La fin de l'Empire des Indes
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Comme toutes les puissances coloniales, le Royaume-Uni doit
faire face, dans l'entre-deux-guerres, à l'affirmation
des mouvements nationalistes et aux revendications
d'indépendance (voir fiche L'Empire français
au moment de l'Exposition coloniale en 1931). L'Empire des
Indes, considéré comme le fleuron des possessions
coloniales, n'échappe pas à ce mouvement et
très rapidement après la Seconde Guerre mondiale,
les Britanniques cèdent au principe de
l'Indépendance.
1. Un contexte favorable à la
décolonisation
a. Un nationalisme précoce
Les mouvements nationalistes dans l'Empire des Indes sont
des mouvements anciens. Ils sont particulièrement
actifs en Inde où ils sont incarnés par
deux partis bénéficiant d'une large
audience. Il s'agit avant tout du Parti du
Congrès. Il est fondé en 1885 avec
l'assentiment des Anglais. Dirigé entre les deux
guerres par Mohandas Gandhi, il met au point des
méthodes pacifiques de lutte en organisant le
boycott des produits anglais ou en prônant une
désobéissance civile.
Il ne s'agit pas, dans ces premières formes de lutte, de combattre pour une indépendance, mais d'obtenir une autonomie, faire en sorte que la politique intérieure de la colonie soit dirigée par l'élite locale. C'est le principe de Self-Government et Gandhi fait pression sur Londres, en 1935, pour l'obtenir.
Le Parti du Congrès, dominé par les Hindous ne représente qu'en partie le mouvement national indien. Celui-ci est complété par la Ligue musulmane, parti créé par Ali Jinnah en 1906 qui ne s'adresse qu'à la population musulmane et dont l'objectif est la création d'un État confessionnel.
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Doc. 1. Gandhi soulève le peuple de l'Inde contre l'Empire colonial britannique et l'occidentalisation (illustration du Petit Journal) |
Il ne s'agit pas, dans ces premières formes de lutte, de combattre pour une indépendance, mais d'obtenir une autonomie, faire en sorte que la politique intérieure de la colonie soit dirigée par l'élite locale. C'est le principe de Self-Government et Gandhi fait pression sur Londres, en 1935, pour l'obtenir.
Le Parti du Congrès, dominé par les Hindous ne représente qu'en partie le mouvement national indien. Celui-ci est complété par la Ligue musulmane, parti créé par Ali Jinnah en 1906 qui ne s'adresse qu'à la population musulmane et dont l'objectif est la création d'un État confessionnel.
b. Une métropole fragilisée qui doit
faire face à la radicalisation des positions
La Grande-Bretagne, comme les autres puissances
coloniales, sont fragilisées par la Seconde Guerre
mondiale. Durant le conflit, le Japon a étendu son
empire sur l'Asie du Sud et du Sud-Est. Il occupe en
particulier la Birmanie. Les Japonais se posent en
libérateurs de ces territoires coloniaux et
entretiennent les mouvements nationalistes. L'Inde subit
cette influence et certains nationalistes se rapprochent
des puissances de l'Axe pour se libérer de la
présence britannique.
En 1942, le Parti du Congrès décide d'une résolution lors d'un comité tenu le 8 août qui proclame le refus de toute coopération militaire et demande le départ des Anglais. On parle de Quiet India Resolution. Jugeant la métropole hostile à toute concession, les dirigeants du parti radicalisent leur discours. Cette résolution est reçue comme une provocation par les Britanniques qui réagissent en procédant à l'arrestation de nombreux militants nationalistes dont leur leader Gandhi et Nehru, le disciple de celui-ci.
En 1942, le Parti du Congrès décide d'une résolution lors d'un comité tenu le 8 août qui proclame le refus de toute coopération militaire et demande le départ des Anglais. On parle de Quiet India Resolution. Jugeant la métropole hostile à toute concession, les dirigeants du parti radicalisent leur discours. Cette résolution est reçue comme une provocation par les Britanniques qui réagissent en procédant à l'arrestation de nombreux militants nationalistes dont leur leader Gandhi et Nehru, le disciple de celui-ci.
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Doc. 2. Nehru et Gandhi, 1940 |
2. Vers une décolonisation négociée
a. Quel projet d'indépendance pour l'Inde ?
