L'Empire français au moment de l'Exposition coloniale de 1931
![]() |
Doc. 1. Exposition coloniale, 1931 |
1931 est l'année coloniale par excellence, l'apogée d'une République alors second empire au monde derrière la Grande-Bretagne. Les possessions françaises couvrent plus de 12 millions de km² et comptent plus de 63 millions d'habitants répartis sur tous les continents.
L'organisation de l'Exposition coloniale, qui doit incarner la gloire de cet Empire, nécessite un projet à la hauteur de l'ambition. Le maréchal Lyautey est chargé de le mener à bien. Son vœu est de dépasser, par l'ampleur des réalisations, l'exposition britannique de Wembley en 1924. Pour cela, la ligne 8 du métro parisien est prolongée, on édifie le Palais de la Porte Dorée pour recevoir le Musée permanent des colonies, on réalise les pavillons de chaque colonie et pays invité.
![]() |
Doc. 2. Exposition coloniale : vue du pavillon de la Belgique (illustration du Petit Journal) |
Surtout, le parc zoologique de Vincennes est conçu afin de recevoir les animaux de toutes les contrées. Le bois est orné de palmiers dattiers, des villages indigènes sont reconstitués. L'organisation doit être à l'image d'un voyage dans le monde colonial, un spectacle d'art.
Le gouvernement républicain met en avant les progrès économiques dus à la colonisation. Il faut convaincre que l'Empire contribue à épauler l'économie, qu'il soutient la puissance de la métropole à une période où la crise débute. Il convient surtout de faire prendre conscience aux Français, qui ignorent encore largement la réalité de cet Empire à cette date, que le régime conduit dans les colonies une mission civilisatrice.
La cité des informations et le musée des colonies présentent l'œuvre coloniale de la France. On insiste sur les réalisations en matière d'urbanisation, de constructions de routes, de ponts, de voies de chemins de fer ou de bâtiments administratifs. Des expositions de photographies mettent en avant la construction des écoles, l'enseignement apporté aux populations mais aussi les progrès en matière d'hygiène, de santé publique. Il faut convaincre des bienfaits apportés par les « lumières » de la civilisation occidentale. Il est évident que cette mise en scène s'assimile à de la propagande et que la réalité de la colonisation est tout autre.
Les intérêts de la France priment au détriment des droits des populations indigènes qui sont soumises au travail forcé. Ainsi, le chemin de fer Congo-Océan, situé dans la République du Congo et qui relie le port de Pointe-Noire, sur l'océan Atlantique, à Brazzaville, sur le fleuve Congo, est construit entre 1921 et 1934, au prix de 20 000 morts victimes du travail forcé.
Ce n’est pas le discours tenu par cette Une du Petit Journal datée de 1924 :
![]() |
Doc. 3. La Une du Petit Journal (1924) qui illustre la construction du chemin de fer sans évoquer le travail forcé des populations indigènes |
Il n'est bien sûr pas rendu compte de cette violence directe ou indirecte dans le cadre de l'Exposition coloniale. L'image donnée de la colonisation se veut exclusivement positive. Cependant, à côté de cette propagande officielle, de plus en plus de voix s'élèvent contre un processus jugé incompatible avec les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme.
À la différence des Britanniques, les Français opposent un refus à l'évolution du statut des colonies. En conséquence, beaucoup de ces mouvements se radicalisent. Ainsi, au Maroc, des révoltes éclatent entre 1921 et 1926, c'est la guerre du Rif, du nom de cette région du nord du territoire d'où viennent les insurgés menés par Abd-El-Krim.
![]() |
Doc. 4. Peinture d'Antonio Munoz Degrain représentant le héros militaire espagnol Luis Noval Ferrao lors de la Guerre du Rif |
Les révoltes se produisent également en Indochine où le parti communiste indochinois créé par Hô-Chi-Minh exige un statut comparable à celui des colonies britanniques.
Ces mouvements glissent bientôt vers des revendications d'indépendance. C'est le cas de l'Étoile nord-africaine fondée par Messali Hadj en Algérie en 1926 et du Néo-Destour d'Habib Bourguiba en Tunisie en 1934. Ces nationalismes refusent l'acculturation et prônent un retour aux valeurs traditionnelles, aux cultures locales et en particulier à la langue ou à la religion des origines.
Les intellectuels jouent un rôle essentiel dans cette prise de conscience des méfaits de la colonisation. André Gide publie en 1927 un ouvrage, Voyage au Congo, où il la dénonce fermement. L'Exposition coloniale constitue donc le crépuscule d'un âge d'or impérial. Léon Blum dans un éditorial du Populaire, daté du 7 mai 1931 souligne d'ailleurs cette réalité de « peuples conquis ou soumis [qui] commencent à réclamer leur liberté ».
Cependant, le faste de cette exposition masque les terribles réalités de l'exploitation économique des territoires et des populations. L'oppression de celles-ci commence déjà à être dénoncée, y compris en métropole, par certains partis politiques et intellectuels.

Fiches de cours les plus recherchées
Découvrir le reste du programme

Des profs en ligne
- 6j/7 de 17h à 20h
- Par chat, audio, vidéo
- Sur les 10 matières principales

Des ressources riches
- Fiches, vidéos de cours
- Exercices & corrigés
- Modules de révisions Bac et Brevet

Des outils ludiques
- Coach virtuel
- Quiz interactifs
- Planning de révision

Des tableaux de bord
- Suivi de la progression
- Score d’assiduité
- Une interface Parents