Objectif : connaître les principes fondateurs
ainsi que les auteurs majeurs des grands courants
littéraires du XVIIe siècle.
1. Sa vie, son oeuvre
Né en 1645, Jean de La Bruyère est issu de la
bourgeoisie parisienne. Après de brillantes études,
il devient
avocat au Parlement de Paris, puis
trésorier à Caen. Son expérience de
précepteur auprès du duc de Bourbon lui
ouvre la porte de la haute noblesse et lui permet d'observer de
près la vie de la
cour du
XVII
e siècle.
De son regard et de ses réflexions naissent Les Caractères ou les Moeurs
de ce siècle (1688), dont les
éditions successives (9 éditions revues et
augmentées jusqu'en 1696) démontrent le
succès. La Bruyère ne publie qu'une
autre oeuvre, Dialogues
sur le quiétisme, dans laquelle il
condamne cette théologie mystique. Il est élu
à l'Académie française en 1693,
trois ans avant de mourir d'apoplexie.
2. Présentation des Caractères
ou les Moeurs de ce siècle
Cette oeuvre inclassable est une
collection de
réflexions et une
galerie de portraits ;
ses 16 chapitres sont constitués de fragments
formellement très divers, puisqu'on y relève des
maximes et une multitude de portraits qui oscillent entre analyse
psychologique et anecdote significative.
La Bruyère y apparaît comme un
critique et un moraliste ; il offre au
lecteur un document précieux sur les moeurs de la
fin du règne de Louis XIV. En effet, il peint
toutes les classes de la société, aborde
différents phénomènes sociaux comme le
prouvent ces titres de chapitres aussi variés :
« Du mérite personnel »,
« Des femmes »,
« De la société et
de la conversation »,
« De la mode »,
« De la chaire »,
« De la cour », etc.
3. Les cibles de la critique dans Les Caractères
Dans sa préface, La Bruyère souligne sa
volonté d'exposer au grand jour les vices des
hommes afin qu'ils puissent s'en corriger. Il reprend les
cibles traditionnelles de la critique de son temps. Les
institutions ne sont pas épargnées :
l'Eglise dans le chapitre « De la chaire »,
la monarchie et la cour dans « De la
cour » et « Du souverain et de la
république ».
La Bruyère s'attaque aussi aux riches,
à la haute bourgeoisie et à l'aristocratie avec une
virulence qui traduit l'amertume et l'aigreur d'un
écrivain issu d'un milieu modeste. Enfin, il
dénonce aussi toute forme de corruption
individuelle et souligne l'injustice d'une
société qui réduit le
tiers état à la misère. La
tonalité des Caractères est donc critique et
annonce le vent de contestation qui s'exprime plus
systématiquement au cours du
XVIIIe siècle.
4. L'art du portrait
Le succès et l'intérêt des Caractères reposent aussi sur le
talent de portraitiste de La Bruyère. Son sens de
l'observation, son goût du détail
pittoresque, de l'anecdote, sa capacité à
peindre un personnage en quelques lignes sont remarquables. De
même, les procédés rhétoriques qu'il
emploie, comme par exemple ceux qui créent
l'ironie, font de lui un grand écrivain. Mais
l'originalité de cette galerie de portraits naît de
la dimension universelle qu'il donne aux personnages qu'il
évoque. Chaque personnage décrit est
emblématique d'un caractère, d'un vice. On passe du
personnage singulier à l'homme en
général, du portrait au type.
L'essentiel
Jean de La Bruyère est célèbre pour
son oeuvre Les Caractères. Le talent de
critique et de moraliste de l'auteur s'exprime
dans une série de maximes et de portraits, souvent
ironiques, qui permettent au lecteur d'aujourd'hui de
mieux connaître le siècle de Louis XIV.