Libéré par les Anglais en février
1944, Gandhi entame des pourparlers avec Ali Jinnah. La
conception du Parti du Congrès est d'obtenir
une indépendance qui maintienne l'unité du
pays et que l'on aboutisse à un État
multiconfessionnel. Cette vision n'est pas
partagée par Ali Jinnah qui redoute, une fois
l'indépendance obtenue, que le pays ne soit
dirigé que par les Hindous. L'impossible entente
conduit à l'échec des discussions.
L'opposition entre les deux partis s'accentue au lendemain de la Guerre : le contexte économique est difficile, les tensions entre les deux communautés conduisent à de véritables affrontements d'une grande violence. C'est le cas à Calcutta, en août 1946, où une journée de manifestations organisée par la Ligue musulmane donne lieu à une terrible opposition armée avec les Hindous : on compte plus de 10 000 morts dans les rues de la ville.
L'opposition entre les deux partis s'accentue au lendemain de la Guerre : le contexte économique est difficile, les tensions entre les deux communautés conduisent à de véritables affrontements d'une grande violence. C'est le cas à Calcutta, en août 1946, où une journée de manifestations organisée par la Ligue musulmane donne lieu à une terrible opposition armée avec les Hindous : on compte plus de 10 000 morts dans les rues de la ville.
b. Une métropole acquise à
l'idée de l'indépendance
En 1945, Clément Attlee, leader du parti
travailliste, succède à Churchill à
la tête du pays. Il est convaincu que le
Royaume-Uni doit s'engager sur la voie d'une
indépendance progressive et
négociée. La perspective de conserver une
Inde unie est privilégiée par les
Britanniques mais ce qui compte avant tout pour Attlee
est de conserver des liens économiques avec
le territoire. L'Inde indépendante doit
intégrer le Commonwealth, communauté
créée en 1931 qui permet d'entretenir les
liens avec les anciennes possessions.
Une délégation ministérielle est envoyée en Inde en 1946. Elle propose aux nationalistes deux plans.
L'un maintient le projet de l'unité sur un modèle fédéral : Attlee espère le consensus autour de ce plan dit « du 16 mai ».
L'autre offre l'indépendance sur la base de la partition de l'Empire des Indes en fonction des communautés.
Ali Jinnah maintient une opposition ferme sur la première solution. L'indépendance se fera sur la base de la séparation.
Une délégation ministérielle est envoyée en Inde en 1946. Elle propose aux nationalistes deux plans.
L'un maintient le projet de l'unité sur un modèle fédéral : Attlee espère le consensus autour de ce plan dit « du 16 mai ».
L'autre offre l'indépendance sur la base de la partition de l'Empire des Indes en fonction des communautés.
Ali Jinnah maintient une opposition ferme sur la première solution. L'indépendance se fera sur la base de la séparation.
3. Une partition inéluctable et lourde de
conséquences
a. La division entre deux nations
Lorsqu'il s'exprime devant la Chambre des communes, le 20
février 1947, Clément Attlee fait le
constat d'un échec, celui de sauvegarder une
unité, de transmettre les responsabilités
« à des autorités établies par
une Constitution approuvée par toutes les parties
de l'Inde ». « Le présent état
d'incertitude est plein de dangers »
poursuit-il.
Une date de retrait de la colonie est fixée avec le vice-roi des Indes, Lord Mountbatten. Le départ est fixé pour le mois de juin 1948 au plus tard. C'est Mountbatten qui se charge de mettre au point les modalités de transfert de la souveraineté. Des discussions sont à nouveau engagées avec Gandhi et Ali Jinnah.
En juillet 1947, par l'India Independance Act, deux États voient le jour :
- d'une part l'Inde, qui reprend l'essentiel du territoire de l'ancienne colonie ainsi que l'appareil gouvernemental et administratif ;
- d'autre part le Pakistan, le « pays des hommes purs », fondé sur une base religieuse. Ce pays est lui même divisé en deux entités distances de 1 700 km : le Pakistan occidental et le Pakistan oriental qui fera sécession en 1971 pour devenir le Bangladesh. L'Acte accorde également l'indépendance à la Birmanie, située à l'est de l'Empire des Indes.
