La dénazification de l'Allemagne et le procès de Nuremberg - Maxicours

La dénazification de l'Allemagne et le procès de Nuremberg

Dans le cadre de la conférence de Potsdam en juillet 1945, les Alliés fixent le sort réservé à l'Allemagne. Outre la démilitarisation et l'interdiction de reconstituer une armée offensive, il est décidé de dénazifier le pays, c'est-à-dire d'éradiquer une idéologie qui s'est enracinée dans les institutions mais aussi dans l'esprit des populations. Il s'agit désormais de rééduquer celles-ci vers la démocratie. Le processus de dénazification comporte donc un volet préventif mais également punitif. Celui-ci est incarné par le procès organisé à Nuremberg qui est une première étape visant à mettre hors d'état de nuire ce qu'il reste des cadres du régime nazi.
1. La dénazification de l'Allemagne : objectifs et enjeux
a. Contrôler les élites
Selon les zones d'occupation, la manière de concevoir la dénazification varie, mais quelle que soit l'autorité d'administration, il existe le souci de réutiliser les élites, pour mieux les contrôler mais aussi pour relancer la machine économique ainsi que les projets de recherche. Les États-Unis vont ainsi exploiter des savoir-faire comme celui de Werner Von Braun, le créateur des fusées V1 et V2 qui bombardent Londres : il dirige au lendemain du conflit leurs recherches spatiales.

Doc. 1. Wernher von Braun (à droite), l'inventeur des fusées V1 et V2


Les Soviétiques installent le communisme dans leur zone d'occupation ce qui permet d'extirper de manière autoritaire le nazisme d'Allemagne orientale. Comme les Américains, ils recrutent en parallèle des savants et d'anciens responsables nazis comme Helmut Grottrup qui va concevoir le programme spatial soviétique. De nombreux anciens nazis vont se reconvertir dans le nouveau régime d'Allemagne de l'Est. Ils restent menacés par leurs dossiers prouvant leur implication en tant qu'anciens SS et sont ainsi contraints d'assurer leur fidélité au nouveau pouvoir.
b. Rééduquer les esprits
L'objectif et l'enjeu de cette période d'après-guerre sont d'éliminer de la vie publique tous ceux qui ont collaboré avec le régime nazi comme de faire prendre conscience à la population allemande l'horreur de la politique fixée par ce régime qu'ils ont soutenu.

Ces populations vont ainsi être confrontées physiquement aux camps et à la déportation par des visites obligatoires, ou indirectement par la projection de films. Il convient de leur faire passer l'idée de faute collective, une faute qui doit être expiée. Les journaux, la radio doivent conforter ce sentiment. En parallèle, les médias, dans les zones d'occupation occidentale, s'efforcent d'enraciner les valeurs démocratiques. Les Églises, les syndicats, tous les vecteurs de la liberté de pensée et d'expression sont encouragés. La jeunesse est éduquée ou rééduquée par un contrôle strict des programmes scolaires. Dès les années 1950, seul un Allemand sur quatre déclare avoir une bonne image d'Hitler.

La construction européenne
qui démarre dans ces années 50 offre également une alternative pour donner de nouvelles perspectives à la population allemande. La construction s'opère sur la volonté de réconciliation des peuples et de construction d'une paix durable sur le continent. Les nouvelles générations jouent un rôle décisif. Elles se tournent vers un pacifisme militant dans les années 1970 lorsqu'elles redécouvrent les crimes de la génération précédente.
c. Le cas de l'Autriche
L'Autriche, victime de l'Anschluss en 1938 (elle a été annexée par l'Allemagne), fait beaucoup moins cet examen de conscience.
Elle devient, après une brève occupation en 1945-1946, un pays neutre où de nombreux anciens nazis trouvent refuge et parviennent même à faire une carrière politique.
Le pays découvre ainsi, dans les années 1980, que l'un des anciens présidents (de 1986 à 1992) et ancien secrétaire général de l'ONU, Kurt Waldeim, a été un Waffen-SS ayant participé à des massacres en Yougoslavie.
2. Le procès de Nuremberg
a. Les objectifs
La dénazification passe aussi par la punition qui se doit d'être exemplaire. Dès 1943, les Alliés mettent en place la Commission des crimes de guerre des Nations Unies qui est chargée d'identifier les criminels de guerre nazis. À partir du 18 octobre 1945, jour de l'ouverture officielle, jusqu'au 1er octobre 1946, se déroule l'un des plus importants procès de l'histoire contemporaine. Il est organisé par les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'URSS et la France. Ce tribunal militaire international cherche à juger ceux qui portent la responsabilité des crimes commis : ce sont 24 membres du Parti national socialiste ou dirigeants du IIIe Reich mais aussi des organisations nazies telles que le Parti nazi (le NSDAP), la SS, le SD (service de sécurité de la SS) ou encore la Gestapo (la police politique).

