1. Les analyses du marché du travail
a. L'analyse néoclassique
Les approches libérales (ou néoclassiques)
considèrent que si le marché du travail
fonctionne sans rigidités ni intervention de
l'État, le travailleur est
rémunéré à hauteur de sa
productivité marginale. Comme celle-ci est une
fonction décroissante de la production (en vertu
de la loi des rendements
d'échelles décroissants), de
même, la demande de travail est décroissante
par rapport au salaire réel (soit le pouvoir
d'achat du salaire nominal). L'offre de travail est une
fonction croissante du salaire réel. Ainsi se
forme un salaire d'équilibre qui
permet le plein-emploi.
b. L'analyse keynésienne
Au contraire, les approches inspirées de Keynes
montrent que les agents du marché du travail
prennent plutôt en compte le salaire
nominal (c'est-à-dire apparent), et
celui-ci est rigide à la baisse. En
réalité, le salaire est
déterminé par le niveau de l'emploi qui
dépend de la demande effective. Les
keynésiens insistent sur le fait que le salaire
n'est pas seulement un coût ; c'est un
revenu indispensable au fonctionnement du circuit
économique. Il n'a pas à être le
plus bas possible, au contraire.
2. La flexibilisation de la rémunération
a. Coût salarial et salaire
Il ne faut pas confondre salaire et coût
salarial. Ce dernier comprend non seulement le
salaire net perçu par le
travailleur mais aussi les charges sociales
déduites du salaire brut, ainsi que les
cotisations patronales versées en
plus. À cela peuvent s'ajouter des avantages en
nature ou un intéressement aux résultats.
En dehors de l'entreprise, il faut aussi prendre en
compte les revenus de transfert :
prestations sociales, aides diverses notamment.
On peut donc se demander si le coût du travail est
comparable d'un pays à l'autre.
b. Vers l'individualisation et la flexibilité
des salaires
Pendant les Trente Glorieuses, la
répartition de la valeur ajoutée du pays
s'est faite selon le « compromis
fordiste », où le marché du
travail était encadré par des rapports de
force stables entre les syndicats, le patronat et
l'État, et des normes sociales rigides : SMIC
(Salaire minimum interprofessionnel de croissance),
conventions collectives, État social.
Depuis le milieu des
années 1980, les salaires ont connu
une importante flexibilisation et sont influencés
par la performance individuelle des salariés.
Cette individualisation et cette flexibilisation creusent
les inégalités entre les catégories
de salariés (âge, diplôme, etc.) et
entre les différents types d'entreprises.
L'essentiel
L'étude de la relation salaire-emploi dépend de
la conception que l'on a du salaire et du marché du
travail. Pour les néoclassiques, le salaire est un
coût, alors que pour les keynésiens, le salaire
est plutôt un revenu et donc un débouché.
Aujourd'hui, la flexibilité du contrat de travail et
de la rémunération se généralise,
entraînant de fortes inégalités entre
salariés.