Une date de retrait de la colonie est fixée avec le vice-roi des Indes, Lord Mountbatten. Le départ est fixé pour le mois de juin 1948 au plus tard. C'est Mountbatten qui se charge de mettre au point les modalités de transfert de la souveraineté. Des discussions sont à nouveau engagées avec Gandhi et Ali Jinnah.
En juillet 1947, par l'India Independance Act, deux États voient le jour :
- d'une part l'Inde, qui reprend l'essentiel du territoire de l'ancienne colonie ainsi que l'appareil gouvernemental et administratif ;
- d'autre part le Pakistan, le « pays des hommes purs », fondé sur une base religieuse. Ce pays est lui même divisé en deux entités distances de 1 700 km : le Pakistan occidental et le Pakistan oriental qui fera sécession en 1971 pour devenir le Bangladesh. L'Acte accorde également l'indépendance à la Birmanie, située à l'est de l'Empire des Indes.
b. Les conséquences de l'éclatement
La partition de l'Inde n'est pas sans conséquences
dramatiques. Ces bouleversements politiques
s'accompagnent d'importants transferts de
population.
La crainte est de se retrouver en minorité dans un nouvel État. De nombreux Musulmans quittent l'Union indienne pour le Pakistan et inversement, des Hindous, des Sikhs quittent le Pakistan pour l'Inde. Au total, ce sont près de quatorze millions de personnes qui sont concernées par ces transferts. Ceux-ci s'accompagnent de terribles exactions : pillages, viols et meurtres. Il est d'ailleurs difficile de dresser un bilan des affrontements, les chiffres varient selon les historiens entre 200 000 et un million de morts.
L'indépendance est suivie également d'un conflit militaire entre 1947 et 1948. Il s'agit du premier conflit indo-pakistanais qui se poursuit aujourd'hui. L'enjeu est le contrôle de la région du Cachemire. Cette région au nord de l'Union indienne réunit une majorité de population musulmane mais est sous souveraineté indienne selon le découpage frontalier de 1947.
La population se soulève, appuyée par l'armée pakistanaise. Le 1er janvier 1949, une ligne de partage est décidée, coupant le Cachemire en deux et partageant sa souveraineté entre les deux États rivaux.
Le territoire demeure aujourd’hui une source de tensions permanentes et l'un des principaux points chauds de la planète.
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Doc. 3. La partition de l'Inde |
La crainte est de se retrouver en minorité dans un nouvel État. De nombreux Musulmans quittent l'Union indienne pour le Pakistan et inversement, des Hindous, des Sikhs quittent le Pakistan pour l'Inde. Au total, ce sont près de quatorze millions de personnes qui sont concernées par ces transferts. Ceux-ci s'accompagnent de terribles exactions : pillages, viols et meurtres. Il est d'ailleurs difficile de dresser un bilan des affrontements, les chiffres varient selon les historiens entre 200 000 et un million de morts.
L'indépendance est suivie également d'un conflit militaire entre 1947 et 1948. Il s'agit du premier conflit indo-pakistanais qui se poursuit aujourd'hui. L'enjeu est le contrôle de la région du Cachemire. Cette région au nord de l'Union indienne réunit une majorité de population musulmane mais est sous souveraineté indienne selon le découpage frontalier de 1947.
La population se soulève, appuyée par l'armée pakistanaise. Le 1er janvier 1949, une ligne de partage est décidée, coupant le Cachemire en deux et partageant sa souveraineté entre les deux États rivaux.
Le territoire demeure aujourd’hui une source de tensions permanentes et l'un des principaux points chauds de la planète.
L'essentiel
L'Union indienne est considérée comme le
fleuron de l'empire colonial britannique mais, au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la métropole
doit faire face à la montée du
nationalisme guidé par Gandhi.
Le processus de décolonisation s'engage rapidement mais se heurte à des divisions sur le devenir du nouvel état indépendant. La division entre Hindous et Musulmans conduit à la partition du territoire et à des transferts de populations qui s'opèrent dans la violence.
Le processus de décolonisation s'engage rapidement mais se heurte à des divisions sur le devenir du nouvel état indépendant. La division entre Hindous et Musulmans conduit à la partition du territoire et à des transferts de populations qui s'opèrent dans la violence.
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