Doc. 2. Vue de la salle du tribunal où se tint le procès de Nuremberg

L'acte d'accusation est divisé en quatre points :
- un premier point porte sur la conjuration : les accusés doivent rendre compte de leur plan tendant à la conquête du pouvoir absolu.
- Le deuxième volet concerne le crime contre la paix, l'atteinte aux traités internationaux, le déclenchement de guerres agressives et d'un conflit mondial.
- Le troisième chapitre de l'accusation concerne les crimes de guerre, le fait d'avoir toléré des assassinats collectifs, des tortures, d'avoir organisé le pillage économique et mis en esclavage des millions de travailleurs.
- Enfin, le dernier acte d'accusation est essentiel puisqu'il donne naissance à une nouvelle catégorie juridique dans le droit international, celui de crime contre l'humanité. L'expression n'est pas nouvelle, elle a été employée pour qualifier les massacres des Arméniens par les Turcs en 1915 mais elle entre désormais officiellement dans le droit international. Elle désigne l'assassinat, l'extermination, la déportation et tout acte inhumain commis contre des populations civiles ainsi que les persécutions pour motifs politiques, raciaux ou religieux.

L'objectif final du procès est que celui-ci contribue à la dénazification du pays en étalant aux yeux de tous les crimes des Nazis. Il doit également réhabiliter la justice et le droit à l'échelle mondiale. Le procès s'ouvre véritablement avec le début des séances le 20 novembre 1946.
Le choix de Nuremberg s'explique car la ville est le lieu symbolique des Congrès du parti nazi et que le régime y a promulgué les lois racistes de 1935. Mais de manière plus pratique, elle dispose aussi d'un palais de justice, d'une prison et d'un Grand Hôtel qui ont résisté aux bombardements.
b. Les accusés et les peines
La liste des 21 accusés présents de Nuremberg n’a pas été établie sans difficultés. Les Alliés, en 1945, n’ont pas mené de véritable réflexion sur la nature et le fonctionnement de l’État nazi. Par ailleurs, certains hauts responsables se sont suicidés (Hitler, Goebbels, Himmler), ou sont parvenus à prendre la fuite grâce à des réseaux d’exfiltration de criminels (Eichmann ou Mengele ont fui vers l’Amérique latine), d’autres ont réussi à dissimuler leur passé et leur implication véritable.
Parmi ceux qui sont jugés, les personnages les plus emblématiques du régime sont Hermann Göring, maréchal du Reich qui s’est rendu aux Américains en 1945 et Rudolf Hess, adjoint d’Hitler jusqu’en 1941. Outre des responsables politiques, sont également présents des responsables de l’organisation économique comme Albert Speer, ministre de l’armement et de la production de guerre. Tous ceux qui sont jugés sont impliqués dans les rouages décisionnels du régime.

Doc. 3. Vue du tribunal militaire international de Nuremberg : Hermann Goering, Rudolf Hess, Joachim Von Ribbentrop, Wilhelm Keitel, Alfred Rosenberg.

Les peines prononcées se veulent exemplaires : 12 personnes sont condamnées à la pendaison, parmi lesquelles Hermann Göring qui se suicide la veille de son exécution, Martin Bormann, adjoint du Führer, est lui condamné à mort par contumace car il est absent. Sept accusés sont condamnés à des peines de prison (de 10 ans à la perpétuité). Enfin, à la surprise générale, trois personnes, Schacht, Von Papen et Fritzsche sont acquittées, ce qui provoque la protestation des Soviétiques.
c. L'impact du procès
Il convient de signaler que le procès de Nuremberg est accompagné d’une série d’autres procès organisés pour juger des personnes impliquées plus secondairement mais suffisamment compromises dans les crimes du régime.
Le procès de Nuremberg en particulier marque l’Histoire et l’histoire du droit international mais les historiens s’accordent à reconnaître certaines lacunes expliquant son impact moindre auprès des contemporains. Il s’organise de façon fastidieuse, en privilégiant la lecture, souvent technique, de longs textes par les ministères publics. La parole des témoins et victimes est secondaire, contrairement au procès d’Adolf Eichmann qui sera organisé à Jérusalem en 1961 qui suscitera l’intérêt de la communauté internationale. Par ailleurs le procès n’est pas intégralement filmé, contrairement là encore à celui d’Eichmann et ne permet donc pas de demeurer de la même manière dans les mémoires de la Seconde Guerre mondiale.
L'essentiel
Après la victoire militaire et la reconquête des territoires soumis à la domination du IIIe Reich, les Alliés s'engagent dans une reconquête des esprits. la dénazification a pour objectif de réimposer les valeurs de la démocratie en Allemagne.
Le procès de Nuremberg est le symbole de cette volonté d'éradiquer toute survivance de l'idéologie nazie. Durant une année, plus de 20 accusés, hauts dignitaires du régime nazi, sont jugés pour leurs crimes commis durant le conflit. Premier grand procès de criminels de guerre, il donne naissance à la notion de crime contre l'humanité.

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