Denis Diderot (1713-1784)
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Son inclination le porte tout d'abord à la philosophie : il adapte les oeuvres d'un philosophe anglais, Shaftesbury, publie en 1746 des Pensées philosophiques et, en 1749, un essai très critique envers la religion – Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient – ; ce qui lui vaut quelques mois de prison et qui menace de mettre un terme définitif à la rédaction de sa grande entreprise commencée en 1747, l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.
Mais ce philosophe essayiste est aussi romancier et dramaturge. S'il se divertit en rédigeant, en 1748, un roman libertin, Les Bijoux indiscrets, il consacre son temps, entre 1757 et 1758, au théâtre : ses deux drames, Le Fils naturel ou les Epreuves de la vertu et Le Père de famille, sont accompagnés de textes théoriques qui définissent un nouveau genre dramatique.
Il innove aussi en matière de critique d'art.
Chargé de faire des comptes rendus des salons de
peintures parisiens pour une revue, il donne ses lettres de
noblesse à ce genre littéraire. Tout en
travaillant à l'oeuvre collective de l'Encyclopédie, il poursuit, vers
la fin de sa vie, son oeuvre personnelle de romancier
avec La Religieuse,
publiée en revue (1780-1782) et en volume (posth.,
1796), et Le Neveu
de Rameau, écrit de 1761
à 1774 (posth., 1805), et son oeuvre de
philosophe avec Le Rêve de d'Alembert
(écrit en 1769 et publié en 1782),
sorte de synthèse de ses idées
philosophiques.
Théoricien dramatique, critique d'art,
épistolier, essayiste et romancier, grand initiateur de
l'Encyclopédie
(1751-1772), Diderot est un écrivain éclectique.
S'opposant aux classiques, il souhaite que le
théâtre mette en scène la
réalité et la vérité. Ainsi, il
abandonne la forme versifiée, s'attache au
réalisme du détail et, surtout, fait,
à travers ses pièces, l'éloge de la
vertu en touchant le spectateur par une intrigue
pathétique.
Mais la maladresse dramaturgique et la lourdeur
du message moral éloignent les foules de ses deux
pièces, Le Fils naturel (1757) et
Le Père
de famille (1758). Cela ne l'empêche pas
de rédiger, en 1773, un essai sur le jeu de
l'acteur : dans le Paradoxe
sur le comédien (posth., 1830),
il montre que le talent d'un acteur « consiste non
pas à sentir, comme vous le supposez, mais à
rendre si scrupuleusement les signes extérieurs du
sentiment que vous vous y trompiez ».
Ainsi, Le Neveu de Rameau, roman satirique publié après de nombreux remaniements en 1805, est un court dialogue entre un philosophe – « Moi » – et le neveu du grand musicien de l'époque – « Lui ».
Mais c'est surtout Jacques le Fataliste, publié en 1796, qui rompt avec toutes les traditions : la présence de différents niveaux de narration, de différents genres – roman picaresque et amoureux, essai philosophique – et d'un dialogue entre l'auteur et le lecteur fait de cet ouvrage une oeuvre étonnamment moderne.
La pensée philosophique de Diderot est centrée autour d'un thème privilégié, le corps : pour lui, la matière est un flux perpétuel, non dirigé par une volonté divine, mais soumis aux passions régulées par un grand sens moral. Cette optique matérialiste se double d'une critique religieuse qui reste cependant ambiguë puisque, tout au long de sa vie, Diderot oscille entre théisme et athéisme.
Diderot est une figure centrale et originale du XVIIIe siècle. Il est l'incarnation de l'esprit philosophique des Lumières grâce à l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers dont il dirige la publication, mais il est aussi un écrivain complexe qui touche à tous les genres littéraires et qui ne cesse d'innover, tant dans sa production théâtrale que romanesque et critique.
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