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Madame Roland, une femme en Révolution

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Objectifs
  • Comprendre comment Madame Roland s’est engagée dans la Révolution.
  • Connaitre son regard sur le processus révolutionnaire.
Pour bien comprendre
  • Durant la Révolution, les femmes s’engagent dans la vie politique à des degrés variables et selon des modalités diverses.
  • Madame Roland, épouse d’un haut fonctionnaire, Jean-Marie Roland, (ministre de l’Intérieur) est une femme instruite acquise aux idées des Lumières, maniant avec intelligence la plume et le verbe.
  • Elle est partisane d’une République modérée. Elle organise un salon où sera élaborée la politique girondine.
  • Elle est arrêtée en même temps que les députés girondins de la Convention, emprisonnée à Sainte-Pélagie puis à la Conciergerie. Elle est condamnée par le Tribunal révolutionnaire à la peine capitale au motif d’avoir comploté contre la République. Elle est guillotinée à Paris le 8 novembre 1793.

La période révolutionnaire octroie aux femmes des droits civils qu’elles ne possédaient pas auparavant : la majorité est abaissée à 21 ans pour les filles et les garçons, le consentement du père pour le mariage n’est plus requis. Elles obtiennent aussi le droit de divorcer, et l’égalité entre frères et sœurs dans le règlement des successions. Cependant, le législateur ne leur accorde pas le droit de vote ; elles ne seront pas citoyennes de plein droit.

Pourtant, les femmes de toutes conditions sociales entrent en révolution aux côtés des hommes : de témoins des événements, elles en deviennent actrices. Elles participent aux journées révolutionnaires (journées d’octobre 1789, par exemple), assistent aux séances de l’Assemblée, sont membres des clubs, ou, pour les plus instruites, se lancent dans l’écriture politique. Elles deviennent un groupe plus visible dans la société et la vie politique. Madame Roland (dite Manon) illustre cette volonté des femmes à s’engager dans la Révolution.

1. Madame Roland, une femme engagée dans la vie politique de son temps

 

 

Madame Roland à la Conciergerie, Anonyme, 1793 ǀ © iStock - Nastasic

 

 

a. Une éducation et un mariage déterminants pour son engagement dans la Révolution

Madame Roland est née Jeanne Marie Philipon, à Paris. Son père, dont elle est la fille unique, est artisan d’art, place Dauphine. À 11 ans, elle décide d’entrer au couvent pour devenir religieuse : cette expérience ne dure qu’une année.

Elle se passionne pour la lecture des textes anciens qui exaltent le courage et le sacrifice des héros de la Grèce pour le bien public. Chez les philosophes des Lumières, elle admire particulièrement Jean-Jacques Rousseau et sa théorie sur les droits naturels, sans pour autant négliger Voltaire, Diderot et d’Alembert (l'Encyclopédie).

Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert dirigent, entre 1751 et 1772, l'Encyclopédie, emblématique de l'esprit philosophique du XVIIIe siècle. Elle aborde les mathématiques, les sciences naturelles, la littérature, l'histoire, la politique, l'économie, les arts... Sa volonté de démocratiser le savoir se double d'une volonté de faire l'éloge de toutes les libertés : liberté de l'individu, liberté de pensée et d'action, liberté économique.

C'est une femme instruite qui s’exprime avec aisance et possède une grande modernité d’esprit. En 1780, elle épouse le Vicomte Jean-Marie Roland de la Platière, économiste de renom plus âgé qu’elle de vingt ans. Ils vivent d’abord à Amiens puis à Lyon, où son mari est inspecteur des manufactures. En 1781, il est nommé inspecteur des Manufactures Royales, un poste prestigieux, à Paris. Puis en mars 1792, il est nommé Ministre de l’Intérieur, sous la monarchie constitutionnelle.

Résidant désormais à Paris, Madame Roland fréquente des hommes politiques influents de l’époque et travaille avec son mari.

b. Les modalités de son engagement

Lorsque la Révolution éclate, Madame Roland est enthousiaste : c’est l'occasion de rompre avec la monotonie de sa vie conjugale et d’exprimer son animosité pour la noblesse, dont elle ne supporte pas le mépris. Elle décide de s’engager en politique en mettant ses qualités au service de la cause girondine. À Lyon, elle encourage la création d’un réseau de sociétés populaires.

