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Le document en histoire

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Objectifs

Savoir définir les matériaux de l’historien : source, document, archive
Savoir présenter un document
Savoir adopter une démarche critique vis-à-vis d’un document historique

Points clés

L’historien fonde ses recherches sur des documents issus du passé.
Les documents en histoire sont nombreux et diversifiés : ce sont toutes les traces qui permettent d’obtenir une information sur la vie passée.
L’historien doit adopter une démarche critique face au document.
Présenter un document en histoire implique de connaître le contexte historique dans lequel il a été élaboré.
Les sources contemporaines comme les témoignages doivent être étudiées avec le même esprit critique que les sources plus anciennes.

1. Les différents types de documents en histoire

a. L’histoire, une « connaissance par traces »

Jusqu’au XIX^e siècle, l’histoire n’est pas une discipline scientifique. Les amateurs d’histoire produisent des récits qui manquent de fiabilité, car ils ne s’appuient pas sur des sources historiques vérifiables.

À partir des années 1860, un courant universitaire appelé « courant méthodique » insiste sur la nécessité de se référer à des sources, c'est-à-dire des traces documentaires.

L’historien puise dans les archives pour chercher des sujets de travail et pour justifier ses hypothèses sur la façon dont se sont déroulés les événements.

Le travail sur des documents est donc au cœur de la démarche historique.

Un document historique est une source d'information qui permet à l’historien d’obtenir des connaissances sur le passé humain.

L'historien peut aussi être à l’origine des traces qu’il étudie. C’est le cas de l’histoire contemporaine, car les historiens peuvent solliciter le témoignage de personnes ayant vécu des événements passés (Seconde Guerre mondiale, Guerre d’Algérie, etc.)

b. Une grande diversité de sources historiques

Dans un premier temps, les historiens ont travaillé sur les archives politiques et judiciaires : textes de loi, correspondance des élites, chroniques, etc.

Peu à peu, les historiens ont considéré que toute trace du passé était une source d’information. Par exemple, les archives privées sont désormais étudiées : correspondance privée, archives de famille, photographies personnelles, etc. Un historien travaille donc sur des sources très diverses.

Remarque
Aujourd'hui, la loi française définit les archives comme « l’ensemble des documents – quels que soient leur date, leur lieu de conservation, leur forme et leur support – produits ou reçus par toute personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé dans l’exercice de leur activité ».

Méthode : Présenter un document en histoire

Avant d’analyser un document historique, il convient de le présenter. Pour ce faire, il faut en extraire sept informations :

Auteur du document
Titre du document
Source dont est issu le document
Nature du document
Date
Destinataire
Idée principale

Comme on l’a vu, il existe une grande variété de documents :

2. La critique du document en histoire

a. Une nécessaire étude critique du document

L’historien doit prendre de nombreuses précautions quand il étudie une source. Comme l’écrit l’historien du XIX^e siècle Charles Seignobos, il « reconstruit un monde qu’il ne connaîtra jamais ». Dès lors, l’historien applique une méthode et critique le document qu’il étudie :

La critique externe du document concerne les éléments matériels du document : s’agit-il d’un faux document ? Est-ce un original ou une copie ?
La critique interne du document concerne ce qu’on peut comprendre en l’étudiant et en étudiant le contexte historique. Qu’est-ce que l’auteur du document a voulu dire ? Pourquoi dit-il cela ?

Exemple
Après la chute du Mur de Berlin en 1989, les archives de la RDA (République Démocratique d’Allemagne) sont ouvertes et on découvre une documentation considérable compilée par la Stasi (police politique est-allemande). Dès lors, on peut s’interroger sur la véracité des nombreux rapports de police qui recensent les personnes soupçonnées de défiance vis-à-vis du régime. Si on considère ces rapports comme vrais, un très grand nombre d’est-Allemands sont « coupables » ou au moins « suspects ». Or, le régime de la RDA n’a pas prévu que les personnes interrogées ont régulièrement menti en répondant conformément à ce que la police attendait d’eux, pour éviter des peines trop lourdes. Les archives, même officielles, ne sont pas une garantie de vérité.

Le travail de l’historien est donc de douter : il doit remettre en question les documents qu’il étudie. Même les photographies ou les films sont à étudier avec esprit critique :

La photographie a pu être mise en scène ;
Le photographe n’a capturé qu’un moment et qu’une prise de vue. Que se passait-il « en dehors du cadre » ?

b. L’histoire et le témoin : une « source directe »

Les historiens qui s’intéressent à la période contemporaine disposent de sources particulières : les témoignages. Ce ne sont pas des « traces du passé », mais des personnes ayant vécu les événements et qui les relatent.

C’est surtout après la Seconde Guerre mondiale que les historiens s’intéressent à ce type de sources. Cette guerre a un caractère nouveau : les réseaux de Résistance n’ont pas généré d’archives matérielles contrairement aux États-majors des pays en guerre. Ainsi, il a fallu « créer » ces archives et solliciter des témoins.

On a vu que le travail des historiens sur les archives revient à douter. Le même principe s’applique aux discours des témoins : leur récit est un « document » que l’historien soumet à la critique.

Cela engendre des difficultés de compréhension entre l’historien et le témoin, voire des tensions. En effet, une personne ayant vécu des épisodes dramatiques comme la Seconde Guerre mondiale livre « sa » vérité, avec des oublis possibles ou une reconstitution parfois inégale de sa mémoire. En face, l’historien doit vérifier ses propos et peut être amené à les corriger.

Exemple
Il y a eu divers épisodes de tensions entre des témoins de la Seconde Guerre mondiale et des historiens. Dans les années 1990, les époux Aubrac, anciens résistants, sont accusés d’avoir livré Jean Moulin aux nazis. Ils convoquent des historiens pour être innocentés. Leur version est vérifiée et validée. Cependant, le débat s’envenime par la suite autour de questions plus précises concernant l’emprisonnement de Jean Moulin, auxquelles les Aubrac n’ont pas de réponse à apporter. L’historien peut avoir une vue d’ensemble que le témoin n’a pas. À l’inverse, le témoin raconte « sa » vérité et apporte un récit complémentaire qui est d’un grand intérêt historique.