l'ONU qui pourrait faire appliquer le droit d'ingérence (intervention d'un Etat ou d'une organisation dans les affaires d'un Etat, sans l'accord de celui-ci). Les Etats doivent donc prendre en compte, à l'heure de la mondialisation, les autres acteurs des relations internationales. C'est l'idée d'une gouvernance globale qui permettraient de régler les problèmes de la planète de façon plus concertée et démocratique.
En fait, depuis 2001, les groupes terroristes sont devenus de nouveaux acteurs internationaux. Les attentats du 11 septembre ont montré que les groupes infra-étatiques pouvaient avoir un impact considérable sur la scène internationale.
L'essentiel
Le terrorisme offre des visages
multiples, ce qui rend difficile voire vaine toute
tentative de définition. Il est, depuis 2001, largement
dominé par les attentats perpétués par les
groupes islamistes, relayant au second plan le terrorisme plus
régional.
Aujourd'hui, le terrorisme est extrêmement actif au Moyen et Extrême-Orient, dirigé contre les Etats-Unis, et le monde occidental plus largement.

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