Société populaire : réunion de personnes, affiliées à un club ou non.
Girondins : de 1791 à 1793, nom donné à l'un des groupes de députés à l'Assemblée législative et à la Convention. Ils sont appelés ainsi car beaucoup de leurs membres étaient élus de la Gironde. Un de leurs principaux représentants est Jacques-Pierre Brissot.
Club : réunion, assemblée régulière de personnes pour débattre de questions d'actualité et s’informer par la lecture des journaux. C’est un moyen de former les citoyens à l'apprentissage de la vie politique. Il existe des clubs exclusivement masculins ou féminins et des clubs mixtes.
2. Un engagement qui la condamne en 1793
a. Ses idées et principes

Les écrits de Madame Roland permettent de cerner ses positions sur les grandes questions de son temps, source de débats intenses. Elle donne, dans une lettre adressée à Buzot, son avis sur le roi et la monarchie constitutionnelle, après sa fuite de Paris le 20 juin 1791.

Elle est contre le retour du roi aux affaires politiques et pour la suspension de ses pouvoirs en attendant la tenue de son procès. Le roi ayant trahi la Nation, une nouvelle Constitution se doit d’être rédigée, promulguant la République. Cependant, elle est une républicaine modérée, et est l'initiatrice de la politique girondine.

Elle critique la radicalisation de la Révolution par les chefs montagnards et notamment les violences commises au nom de la loi des suspects. Si, dans un premier temps, elle admire Robespierre pour sa droiture d’esprit et son sens du devoir public, à partir de 1793 (année où la Terreur est mise en place) elle le décrit comme accroché au pouvoir et tyrannique. Elle déteste Danton, qu’elle tient pour responsable des massacres de 12 000 détenus dans les prisons en septembre 1792, perpétrés par les Sans Culottes. Elle l’accuse de corruption (détournement de fonds publics).

Loi des suspects : loi votée le 12 août 1793 et élargie par le décret du 17 septembre 1793, qui permet l'arrestation immédiate de toute personne soupçonnée d'être un ennemi de la Révolution. 
Montagnards : À partir de 1792, groupe de députés à la Convention qui s'oppose aux Girondins. Au pouvoir de juin 1793 à juillet 1794, les Montagnards ont pour chef Robespierre.

Elle ne revendique pas une place prépondérante des femmes en politique et s’en tient elle-même au rôle discret d’inspiratrice de la politique girondine. Ainsi, dans ses Mémoires, à propos de ses salons, elle écrit : « je savais quel rôle convenait à mon sexe, et je ne le quittai jamais. Les conférences se tenaient en ma présence sans que j’y prisse aucune part ».

Olympe de Gouges (1748-1793), quant à elle, milite pour la reconnaissance des droits naturels des femmes et leur égalité politique avec les hommes, dans sa Déclaration des Droits de la Femme et du Citoyen.

Pour ces prises de position, Madame Roland et son mari deviennent les ennemis des Montagnards.

b. Le Jugement et l'exécution de Madame Roland

L'exécution du roi le 21 janvier 1793 renforce la coalition des monarchies européennes contre la France. Envahie sur toutes ses frontières et aux prises avec une contre-révolution en Vendée, la République est en danger. Les Sans Culottes obligent la Convention à arrêter 22 députés girondins, jugés incompétents pour résoudre les difficultés, dont Brissot et Jean-Marie Roland, entre le 31 mai et le 2 juin.

Les Montagnards, majoritaires à l’Assemblée, dirigent le pays par l’intermédiaire d’un Comité de Salut Public dont le chef est Robespierre.

Madame Roland, calomniée par la presse montagnarde (Père Duchesne) est arrêtée le 1er juin et emprisonnée à la maison d’arrêt Sainte-Pélagie, où elle rédige ses mémoires.

 

Madame Roland à Sainte-Pélagie, gravure d'après Évariste Carpentier, 1793
© iStock - thepalmer

 

Puis, elle est transférée à la Conciergerie où siège le Tribunal révolutionnaire. La Conciergerie accueille « les suspects », c’est-à-dire toutes les personnes accusées d’actes ou de paroles contre-révolutionnaires, en attente de leur procès. Ainsi, la reine Marie-Antoinette et Olympe de Gouges y sont-elles détenues avant leur exécution.

Madame Roland est jugée et condamnée le 8 novembre 1793 à être guillotinée pour conspiration contre « l’unité et l’indivisibilité de la République, la liberté et la sûreté du peuple français ». Les preuves sont constituées par ses écrits aux Girondins, notamment rédigés lors de son emprisonnement ; elle a obtenu le privilège d’avoir de quoi écrire dans sa cellule. La sentence est exécutée le jour même.

En montant sur l'échafaud, elle se serait écriée : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ».

De nombreuses estampes, représentant le procès et l'exécution de Madame Roland, circulent dans toute l'Europe, contribuant à faire de cette femme une héroïne de la Révolution. La période révolutionnaire favorise la participation des femmes à la vie politique. Mais leur action est limitée par la fermeture de leurs clubs en octobre 1793, décidée par la Convention. Cependant, elles continuent à fréquenter les clubs mixtes, où leur influence est plus modeste.

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